Pour financer les start up françaises, l’accès au financement est trop modeste


"MOBILISER L’ÉPARGNE POUR LE FINANCEMENT DES STARTUPS", France Stratégie, janvier 2017

En 2015, l’Europe comptait seulement 15 « licornes » (valorisées à plus d’1Md$), contre 90 aux Etats-Unis et 31 en Asie. 5 des 10 premières capitalisations américaines sont d’anciennes startups et pèsent d’un poids déterminant dans l’économie. 

Si toutefois, les créations de startups sont en nombre comparable en Europe et aux Etats-Unis, 10 ans après leur date de création, les startups américaines comptent en moyenne deux fois plus d’employés que leurs homologues européennes.   

 

Parmi les nombreux facteurs qui influencent la capacité de développement des startups, l’accès au financement est critique. Sans passé bancaire et porteuses de nouveaux modèles d’affaires encore non rentables et dont la viabilité est difficile à évaluer, l’activité de ces jeunes entreprises est inadaptée au circuit de financement classique par le crédit bancaire.  

 

En 2015, les montants de capital-risque atteignaient 65 Md€ aux Etats-Unis, 44 Md€ en Chine, et 2,3 Md€ en Israël, comparé à 4,3 Md€ au Royaume-Uni, 2,9 Md€ en Allemagne et 1,7 Md€ en France; rapporté au PIB, le poids du capital-risque en France est 4 fois inférieur à celui aux Etats-Unis et en Chine, et deux fois inférieur à celui au Royaume-Uni et en Suède. Aux Etats-Unis, plus de la moitié des « licornes » ont au moins un membre fondateur d’origine étrangère.

Pour ne pas accroître le retard qui est le sien dans la révolution numérique, la France devrait se fixer comme objectif de rattraper en 5 ans le niveau de financement, exprimé en pourcentage du PIB, que l’on observe aux Etats-Unis (soit un quadruplement, à 8 Md€, pour passer de 0,1 à 0,4 point de PIB); il nous faut à la fois augmenter les flux globaux investis et permettre l’apparition d’acteurs de taille plus importante.

En France, 22% des salariés de l’écosystème parisien des startups sont étrangers, contre 53% à Londres, 49% à Berlin et 45% dans la Silicon Valley. 

 

  Les montants nécessaires pour quadrupler la taille de l’écosystème (trouver 6 Md€ par an supplémentaires) ne sont pas négligeables, comparés au flux d’épargne financière annuelle dégagée par les ménages qui est de l’ordre de 75 Md€, au regard aussi de leur patrimoine financier (plus de 4 700 Md€ d’actifs).

En particulier, une petite partie des montants investis en livrets d’épargne réglementée (plus de 590 Md€) ou encore en assurance-vie (plus de 1 370 Md€ pourraient être au fil des ans rebasculés vers le capital-risque.  

 

Étant donné la diversité des acteurs qui interviennent dans l’écosystème de financement, la question d’une fiscalité plus orientée vers les startups se pose à plusieurs niveaux. Du côté des business angels, le CAE souligne par exemple le caractère moins favorable en France du régime sur les plus-values de cession : alors qu’un taux effectif maximal de 20% s’applique au Royaume-Uni, c’est un taux dégressif qui passe de 62% la première année à 23,75% lorsque les parts de l’entreprise ont été détenues pendant huit ans qui est appliqué en France. Le « compte PME innovation » instauré par la loi de finances rectificative 2016, qui permet aux business angels de bénéficier d’un report d’imposition lorsqu’ils réinvestissent dans une entreprise à fort potentiel, constitue un premier élément de réponse à cette question Suivent un certain nombre de propositions.