Le mécénat progresse avec une hausse de dotations de 7% entre 2017 et 2018.


"Le mécénat d'entreprise en France", Admical-CDC mécénat-Ifop, novembre 2020

Source : les chiffres de l’impôt sur les sociétés produits par le ministère de l’Economie et des Finances (Bercy, DGFIP), permettant de connaitre les entreprises ayant déclaré en 2018 des dons à l’administration fiscale (ventilés par secteur d’activité, taille d’entreprise en fonction du chiffre d’affaires, nombre de salariés et par région).
Et un sondage téléphonique et online réalisée par l’IFOP pour Admical entre le 21 septembre et le 30 octobre 2020 auprès de 1 474 entreprises de 10 salariés et plus (486 de 10 à 49 salariés, 780 de 50 à 249,  et 148 de 250 salariés et plus) pour suivre l’évolution des pratiques des mécènes.

L’échantillon comprend par ailleurs 172 entreprises mécènes dont 50 entreprises mécènes de la culture, 86 entreprises mécènes du sport et 47 entreprises mécènes de compétences.

L’échantillon final a été redressé afin d’être représentatif des entreprises de plus de 10 salariés sur des critères de taille d’entreprise, de secteur d’activité et de région.

 

Les grandes entreprises sont de loin les plus présentes et les plus organisées pour le mécénat, tout en sachant au mieux le mettre au service de leur entreprise.

 

⇒ Le nombre d’entreprises donatrices et le volume des dons

♦ En 2018, selon la source fiscale, 96 200 entreprises ont déclaré des dons, pour un montant total de 2,085Md€ vs 1,951Md€ en 2017 (+6,9%) et seulement 984M€ en 2010 (+112%), avec une estimation de 2,153Md€ pour 2019.

Toutes les entreprises ne déclarant pas leurs dons ou seulement partiellement, Admical estime que le taux d’entreprises donatrices en France est de 9%, pour un montant global compris entre 3 et 3,6Md€.

 

♦ En 2 ans, près 22 600 entreprises nouvelles se sont converties au mécénat dont 16 400 TPE, 5 800 PME, 430 ETI et 15 GE.

Entre 2017 et 2018, plus de 40 000 entreprises se sont converties au mécénat (42% de l’ensemble), masquant la possible non-déclaration de près de 30 000 entreprises qui étaient pourtant mécènes en 2017 ! De la même manière, moins de la moitié des mécènes en 2018 l’étaient déjà en 2016, et seulement 17 000 entreprises le sont depuis 2012, soit seulement 18% des mécènes enregistrés en 2018. Sans doute doit-on voir aussi une fluctuation d’une année sur l’autre des TPE/PME mécènes, mais aussi des non déclarations.

 

♦ Les TPE et PME (96% des entreprises donatrices dont 32% pour les PME) contribuent à 23% du budget global du mécénat, contre 53% pour les grandes entreprises (GE) et 23% pour les ETI. Par contre entre 2010 et 2018, ce sont les TPE et les PME qui ont le plus augmenté l’importance de leurs dons.

 

Les grandes entreprises sont 83% à pratiquer le mécénat vs les TPE 3,3% et les PME 22,7%, avec des dons médians fort différents selon la taille de l’entreprise.

 

♦ Les entreprises du secteur du commerce dont les HCR sont 35% des entreprises donatrices et 44% du budget global du mécénat ; vient ensuite l’industrie 10% des entreprises donatrices et 14% du budget, puis les entreprises de la finance et des assurances (13,3% du budget mais seulement 5% des mécènes) ; à l’inverse, les secteurs de la construction (14% des donatrices) et des services aux entreprises (21% des entreprises), ne comptent que pour 4,5% et 14,5% du budget global. 

⇒ Les entreprises mécènes (sondage Ifop auprès des 172 mécènes)

♦ 33% (base les 172 entreprises mécènes) pratiquent le mécénat via une structure dédiée (association, fonds ou fondation), 54% un appui direct et 15% les deux : via une structure dédiée entre 30 et 34% pour les PME, ETI et GE, alors que 52% des PME et 43% des ETI le font directement mais fort peu les GE 26%. 15% pratiquent les deux formes (notamment les GE 44%).

