L’activité progresserait à un rythme modéré au second semestre 2023 (+0,1% au 3éme trimestre puis +0,2% au 4éme).


"Croissance modeste, sur fond d’incertitudes géopolitiques", Insee, octobre 2023

Une vision plutôt complète pour appréhender la conjoncture et son évolution.

 

Depuis le mois de mai, le climat des affaires en France est revenu peu ou prou à son niveau moyen de longue période, après s’être maintenu au-dessus tout au long de l’année 2022 et plus encore en 2021 au sortir de la crise sanitaire.

L’activité progresserait à un rythme modéré au 2éme semestre 2023 (+0,1% au 3éme trimestre puis +0,2% au 4éme après +0,5% au 2éme trimestre). 

⇒ Une approche pas secteur d’activité

L’activité ralentirait dans l’industrie au 2éme semestre (+0,3% pour la valeur ajoutée au 3éme trimestre, puis +0,4% au 4éme, après +1,6% au 2éme trimestre). 

 

Dans la construction, l’activité est en baisse depuis le début de l’année, à l’instar de la production de logements neufs et de bâtiments non résidentiels, pénalisée par la hausse des taux d’intérêt. Elle reste relativement stable dans l’entretien et amélioration. L’activité dans la construction reculerait à nouveau au second semestre (-1% au 3éme trimestre puis -0,6% au 4éme).

 

Dans les services, l’activité ralentirait au second semestre (+0,2% au 3éme trimestre puis +0,3 % enfin d’année, après +0,6% au 2éme trimestre).

 

Les HCR : après un fléchissement en début d’année dans le contexte des mouvements sociaux de mars puis un rebond au 2éme trimestre, l’indicateur mensuel d’activité indique un repli au mois de juillet. L’activité ralentirait globalement au 2éme semestre, malgré un possible soutien ponctuel en fin d’été du fait de la Coupe du monde de rugby.

Conjoncture de L’emploi :

Les créations d’emploi marqueraient le pas, après déjà un net ralentissement au 2éme trimestre (+0,1% entre fin mars et fin juin 2023, soit 21 000 emplois nets créés, après +102 000 au 1er trimestre). 

Au total, entre fin 2019 et mi-2023, environ 1,3 million d’emplois salariés ont été créés, dont un tiers en contrats d’alternance. Au second semestre, la productivité se redresserait de nouveau légèrement, et le nombre de personnes en contrats d’alternance se stabiliserait, après trois ans de forte progression ; l’emploi resterait globalement stable entre fin juin et fin décembre.

 

La population active, de son côté, continuerait de progresser, bien que modérément, soutenue en fin d’année par les premiers effets de la réforme des retraites. Au second semestre 2023, le taux de chômage se relèverait légèrement, à 7,3% de la population active, après s’être situé depuis près d’un an autour de 7,1-7,2%, soit son niveau le plus bas depuis 1982.  

⇒ Inflation et pouvoir d’achat

En moyenne annuelle, l’inflation d’ensemble atteindrait +5% sur un an en 2023 et l’inflation sous-jacente +5,2%.

 

Les revenus d’activité seraient dynamiques, soutenus par la progression des salaires et dans une moindre mesure par celle de l’emploi salarié. Les revenus de la propriété seraient également en forte augmentation, portés par le dynamisme des dividendes et la hausse des intérêts reçus (dépôts bancaires, assurance-vie) dans le contexte de relèvement des taux interbancaires. 

 

Par ailleurs, les prestations sociales seraient en hausse : la plupart (pensions de retraites, minima sociaux, …) progressent en 2023 en lien avec l’inflation, compte tenu des mécanismes d’indexation. Elles seraient également soutenues par des mesures d’aides spécifiques, comme le versement de l’indemnité carburant en début d’année.

 

Au total, le revenu des ménages progresserait plus vite que le déflateur de la consommation en 2023 (+7,8% contre +6,6%). Le pouvoir d’achat serait ainsi en hausse (+1,2%).

⇒ La consommation des ménages et les modifications de leurs habitudes d’achat

♦ La consommation des ménages

-Après son léger rebond en début d’année, la consommation des ménages a reculé au 2éme trimestre (-0,5%). Les dépenses des touristes français à l’étranger ont également diminué au printemps tandis que dans les services, la consommation des ménages a été plus dynamique qu’en début d’année (huasse dans ls HCR).
Au 3éme trimestre, la consommation aurait rebondi (+0,4%) et elle continuerait de progresser en fin d’année (+0,2%).

