2018 a connu prés de 700 000 créations d’entreprises, dont 45% sous forme d’autoentrepreneurs


Analyse des données brutes sur la création d'entreprises à partir du fichier Siren de l'Insee, par André Letowski

Au cours de 2018, 691 283 entreprises ont été immatriculées, dont 29% sous forme de société, 26% d’entreprise individuelle hors autoentrepreneur et 45% comme autoentrepreneur.

Ce chiffre est quasiment juste; en effet l’Insee réajuste chaque mois les données des 3 derniers mois, du fait de retards administratifs (du fait des immatriculés ou de l’Insee); ce réajustement est toutefois très modeste.

 

Au regard de 2017, la progression globale est de 16,9% (100 000 immatriculations en plus); cette progression est de 27,5% pour les autoentrepreneurs (+66 500 immatriculations), de 20% pour les autres entreprises individuelles (+30 000 immatriculations), alors que la création en société fait peu recette (une progression de 1,6% et + 3 200 immatriculations).

Si la progression du nombre d’autoentrepreneurs est flatteuse, il faut rappeler que l’immatriculation sous forme d’autoentrepreneur diffère grandement des autres immatriculations :

*prés de 40% d’entre elles ne feront jamais de recettes et seront radiées parce qu’elles n’ont pas produit de recettes pendant 8 trimestres consécutifs, une situation plus que rare pour les autres types d’immatriculés, tenus d’honorer le plus souvent des charges sociales minimales, même avec un faible bénéfice et donc la nécessité de produire des recettes.

*Prés de la moitié ont recours à l’autoentrepreneuriat pour exercer une activité secondaire en complément d’une activité principale.

*Les recettes moyennes sont de l’ordre de 10 000€ annuels, desquels il faut déduire les charges sociales (12,9% des recettes pour ceux qui revendent des marchandises, et 22% pour les prestataires de service), ce qui laisse, à titre d’illustration, un revenu moyen mensuel de l’ordre de 650€ pour un prestataire de services.

*Qui plus est, la possibilité de déduire des dépenses du type frais généraux ou investissements, est négligeable (de l’ordre de 12% du chiffre d’affaires pour une profession libérale, soit 1 200€ annuels).

Comparée aux 4 années antérieures (2018 au regard de 2013-2016), la progression du nombre de création est de 27,5%, dont 52% pour les entreprises individuelles hors autoentrepreneurs, 23% pour les autoentrepreneurs et 17% pour les sociétés (dont la majorité correspond à des sociétés unipersonnelles).

 

Les autoentrepreneurs ont connu une forte montée en puissance au cours des 1éres années de leur instauration (en 2009-2010), puis ensuite une stagnation ou baisse (entre 2011 et 2017), avant de retrouver en 2018 une nette hausse, sans doute du fait d’une conjoncture plus favorable; alors que les créations classiques (sociétés et autres entreprises individuelles), après une stagnation entre 2009 et 2014, n’ont cessé ensuite de progresser :

En ce qui concerne l’évolution en 2018 ?

 

Le dernier quadrimestre 2018 manifeste un ralentissement dans le flux des créations, au regard du 1er semestre 2018, à l’image de la dynamique de l’économie : le 1er semestre avait connu une progression de 18,6% du nombre global des créations de la même période en 2017 vs 13,7 pour les 4 derniers mois 2018 (comparés aux 4 derniers mois de 2017); la progression avait été plus sensible chez les autoentrepreneurs (+30%, et tout de même fort favorable lors des 4 derniers mois avec +23,3%); par contre les entreprises individuelles autres ont moins progressé (+26,5% pour le 1er semestre vs +9,6 pour les 4 derniers mois); les sociétés connaissent le statut quo (-0,1% pour le 1er semestre vs +3,5% pour les 4 derniers mois).

Au regard des activités, une double approche :

 

Un regard global sur l’évolution des secteurs d’activité quelle que soit la forme de création :

Les immatriculations par activité, les services connaissent des évolutions favorables tant du coté entreprises classiques qu’autoentrepreneurs; par ordre, du plus au moins favorable, on trouve : le secteur des transports avec une  très forte progression (ubérisation avec les VTC et les livraisons de colis et repas à domicile), suivi par l’immobilier (l’effet reprise économique, achats des ménages, les taux bas d’interêt), les services aux entreprises, les services de communication et de d’informatique et les services aux particuliers.

Deux exceptions :

*d’une part la santé/éducation qui connait une relative stabilité, et une évolution récente moins favorable que par le passé pour les autoentrepreneurs (une approche alors nouvelle parce qu’elle donne possibilité de très petites recettes aux paramédicaux).

*d’autre part les activités de finance et d’assurance, plutôt stables mais en progression du coté autoentrepreneurs (mais avec un taux d’autoentrepreneuriat faible).

Les autres secteurs évoluent favorablement du coté entreprise classiques mais chutent nettement, voire au mieux se stabilisent, en ce qui concerne les autoentrepreneurs.

 

⇒ Une observation par forme de création différenciée :

*Les créations classiques sont focalisées à la fois dans le commerce (27% avec les HCR), les services aux entreprises (22% avec l’information/informatique), et la construction (14%), soit quasiment les 2/3 des activités.

Les évolutions sont nettement favorables, notamment au regard des années 2013-2016, puis pour 5 d’entre elles, plus modestes en 2017/2018  (notamment les activités commerce/HCR et santé/éducation).

*Les autoentrepreneurs sont d’abord le fait des services :  ceux aux entreprises (37% avec l’information/informatique), les transports/livraisons à domicile (14%), la santé/éducation (14%), et les services aux particuliers totalisant 78% des créations autoentrepreneurs.

De fait en 2018, le recours à l’autoentrepreneuriat s’est stabilisé au fil du temps avec des secteurs très utilisateurs de cette forme, à savoir les services (entre 57 et 61% des créations du secteur sous forme d’autoentrepreneurs) et par ailleurs les activités au faible recours, que sont :

le commerce et les HCR, la construction, l’industrie; ces activités exigent des investissements conséquents et des frais d’exploitation élevés (notamment la fréquente nécessité de main d’œuvre dont les charges sont peu prenables en compte, tel que le régime de l’autoentrepreneuriat a été défini), conduisant à la baisse des autoentrepreneurs suite à l’engouement du départ,

les activités immobilières, financières et d’assurance qui exigent le respect de dispositions légales peu compatibles avec l’autoentrepreneuriat (ce qui n’empêche pas d’adapter certains activités à l’autoentrepreneuriat tel le courtage indépendant pour l’immobilier en lien avec une agence immobilière)