"Comité de suivi et d’évaluation des mesures de soutien financier aux entreprises confrontées à l’épidémie de Covid-19 - Rapport d'étape", France Stratégie, juillet 2021

En 2020, le PIB a décru de 7,9% en France, contre 6,1% en moyenne dans l’UE-27 et 6,5% dans la zone euro. Le PIB a reculé de 8,9% en Italie, de 9,8% au Royaume-Uni et de 10,8% en Espagne, vs 4,8% en Allemagne. Cet écart entre la France et l’Allemagne provient essentiellement du
2éme trimestre 2020 (-11,2% contre – 18,4% en glissement annuel),du fait en partie d’un confinement moins strict outre-Rhin.

À la fin du premier trimestre 2021, la France et l’Allemagne se situent respectivement à -4,7% et -5% de leur niveau de PIB du 4éme trimestre 2019, vs pour l’Italie (-6,4 %), le Royaume-Uni (-8,7%) et l’Espagne (-9,3 %). 

 

De nombreuses similitudes ont pu être observées dans les différents pays :
• La consommation a chuté alors que le revenu des ménages a résisté, ce qui s’est
traduit par une augmentation importante de l’épargne des ménages. En France, cette
épargne est passé de 15,1% à 21,4% du revenu disponible brut en 2020 comme au 1er trimestre 2021.
• L’investissement des entreprises a relativement bien résisté, chutant dans la même
proportion que le PIB.
• L’emploi salarié a encore mieux résisté. En France, à la fin du premier trimestre 2021, l’emploi salarié privé se situe 1,2% en dessous de son niveau du quatrième trimestre 2019, ce qui correspond à 243 000 emplois en moins, mais une baisse aussi de la productivité. les États-Unis ont fait le choix d’un soutien direct aux ménages en laissant l’emploi s’ajuster, si bien que l’emploi salarié non agricole fin 2020 était 6,2% plus faible qu’avant la crise.
• Le taux de marge s’est replié courant 2020, mais s’est ensuite redressé pour retrouver
plus ou moins ses niveaux d’avant-crise. En France, la baisse du taux de marge en 2020 est de 1,5 point par rapport à 2019 (année favorable du fait du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi) ; au 1er trimestre 2021, le taux de marge, stimulé par la baisse des impôts de production et le fonds de solidarité est désormais de 1,5 point au-dessus de son niveau de 2019.
• Dans tous les grands pays européens, la combinaison des prêts garantis par l’État
(PGE), de la baisse des investissements et des dividendes s’est traduite par une
hausse concomitante de l’endettement brut et de la trésorerie. En France, les
sommes mises en jeu par le PGE sont plus élevées qu’ailleurs. Rappelons toutefois que la France se distinguait fin 2019 par un endettement beaucoup plus élevé des sociétés non financières (73% du PIB, contre 63 en Italie, 57 au Royaume-Uni, et 41 en Allemagne).
• Dans l’ensemble des pays étudiés, en 2020 les défaillances d’entreprises ont diminué,
mais de manière plus marquée en France (-39 % en moyenne).
Par ailleurs, les créations d’entreprise ont baissé en 2020 dans les grands pays européens,
sauf en France, où elles ont progressé, portées par les microentrepreneurs.

• S’agissant de la répartition du coût macroéconomique entre les ménages, les administrations publiques et les entreprises, la France se trouve en position médiane entre les grands pays européens où ce coût a été supporté de façon significative par ces trois catégories d’agents (Espagne, Italie), et ceux où il a été entièrement absorbé par les seules administrations publiques (Royaume-Uni, Allemagne). En France, les sociétés non financières ont encaissé un tiers du choc macroéconomique1, les administrations publiques un peu plus de deux tiers, de sorte que les ménages ont vu leur situation s’améliorer légèrement. Toutefois, certaines les jeunes, les indépendants et les ménages les plus modestes sortent de la crise avec une situation financière plus fragile, sans toutefois que la France se singularise par rapport aux autres pays de l’OCDE.

Les mesures de soutien aux entreprises ont été rapidement et fortement mobilisées, et leur composition s’est adaptée à l’évolution de la crise.

Sur les 140Md€ de PGE accordés en juin 2021, près de 90% l’ont été dès la première vague, à fin
septembre 2020 (et même les 3/4 à fin juin 2020). Cette proportion est de 57% pour l’activité partielle (20Md€ sur 35) mais de 21% seulement pour le fonds de solidarité (7Md€ sur 34), qui a été largement étendu à partir de l’automne 2020. 
Au titre d’avril 2021, le fonds de solidarité a représenté 3,4Md€, contre 2,2Md€ au titre de l’activité partielle, 700M€ pour les PGE et 800M€ de reports de cotisations.

Selon la Dares, le taux de recours à l’activité partielle en équivalent temps plein (ETP) aurait connu son point haut (29% des salariés du privé) en avril 2020, pour atteindre 2% en septembre 2020. Depuis le début de la deuxième vague, il oscille entre 5 et 8% (5% en mai 2021 et 8% en novembre 2020) ; au total, en cumulé depuis mars 2020, 3,4Md d’heures (dont
142M en mai 2021) auraient donné droit à indemnisation, correspondant à 35,2 Md€ d’allocations.