 

Noter que 23% (dont 16% à l’initiative d’autres mécènes et 9% sur la proposition du porteur de projet) se sont associés avec d’autres mécènes pour soutenir des projets. Cette modalité est beaucoup plus fréquente chez les GE (51%) que chez les PME (32%) ou les PME (18%).

 

25% ont formalisé un cadre de suivi et d’évaluation des projets soutenus (92% pour les GE, 41% pour les ETI et 16% pour les PME).

Les grandes entreprises sont les plus enclines à agir en collectif (51%), généralement avec l’ambition de répondre de manière holistique à une problématique sociétale spécifique, alors que les PME privilégient l’approche territoriale.

 

♦ Les domaines du mécénat :

 

Noter que le domaine social (22% des mécènes) regroupe une variété de type d’intervention :

12% insertion et réinsertion sociale
10% insertion et réinsertion professionnelle, accompagnement vers l’emploi
7% aide à la création ou valorisation de l’emploi et à l’entrepreneuriat
5% accompagnement d’entrepreneurs sociaux et développement de l’entrepreneuriat social
4% accès au logement
3% accès aux transports et à la mobilité.

 

Les domaines d’action de mécénat varient selon la taille des entreprises : ils sont bien plus nombreux au sein des grandes entreprises très présentes dans l’éducation (66%), le social (62%), la culture (54%), alors que les PME le sont bien plus dans le sport (62%).

 

80% des actions sont de type local, mais 32% de niveau national (notamment 77% des mécènes GE et 48% des ETI), peu de niveau international (11% mais 44% pour les GE).

27% du budget global va à des structures publiques (surtout le fait de 76% des GE et de 59% des ETI).

 

♦ Si le mécénat financier reste la forme de mécénat la plus répandue (78% du budget et 93% des entreprises), le mécénat en nature concerne 11% du budget et 31% des entreprises et le mécénat de compétences 11 et 21% (54% des GE le pratiquent contre 18 à 22% pour les PME et ETI).

 

♦ Les motivations

Les propositions du sondage mettent davantage en avant les bénéfices pour l’entreprise auxquelles les entreprises répondent favorablement sans négliger la motivation du bien commun.

 

“Quelles sont les raisons expliquant les choix de domaines d’intervention ?”

-L’engagement personnel du dirigeant de l’entreprise (44% dont 50% les PME, 30% les ETI et 5% les GE) est la raison principale, mais l’impulsion est aussi venue des collaborateurs de l’entreprise (14% dont 30% les GE, 13 les PME et 10 les ETI),

-Le(s) domaine(s) choisi(s) incarne(nt) les valeurs de l’entreprise (27% dont 41 les GE, 36 les ETI et 24 les PME), et sont liés à l’activité de l’entreprise (20% dont 35% les GE, 33 les ETI et 16 les PME) ; ils sont définis au regard de la politique RSE de l’entreprise (6% dont 22% les GE, 4 les PME et 3 les ETI),

-Historiquement, l’entreprise s’est toujours engagée dans ce(s) domaine(s) 22% dont 41% les GE, 35 les ETI et 18 les PME,

-Le(s) domaine(s) de mécénat choisi(s) répond(ent) aux besoins prioritaires du territoire sur lequel est implantée l’entreprise (19% dont 20% les PME, 18 les ETI et 14 les GE).

 

♦ La gestion du mécénat au sein de l’entreprise :

 

En ce qui concerne la nouvelle loi sur le mécénat, 73% connaissent la mesure “obligation de déclaration à l´administration fiscale pour toutes les entreprises déclarant plus de 10 000€ de dons”, 64% “le maintien du taux de réduction d’impôt à 60% pour les dons réalisés au profit d´organismes relevant de la Loi Coluche, quel que soit le montant”, 56% “la baisse du taux de réduction d´impôt de 60% à 40% au-delà de 2M€ de dons “, 46% “le plafonnement de la défiscalisation des salaires des salariés mis à disposition au titre du mécénat de compétences”, 45% “le plafond alternatif de 20 000€ pour encourager le mécénat des petites entreprises (permettant de dépasser le plafond des 0,5% du chiffre d´affaires)”.

