Une baisse de la sensibilité des Français à l’écologie.


"Environnement et climat : opinions des Français en 2024", Ministère de l'aménagement du territoire, transition écologique, juin 2025

Méthodologie : le Baromètre Écologie Environnement (BEE) du panel Elipss est une étude longitudinale via un panel mis en place en 2012 par le Centre des données socio-politiques (CDSP) de Sciences Po. Depuis 2023, une enquête annuelle s’intéresse plus particulièrement aux attitudes, opinions et pratiques des Français à l’égard des enjeux environnementaux.
Collectée sur internet du 3 au 30 octobre 2024, la seconde édition du baromètre a permis d’interroger 1 882 enquêtés, dont 1 740 avaient déjà participé à l’édition précédente en décembre 2023.

 

Les Français se disent prêts à suivre le gouvernement sur des mesures pour maintenir l’environnement, hésitants sur l’impact en direction de leur pouvoir d’achat et pourvu que cela ne touche pas à leur mobilité automobile.

 

La hiérarchie des sujets d’inquiétude en matière environnementale place, pour la 1ére fois en 2024, les catastrophes naturelles (22% 52 pour 3 choix cumulés), devant le changement climatique (18% et 51), les pollutions (16% mais 56), l’épuisement des ressources (16%, et 46), et l’érosion de la biodiversité (12% et 47).

⇒ Des opinions plus nuancées sur le climat. 

♦ 81% des Français sont (tout à fait ou plutôt d’accord) avec l’idée selon laquelle le Gouvernement doit suivre les recommandations scientifiques, mais la part des enquêtés étant « tout à fait d’accord » baisse (21%, soit 2 points de moins qu’en 2023).

 

♦ Et la part des enquêtés jugeant que les politiques climatiques ne vont pas assez loin a nettement régressé entre 2023 et 2024 (de 42% à 29). Mais, la proportion de Français estimant que ces politiques vont au contraire trop loin a aussi baissé (de 7% à 4). Les moins diplômés ont 2 fois plus tendance à considérer que les politiques climatiques vont déjà trop loin.

 

La part des personnes les moins convaincues par le caractère inéluctable du changement climatique baisse également (15%, soit 6 points de moins qu’en 2023).

 

La part des enquêtés estimant que le progrès scientifique et technique résoudra les problèmes environnementaux contemporains progresse (47%, soit 9 points de plus que l’année précédente. Les citoyens compteraient de plus en plus sur les solutions technologiques et moins au verdissement des pratiques individuelles et collectives.
Cette opinion se retrouve plus fréquemment chez les enquêtés dont le niveau de vie est le plus élevé (54%, soit 16 points de plus que chez ceux ayant un faible niveau de vie), chez les 56-65 ans (54%, contre 42 des 36-45 ans) et chez les hommes (52%, contre 44% des femmes).

 

♦ Cependant, face à des changements climatiques souvent perçus comme inéluctables, 28% des Français jugent que l’heure n’est plus aux politiques d’atténuation et qu’il faut désormais prioriser les politiques d’adaptation. C’est particulièrement le cas chez les moins diplômés (36%, soit 20 points de plus que chez les diplômés du supérieur), les ouvriers (34%, contre 18%) et les 65 ans et plus (32%), contre 17 les 35 ans et moins.

⇒ Une large part des Français estime que le changement a d’ores et déjà des effets dans leur vie quotidienne. 

– Sur ce sujet, la polarisation des opinions renvoie en premier lieu à des considérations idéologiques : les enquêtés se situant le plus à gauche ont nettement plus tendance à déclarer qu’ils ressentent les effets du changement climatique dans leur vie quotidienne (59%) et dans leur vie professionnelle (39%). Alors que les enquêtés se situant plus à droite ont plus tendance que les autres à penser que le changement climatique n’aura pas de conséquences pour eux dans leur quotidien (10%, contre 5 en moyenne) ou dans leur activité professionnelle (26%, soit 8 points de plus que la moyenne).

 

– De manière générale, les enquêtés ayant un niveau d’études élevé et les moins de 36 ans semblent plus sensibles aux conséquences du changement climatique dans leur vie que les personnes peu ou pas diplômées et les 56-65 ans.

 

– Si une majorité des travailleurs estime que le changement climatique va avoir des effets sur leur vie professionnelle, un actif sur cinq estime que son activité professionnelle ne contribue pas du tout à l’accroissement de l’effet de serre. Par ailleurs, la part de ceux jugeant que leur activité professionnelle a un impact sur le changement climatique a baissé, passant de 40% en 2023 à 32% en 2024.

