Epargne des Français : la prudence plutôt que le risque du rendement elevé.


" Patrimoine des Français : une épargne de précaution avant tout", CEPREMAP, note 2015/16, juillet 2025

Sources :  l’enquête INSEE Statistiques sur les Ressources et les Conditions de Vie (SRCV), et l’enquête Pat€r (Patrimoine et préférences vis-à-vis du Temps et du Risque). 

L’Observatoire du bien-être au CEPREMAP réunit des chercheurs de différentes institutions, travaillant sur la relation entre revenus, éducation, santé et bien-être, et l’évolution du bien-être au cours de la vie. 

 

D’ailleurs les placements des Français sont localisés prioritairement d’une part dans les livrets d’épargne ou de l’assurance vie peu rémunérateurs et d’autre part dans leur résidence.

⇒ Quels sont les placements des Français ?

– Les ménages Français détiennent majoritairement des livrets d’épargne : en 2024, 87% des foyers en possèdent au moins un, le plus répandu étant le Livret A,

L’assurance-vie est détenue par 42% des ménages (contrats monosupports, investis dans des fonds en euros avec une garantie du capital, et les contrats multisupports, qui permettent d’investir sur des actifs plus dynamique et plus risqués).
– Les produits d’épargne logement, tels que le Plan d’Épargne Logement (PEL) ou le Compte Épargne Logement (CEL), sont détenus par 27% des ménages ; ces placements sont sécurisés, mais leur rendement limité et leur souplesse d’utilisation réduite.

Les valeurs mobilières, telles que les actions ou les obligations, sont détenues 17,4% des ménages ;  ce type de placement est plus exposé aux fluctuations du marché et donc plus risqué.
– Enfin, l’immobilier pour 65% des ménages. 

⇒ Par qui ce patrimoine est-il détenu ?

Globalement, les ménages très dotés en patrimoine sont plus âgés et ont plus souvent hérité.

 

– Certains produits d’épargne, comme les livrets réglementés, sont largement diffusés dans l’ensemble de la population. Ils sont détenus par près de 60% des ménages les moins dotés, et 90% chez les plus riches. La détention de l’épargne logement, est moins répandue et augmente légèrement avec le niveau de patrimoine. Celle de produits d’assurance-vie passe de moins de 25% à près de 80% selon les niveaux de patrimoine. 

 

– Le patrimoine immobilier tend à croître avec le revenu, mais il est aussi largement issu de transmissions. Il n’est donc pas rare de trouver des ménages aux revenus modestes mais disposant d’un patrimoine immobilier important. Ce patrimoine se constitue progressivement, avec le temps, à mesure que les ressources s’accumulent et que les transmissions se produisent.

À l’inverse, le patrimoine financier est plus directement corrélé au niveau de revenu. Il augmente avec les ressources disponibles et se diversifie chez les ménages les plus aisés.

⇒ Patrimoine et bien-être.

L’épargne récente (réalisée au cours des 12 derniers mois), ainsi que la détention de livrets réglementés ou de produits d’épargne logement, sont fortement associées au bien-être subjectif, notamment chez les ménages les plus modestes. Ces formes d’épargne, accessibles et sans risque, représentent pour eux une source importante de stabilité ressentie.

Le lien avec le bien-être et la sécurité décroît nettement à mesure que le patrimoine augmente. À l’inverse, cet effet tend à s’estomper chez les plus aisés, qui disposent déjà d’un patrimoine plus diversifié et dépendent moins d’une épargne immédiatement mobilisable.

 

En revanche, les produits plus complexes (comme l’assurance vie ou les valeurs mobilières) exercent un effet limité, voire nul, sur la satisfaction de vie. Ils participent surtout à la diversification du patrimoine des plus aisés, sans influer directement sur leur sentiment de bien-être.

La propriété de la résidence principale exerce un effet globalement positif sur le bien-être, surtout pour les propriétaires accédants. S’agissant des autres biens immobiliers, l’association avec le bien-être apparaît plus ambivalente (ces biens sont peu liquides et coûteux à entretenir). En revanche, chez les ménages les plus aisés, cet effet négatif disparaît au profit d’un logique de diversification patrimoniale.

⇒ Les préférences des épargnants.

Une très grande prudence domine les attitudes des enquêtés vis-à-vis du risque : sur une échelle de 0 à 10 (où 0 correspond à une aversion maximale au risque), près de 70% des répondants se positionnent entre 0 et 4.

 

Ce souci de sécurité se confirme dans les critères de choix des produits financiers : la liquidité est une priorité pour 51% des ménages, loin devant la sécurité (17%) et la rentabilité (15%). Par ailleurs, la culture financière des Français reste limitée : seuls 23% estiment avoir une culture financière moyenne ou élevée, tandis que 22% la jugent inexistante. Près de la moitié des personnes interrogées ne savent pas si les dépôts à vue sont des actifs risqués, et 25% estiment à tort que les fonds en euros des assurances vie le sont. L’immobilier, en revanche, est largement perçu comme un placement peu risqué.

 

Le patrimoine, et en particulier l’épargne, est perçu avant tout comme une réserve de sécurité qui joue le rôle d’un filet protecteur, mobilisable en cas d’imprévu. L’idée de constituer un patrimoine dans une perspective de transmission n’apparaît que dans un second temps.

 

Pour en savoir davantage : https://www.cepremap.fr/depot/2025/07/2025-16-Patrimoine.pdf