 

27% (30% des PME vs 16% les autres) pensent que son action sera affectée par la réforme du mécénat et 60% par la crise sanitaire (GE 82%); 83% imaginent un impact important (dont très 18%) ; les grandes entreprises sont moins nombreuses à considérer que l’impact de la crise sera important (65% contre 80% pour les ETI et 86% pour les PME).

 

85% estiment important de privilégier le domaine social, alors que pour 83% certains domaines de mécénat vont être délaissés. Pour 82%, le mécénat en nature et de compétences pourrait être une alternative au mécénat financier.

Toutefois seuls 16% envisagent de diminuer leurs apports ou le supprimer (24% les ETI, 18% les GE et 15 les PME), 72% conserver la stabilité et 10% augmenter leur participation.

 

79% des entreprise ont bénéficié de la réduction d’impôt mécénat de 60% du montant des dons (dont 47% totalement et 32% partiellement). Cette réduction est davantage le fait des GE (93% dont 41% totalement que des PME 77% dont totalement 34%).

 

⇒ Focus mécénat de compétences

♦ 21% des mécènes sont concernées. 54% des grandes entreprises mécènes pratiquent le mécénat de compétences, contre 22% pour les ETI et 18% pour les PME. Ce sont à 76% des entreprises de services et pour 66% des PME.

52% pratiquent ce mécénat depuis moins de 3 ans et 29% depuis plus de 5 ans.

 

♦ Noter que les entreprises de plus de 250 salariés impliquent jusqu’à plus de 100 collaborateurs (47%). Ceci étant, 45% des collaborateurs sont mobilisés moins d’une journée, 40% entre 2 et 5 jours et 15% davantage.

 

♦ Si 56% mobilisent les compétences professionnelles dans le cadre de l’entreprise et 28% sur le temps personnel ; 43% consistent en une action terrain d’une journée pour prêter main-forte à une association dans ses activités ; l’entreprise met aussi à disposition des salariés seniors en fin de carrière et 11% des salariés en congés de solidarité (le salarié part en mission pendant ses congés pour contribuer de manière bénévole à un projet à finalité sociale).

40% défiscalisent ces temps passés.

 

♦ Les raisons de cette pratique sont très tournées vers les collaborateurs :

-pour 38% l’amélioration de l’expérience collaborateur (cohésion, formation, évolution),

-pour 35% le fait de rendre les collaborateurs plus fiers de leur entreprise,

Mais aussi vers l’entreprise :

-pour 27% Incarner les valeurs de l’entreprise,

-pour 27% renforcer l’ancrage territorial de l’entreprise,

-pour 16% contribuer à une meilleure image de l’entreprise,

Noter que dans l’échantillon des 1414 entreprises interrogées (donatrices ou non), 23% ont formalisé une politique de développement durable vs 51% pour les entreprises donatrices.

Et pour le bénéficiaire :

-pour 35% le soutien de projets et l’encouragement à l’innovation sociale.

 

♦ Pour développer le mécénat, 42% estiment que ce type de mécénat doit servir la politique RH et/ou sociétale de l’entreprise, mais 38% disent aussi qu’il leur faudrait avoir plus de demande de la part des collaborateurs ou des associations. 28% disent encore que s’insérer dans une dynamique collective et/ou territoriale favoriserait son développement.

 

Le rapport développe ensuite le mécénat culturel, sportif conduit par les entreprises mécènes et ce qu’il en est par région (chiffres fiscaux et enquête Ifop).

 

Pour en savoir davantage : Baromètre du mécénat d’entreprise en France en 2020 (francegenerosites.org)