⇒ Interrogés sur différentes façons d’agir pour protéger l’environnement et lutter contre le changement climatique,

♦ Les enquêtés semblent globalement bien disposés vis-à-vis de ces modalités d’action publique, à l’exception de celles touchant à l’automobile :

– En 1er lieu, la lutte contre l’artificialisation des sols (39% trés souhaitable), le renforcement des normes agricoles (38), le subventionnement accru des billets des transports publics (36),

– Et de façon plus modeste une augmentation des taxes sur les billets d’avion (26), le développement de l’offre d’électricité décarbonée avec le nucléaire (21) et l’éolien (18), l’accroissement de la part des menus végétariens et bios dans la restauration collective (21) l’obligation faite aux propriétaires de procéder à la rénovation énergétique des logements en location (17),

– Et moins encore augmenter la taxe sur les énergies fossiles (11) Interdire la vente de voitures neuves à essence ou diesel d’ici 2035 (11).

 

♦ En revanche, ils se montrent plus réticents à l’égard des mesures qui touchent à la mobilité automobile, ces mesures les concernant souvent très directement (83% des ménages disposent d’une voiture en 2022). Une majorité ne souhaite pas que la vente de voitures thermiques neuves soit interdite à compter de 2035 ; de même, la moitié ne veut pas que l’accès des centres-villes soit limité aux véhicules électriques ou hybrides.

L’interdiction de la vente de voitures thermiques en 2035 est négativement perçue par 72% des ruraux (soit 23 points de plus que dans l’agglomération parisienne).

 

♦ Le positionnement politique des enquêtés et leur âge semblent influer sur la propension à s’opposer aux mesures : 18% des personnes déclarant se situer très à droite s’opposent à plus de 3 des mesures mentionnées (3 fois plus que ceux se positionnant très à gauche).
Les enquêtés les plus à gauche sont ainsi 2 fois plus nombreux à juger souhaitable la construction de nombreuses éoliennes, alors que les enquêtés se situant très à droite soutiennent 2 fois plus fréquemment le développement du nucléaire.

 

Cette opposition s’observe dans une moindre mesure entre les 36-45 ans (plus favorables à l’éolien) et les enquêtés les plus âgés (davantage défenseurs du nucléaire).
Les plus âgés sont plus favorables à la taxation accrue des billets d’avion, que les 35 ans ou moins. Même décalage entre les habitants des petites agglomérations (68% d’opinions favorables) et ceux de la région parisienne (54%). 

⇒ Et l’impact sur le pouvoirs d’achat ?

Une part croissante de Français s’inquiète des impacts négatifs que les mesures mises en œuvre pour lutter contre le changement climatique pourraient avoir sur leur pouvoir d’achat (67% jugent cela probable, soit 4 points de plus qu’en 2023).

39% ((+8 points) estiment que ces mesures pourraient nuire à l’économie française ou à leur mode de vie (34 %, + 3 points).

Dans une moindre mesure, 16% des Français craignent que cela mette leur travail en danger.

Toutefois, plus de la moitié des enquêtés pensent que la protection de l’environnement doit primer, même si cela peut avoir un impact sur leur pouvoir d’achat. Toutefois, un Français sur cinq considère qu’il est préférable de défendre le pouvoir d’achat des Français, même si cela ne protège pas suffisamment l’environnement ; les ménages les plus précaires sont 31% à donner la priorité au pouvoir d’achat, contre 12% des foyers les plus favorisés.

⇒ Sont-ils anxieux ?

Environ 11% des enquêtés font état de « symptômes éco-anxieux », dont  3% très fortement. L’écoanxiété concerne les Français de tous âges même si les 36-45 ans se déclarent un peu plus anxieux que la moyenne (15%, 5 ayant un niveau d’anxiété très fort). vs 11% (dont trés 2), les moins de 30 ans et 9% les 65 ans et plus (dont trés 2).

 

Les dommages subis par l’environnement et l’impact de nos modes de vie sur la planète sont les sujets suscitant le plus d’éco-anxiété : respectivement 17% et 16  des enquêtés se déclarent préoccupés « toujours » ou « plus de la moitié du temps » par ces sujets. 13% s’inquiètent beaucoup de leur responsabilité personnelle dans la résolution des problèmes environnementaux actuels et 13% pour ceux des problèmes environnementaux futurs.

 

Les jeunes sont plus fréquemment inquiets de l’impact de leurs comportements et de leurs modes de vie sur l’environnement. Les plus âgés mentionnent davantage comme sources d’anxiété les dommages subis et les catastrophes passées, ainsi que celles qui risquent de survenir.

 

Pour en savoir davantage : https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/environnement-et-climat-opinions-des-francais-en-2024