En lien avec le ralentissement des prix à la consommation dans l’alimentaire, les achats de produits alimentaires se sont nettement redressés en juin. 

 

-En fin d’année, la consommation poursuivrait sa reprise, dans un contexte de prix à la consommation moins dynamiques et de gains de pouvoir d’achat. En particulier, les achats de biens, et notamment de produits alimentaires, progresseraient à nouveau. La hausse modérée de la consommation conduirait cependant le taux d’épargne des ménages à rester globalement stable au cours du 2éme semestre, à un niveau très au-dessus du niveau d’avant la crise sanitaire (18,9% prévu en fin d’année).

 

-L’investissement des ménages poursuivrait son recul entamé à l’été 2022, du fait de la baisse de la construction de logements neufs et du recul des transactions immobilières dans le neuf et l’ancien, et ce malgré une progression modérée des travaux de gros entretien.

 

♦ 73% (68% en décembre 2022) des ménages déclarent avoir modifié leurs habitudes de consommation depuis un an du fait de l’inflation :

-51% pour les dépenses d’énergie du logement (le chauffage, la cuisson ou la lumière…),

-puis 47% (37% en décembre 2022) pour l’alimentation où les modifications d’habitudes passent par des changements de gamme dans les produits achetés ou une diversification des magasins, et une réductions des quantités consommées (17%),

-31% s’agissant des déplacements ou de l’habillement, 

-Enfin, en septembre, les ménages ont aussi été interrogés sur leur consommation pendant les congés d’été 2023 : 30% déclarent ainsi avoir modifié leurs habitudes en prenant moins de vacances ou en changeant de mode de transport ou de type de logement. Cette part est voisine de celle des ménages qui déclaraient, fin 2022, modifier leurs achats pour les fêtes de fin d’année du fait de l’inflation (27%). 

⇒ Le taux de marge des entreprises

♦ Au 2éme trimestre 2023, le taux de marge des entreprises a rebondi, à 33,2% de leur valeur ajoutée après 31,7% en début d’année. Il résulte notamment des gains de productivité réalisés au 2éme trimestre et d’un coût du travail un peu moins dynamique que les prix de consommation.  Il se situerait à près de 33% en moyenne sur l’année 2023, au-dessus de celui de 2018 (31,6%), avant la crise sanitaire.

 

♦ Malgré le niveau relativement élevé de leur taux de marge, les entreprises sont confrontées à un contexte de renchérissement du capital, du fait de la hausse des taux d’intérêt, qui pèse sur les décisions d’investissement. L’investissement en construction est aussi en recul. Les entreprises atténueraient également le rythme de leurs achats de services, particulièrement soutenu en 2021 et 2022 et même encore au 1er semestre 2023, mais reculerait au 4éme trimestre.

Face au contexte énergétique du moment, les entreprises industrielles déclarent en septembre 2023 réagir davantage en comprimant leurs marges qu’en augmentant leurs prix de vente.

⇒ Les exportations

Au 2éme trimestre 2023, les exportations ont été particulièrement dynamiques, soutenues par d’importantes livraisons aéronautiques, navales, et automobiles, et par une forte progression des dépenses des touristes étrangers en France. Ces mouvements étant en grande partie ponctuels, il y aura repli des exportations au 3eme trimestre, dans un contexte de commerce mondial peu dynamique par ailleurs. En revanche, de nouvelles livraisons aéronautiques et navales sont prévues pour la fin d’année et feraient rebondir nettement les exportations au 4éme trimestre.

 

Sur l’ensemble de l’année 2023, la croissance du PIB serait ainsi de 0,9% (après +2,5% en 2022) et en 2024 de l’ordre de +0,4%.

 

⇒ L’inflation dans les principaux pays européens : quelques éléments de comparaison.

Depuis le début du 2éme trimestre 2023, l’inflation a globalement poursuivi son mouvement à la baisse dans les principaux pays européens.

Les prix à la consommation des produits alimentaires ont continué d’augmenter mais à un rythme moindre qu’un an plus tôt. 
Hors énergie et alimentation, l’inflation a évolué ces derniers mois de manière contrastée selon les pays : à la hausse en Allemagne où elle a atteint en juillet le point haut de 6% sur un an ; en hausse en Espagne et en léger repli au Royaume-Uni après le niveau très élevé de plus de 7% sur un an en mai ; à la baisse en Italie. 

 

Pour en savoir davantage : https://www.insee.fr/fr/statistiques/7704067