Quel vécu pendant le covid ?


"Conditions de vie pendant le confinement : des écarts selon le niveau de vie et la catégorie socioprofessionnelle ", Insee focus N°197, juin 2020

Une enquête qui confirme ce que nous pressentons, ayant l’intérêt de chiffrer pour permettre une vision globale.

⇒ La répartition des temps de travail pendant le covid

Le confinement sanitaire lié à l’épidémie de Covid-19 a duré près de deux mois (du 17 mars au 11 mai 2020), et a profondément modifié les conditions de vie. Un tiers des personnes en emploi a subi une restriction d’activité susceptible de réduire le revenu du travail (27% une période de chômage technique ou partiel. 34% ont télétravaillé, 35 % ont continué à se rendre sur leur lieu de travail).

20% ont dû poser des congés obligatoires sur la période; 8% ont déclaré un arrêt de travail ou une autorisation spéciale d’absence pour garde d’enfant; 1% ont vu leur contrat de travail non renouvelé.

 

Les ouvriers ont été les plus concernés par l’une au moins de ces restrictions (43%), devant les cadres et professions intermédiaires (34%) ou les employés (32%).

⇒ Le télétravail

Le fait d’avoir télétravaillé est très lié à la catégorie sociale : 58% des cadres et professions intermédiaires ont télétravaillé, contre 20% des employés et 2% des ouvriers. 21% des personnes les plus modestes ont télétravaillé pendant le confinement contre 53% des plus aisés : à l’inverse, les personnes les plus modestes ont davantage continué à aller travailler sur site; c’est le cas des ouvriers (53%), devant les employés (41%), agriculteurs, chefs d’entreprise et indépendants (40%), les cadres et professions intermédiaires étant nettement en retrait (21%).

⇒ Les sorties du domicile et la gestion du temps

Plus des 2/3 des personnes sont sorties moins d’une fois par jour (dont 23% moins d’une fois par semaine, 32% 1 à 2 fois par semaine, 14 % 3 à 5 fois par semaine, 20% une fois par jour) ; 6% sont sorties 2 fois par jour et 4% plus de 3 fois par jour, la quasi-totalité (97%) l’ayant fait pour à se rendre sur leur lieu de travail.

 

Le temps passé sur écran a été important : 30% ont passé en moyenne plus de 4 heures par jour sur écran hors réseaux sociaux, 36% entre 2 et 4 heures. Le temps passé sur les réseaux sociaux est nettement plus réduit : 32% ne les ont jamais consultés, 34% y ont consacré moins d’une heure par jour, 14% plus de 2 heures.

⇒ La prise en charge des enfants a été davantage assurée par les femmes :

83% des femmes vivant avec des enfants y ont consacré plus de 4 heures par jour (vs 57% des hommes) et 6% entre 2 et 4 heures par jour (19% des hommes). Parmi les personnes en emploi, les mères ont deux fois plus souvent que les pères renoncé à travailler pour garder leurs enfants (21 % contre 12 %).

De façon encore plus marquée, parmi les personnes en emploi qui n’ont pas été en autorisation spéciale d’absence pour garde d’enfant, 80% des femmes passaient plus de 4 heures quotidiennement auprès des enfants (contre 52% des hommes) et 45% assuraient une « double journée » professionnelle et domestique, cumulant quotidiennement plus de 4 heures de travail et 4 heures auprès des enfants, contre 29% des hommes.

 

35% des personnes ayant des enfants ont eu des difficultés pour assurer leur suivi scolaire. Cette difficulté est très corrélée au niveau de vie et touche nettement plus les plus modestes ; elle est plus souvent ressentie par les femmes (41% contre 28% des hommes), notamment en emploi (38% des femmes en emploi rapportent cette difficulté contre 29% des hommes), et les familles monoparentales (48% contre 34% pour les autres types de ménages).

 

20% des personnes estiment que la situation financière de leur foyer s’est dégradée durant le confinement, 72% qu’elle n’a pas changé et 7% qu’elle s’est améliorée. Les personnes les plus modestes déclarent plus souvent que leur situation financière s’est dégradée. Parmi les personnes en emploi, les indépendants ont deux fois plus souvent rapporté une dégradation de leur revenu que les salariés (42% contre 22).

⇒ Les personnes seules ont été plus affectées

Lorsque l’on demande aux répondants à quel point la période de confinement leur a paru pénible (sur une échelle de 0, pas du tout pénible, à 10, extrêmement pénible), la moyenne s’établit à 4,7 (27% donnent une note supérieure ou égale à 7 et 35% une note inférieure ou égale à 3).

 

Le fait de déclarer avoir trouvé le confinement pénible (note supérieure ou égale à 7) est plus fréquent parmi les personnes seules (31%), les familles monoparentales (29%) ou les ménages regroupant plusieurs familles ou générations (« ménages complexes », 30%) que parmi les couples avec enfants (24%) ou sans enfant (24%).

 

Les retraités ont plus mal vécu la période (30%), que les personnes en emploi (25%) et les chômeurs (24%). Les écarts sont marqués selon le niveau de vie : 37% des personnes les plus modestes jugent le confinement pénible contre 17% pour les plus aisées.

 

Pour les personnes en emploi, ayant subi une restriction d’activité, le confinement a été jugé plus pénible (29% vs 23).

 

Les femmes expriment globalement un sentiment de pénibilité légèrement plus marqué que les hommes (4,8 en moyenne contre 4,5). Cet écart de perception entre les sexes s’accentue nettement lorsque des enfants étaient présents durant le confinement (5,0 pour les femmes contre 4,4 pour les hommes), en particulier pour les personnes en emploi ayant des enfants (5,1 contre 4,3).

 

Pour en savoir davantage : https://www.insee.fr/fr/statistiques/4513259