En 2014, 2,3Md€ de dons ont été déclarés à l’administration fiscale


"La philanthropie dans les territoires : Volumes, tendances, réseaux et acteurs : quelles spécificités territoriales en matière de philanthropie ?",Observatoire Fondation de France,, avril 2016

Source : Les données permettant de cartographier le don et la philanthropie sur le territoire français relèvent de trois grandes catégories d’indicateurs : • Les dons (données de l’administration fiscale) : proportion de foyers fiscaux donateurs et montant des dons déclarés, à partir desquels on peut établir le don moyen et les montants totaux par département ou région. • Les fondations (données INSEE et Observatoire de la Fondation de France) : nombre, densité, poids économique, statut, objet et fondateurs. • La richesse disponible, déterminant un potentiel de développement philanthropique (revenu médian, données ISF fournies par l’administration fiscale, liste des Fortunes 500 établie par le magazine Challenges…).    

 

En 2014, 2,3Md€ de dons ont été déclarés à l’administration fiscale par les Français au titre de l’année 2013 : près de 5,7 millions de foyers fiscaux imposables se sont ainsi manifestés comme donateurs à une cause d’intérêt général, soit 15,7% des foyers fiscaux.

 

Le secteur des fondations, quant à lui, comptait 2 213 fondations actives fin 2014, qui représentent un volume d’actifs financiers dédiés de près de 22Md€, à quoi il faut ajouter plus de 1 800 fonds de dotation.  

l’Ile-de-France compte plus d’un cinquième des donateurs français (proportion un peu supérieure à celle de la population de la région capitale dans la population française).

 

Avec un don moyen de 653 euros par an, contre 348 euros dans le reste du territoire, le volume total des dons drainés par Paris et sa région s’élève à 33% du montant total des dons français. 66% des fondations françaises sont enregistrées en Ile-de-France, regroupant 72% des actifs de la philanthropie nationale.

 

Les cinq régions dans lesquelles les particuliers sont les plus nombreux à se mobiliser sont l’Alsace, la Franche-Comté, la région Rhône-Alpes, la Bretagne et l’Ile-de-France. Les cinq régions dont les habitants sont les moins enclins au don sont la Corse, la Picardie, le Nord-Pas-de-Calais, la région Provence-Alpes-Côte d’Azur et le Languedoc-Roussillon.

 

Des facteurs sociaux et culturels expliquent la propension au don : les grandes agglomérations françaises ne jouent pas un rôle de moteur dans le geste de don; de même, ce ne sont pas les espaces où se situent les plus hauts niveaux de revenus, où l’acte de don est le plus répandu. Constat est par ailleurs fait que les comportements de don sont fortement ancrés dans les territoires et les mentalités; elles ne changent guère dans le tempsConstat est aussi fait que le don apparaît comme la traduction sociale, moderne et souvent désacralisée, de la tradition de charité chrétienne; dans le même temps, là où les services de l’Etat sont moins présents, le geste de don est plus fréquent.  

 

La ventilation des donateurs par tranches d’âge montre la forte proportion de personnes âgées au sein de la population donatrice : 53% des donateurs ont plus de 60 ans (ils 23% de la population), et la tranche des plus de 70 ans est la plus représentée parmi les donateurs (31,4%); toutefois, si les donateurs âgés sont plus nombreux en France que les plus jeunes, les territoires où vivent les plus âgés ne sont pas les plus mobilisés et les territoires où vivent les jeunes sont parmi ceux où l’on trouve le plus grand nombre de donateurs. Les donateurs sont plus nombreux parmi les Français les plus aisés:  55% des donateurs appartiennent aux tranches de revenus annuels supérieures à 39 000€, proportion qui s’est renforcée sous les effets de la crise économique, passant de 41% à 54,6% entre 2006 et 2014.    

 

En 2013, le don moyen s’élève à 411€ (+12 € par rapport à l’année 2012). Selon les régions, cette valeur varie de 297€ en Bretagne à 394€ en Paca, avec l’exception de 653€ en Île-de-France. Les 5 régions dans lesquelles le don moyen est le plus élevé, hors Ile-de-France , sont Paca, l’Alsace, Rhône-Alpes, Languedoc-Roussillon, Aquitaine, et Midi-Pyrénées. Les 5 régions dont les habitants donnent le moins sont la Basse-Normandie, la Bretagne, la Franche-Comté, la Corse et la Haute-Normandie.

 

La liste des départements français aux dons moyens les plus élevés fait apparaître la carte des principaux pôles urbains. Dans l’ordre (après l’Ile de France) : Lyon (Rhône), Marseille (Bouches-du-Rhône), Strasbourg (Alsace), Toulouse (Haute-Garonne), 3 principales zones de concentration de richesses du territoire cumulent don moyen élevé et forte proportion de donateurs : Île-de-France, Alsace et Rhône-Alpes.

 

Les régions les plus généreuses relativement à la richesse sont les suivantes : Languedoc-Roussillon, Nord-Pas-de-Calais, Champagne-Ardenne, Paca, et Bourgogne.  Les régions les moins généreuses relativement à leur richesse sont : Bretagne, Franche-Comté, Haute-Normandie, Centre et Basse-Normandie.

 

En résumé, 2 régions apparaissent comme les championnes de la générosité : l’Alsace, qui cumule à la fois une proportion de donateurs particulièrement élevée, et un don moyen nettement supérieur à la moyenne nationale (391€), et la région Rhône-Alpes dont le don moyen s’élève à 386€ avec une proportion de donateurs plus élevée que la région PACA, elle aussi très généreuse. En raison de sa taille et de sa très importante population, la région Rhône-Alpes est celle qui contribue le plus au total des dons français après l’Ile-de-France.

 

Deux modèles semblent se dessiner : dans les zones de détresse économique, une générosité prise en charge par les couches plus aisées de la population, et dans les zones économiquement plus dynamiques, une générosité plus répandue mais moins dotée financièrement.   La répartition des fondations françaises se traduit par  une hypercentralisation parisienne (56% à Paris et 66% en Ile-de-France), avec rapporté au nombre d’habitants, dix fois plus de fondations qu’ailleurs en France , puis Rhône-Alpes et Paca, (les 2/3 des fondations de province).

 

Le nombre de fondations a doublé entre 2001 et 2014, (notamment les fondations où des entreprises participent avec 45% des fondations nouvelles), alors que la proportion de fondations reconnues d’utilité publique a baissé. Ajoutons les fonds de dotation, véhicules philanthropique récent regroupant 2 100 fonds de dotation depuis l’instauration de ce statut en 2009, avec une grande concentration en Ile-de-France (bien que cette concentration soit moins marquée que celle des fondations), mais aussi un inégal succès de ce statut selon les territoires.  

Parmi les fondations reconnues d’utilité publique actives aujourd’hui, près d’un tiers sont de très anciennes structures créées avant la Seconde Guerre mondiale, surtout dans le domaine médico-social. Un très grand nombre d’entre elles ont été créées par des congrégations religieuses ou avec une identité forte d’oeuvre charitable promouvant les valeurs chrétiennes. Localisées souvent en province, elles reflètent les besoins sociaux et éducatifs des populations vulnérables de l’époque, notamment les populations rurales, les jeunes qu’il faut former, les populations souffrant des conditions de vie difficiles dans les bassins industriels.  

 

L’analyse du poids économique des fondations françaises montre à l’échelle du pays deux tendances concomitantes : à la fois une très forte concentration (une cinquantaine de fondations détenant chacune plus de 100M€d’actifs), et à l’opposé, un nombre croissant de très petites fondations (une fondation sur cinq détient moins de 100 000€ d’actifs). Cette concentration financière se double d’une forte concentration géographique : parmi les 100 plus importantes fondations françaises, 70 sont en Ile-de-France et détiennent 76% des actifs de ce top 100.  

 

Les richesses disponibles : quel potentiel pour la philanthropie ? Du point de vue de la richesse disponible pour du mécénat (grands dons ou création de fondations), l’analyse du potentiel des territoires peut tout d’abord se concentrer sur les larges patrimoines, dont la redevabilité à l’ISF est un critère principal. l’Ile-de-France, avec 93 000 assujettis à l’ISF, contribue à hauteur de 1,7Md€ (70% du total de l’ISF français); Paca avec 16 800 redevables contribue à 189M€, puis Rhône-Alpes avec 9 000 redevables pour 104M€….Si l’Ile-de-France regroupe prés de la moitié des grandes fortunes, la province compte l’autre moitié pour un montant cumulé de 106Md€ (30% du total de ces cinq cents fortunes). 

Le rapprochement du classement de l’ISF et des Fortunes 500 fait apparaître deux régions à fort potentiel de mécénat aux profils différents :  PACA concentre un quart des redevables ISF hors Ile-de-France, mais comparativement assez peu de très grandes fortunes; à l’inverse, Nord-Pas-de-Calais, 6éme seulement en nombre de redevables ISF, arrive en seconde position après l’Ile-de-France, pour le montant cumulé des très grandes fortunes.  

 

Près d’1/3 très grandes fortunes de province affichent un engagement philanthropique structuré, soit à titre personnel, soit au titre de leurs entreprises;

  • le Nord-Pas-de-Calais et Paca : les très grandes fortunes s’engagent pour des causes variées,, dont l’aide aux populations défavorisées (mal-logement, jeunesse); exemple de la philanthropie familiale très structurée mise en place par Gérard Mulliez et sa famille élargie.
  • La Bretagne : parmi leurs champs philanthropiques de prédilection, l’environnement, la recherche, la culture.
  • Champagne-Ardenne, avec le secteur viticole, et une proportion importante de grands mécènes, généralement engagés dans le domaine culturel; dans les autres régions où les grandes fortunes sont adossées à l’exploitation de vignobles (l’Aquitaine en tête, la Bourgogne, mais aussi l’Alsace), celles-ci semblent comparativement moins généreuses, ou moins enclines à le faire savoir.

L’étude fournit ensuite une typologie détaillée des territoires.