Le “crowdfunding” aux Etats-Unis : entre attente et espoir pour les entrepreneurs et les investisseurs


Bulletins-electroniques.com/actualites/72149.htm

 Le contexte actuel ne porte pas à l’optimisme : les principales sources de financement que sont le capital-risque et les investisseurs providentiels (“business angels”) n’investissent que dans les projets les plus prometteurs, souvent les moins risqués, et laissent de côté le plus grand nombre des projets. Le phénomène découle d’un déséquilibre entre le nombre de financements d’amorçage, censés permettre la mise au point du concept et du produit, et le nombre de transactions en stade précoce, destinés à la mise sur le marché ; le ratio du nombre de financements d’amorçage sur le nombre des transactions en stade précoce est passé de 1,9 en 2008 à 3,3 en 2012. Cette crise illustre la difficulté grandissante des entrepreneurs à traverser la “vallée de la mort”. D’où l’alternative du “crowdfunding” ou financement par la foule.

 

A l’origine, le “crowdfunding” était utilisé par les artistes (musiciens, réalisateurs, etc.) qui, après avoir vu leurs projets rejetés par les maisons d’édition, se sont tourné vers leurs réseaux d’admirateurs pour trouver du financement. Le principe consistait à poster une annonce sur internet et à récolter des dons en échange de contreparties de natures très variées.

 

Avec l’essor des nouvelles technologies de communication, ce système d’entraide social a intéressé de plus en plus de personnes et notamment les entrepreneurs. Ces derniers y trouvent un moyen simple et rapide de lever un modeste capital qui leur sert de point de départ pour le développement de leur produit ou service. On a ainsi assisté à la création d’une multitude de plateformes d’intermédiation à partir des années 2006 :Sellaband (2006), IndieGoGo (2008, Kickstarter (2009) et Microventures (2010). On en dénombre actuellement plus de 500 dans le monde.

 

Toutes les plateformes de “crowdfunding” ne fonctionnent pas sur le même modèle de transactions. Certaines fonctionnent sur le don, sans aucun retour sur investissement, d’autres sur le prêt. Le modèle le plus populaire aux Etats-Unis est basé sur la contrepartie. Le concept est le suivant : le porteur de projet présente son idée, le plus souvent par vidéo, et fixe trois paramètres : un montant minimal à collecter, la durée de la collecte (généralement un mois), et les contreparties associées aux différents montants d’investissement. Si l’objectif de collecte est rempli, la plateforme reverse l’argent au porteur de projet qui peut alors démarrer son projet. Sinon, les donateurs sont remboursés automatiquement.

 

La plateforme la plus connue et la plus influente est “Kickstarter”. En 2012, elle a permis le financement de 18.000 projets par 2,2 millions d’investisseurs pour un montant total de 320M$, avec une majorité de projets dans l’univers des jeux-vidéos et des arts, mais le domaine technologique commence à prendre de l’importance.

 

Le marché mondial du “crowdfunding” est passé de 1,5Md$ en 2011 (dont 837M$ en Amérique du Nord) à 3Md$ et 2012. Une récente étude de Deloitte prévoit un montant de 6Md$ pour 2013. Le phénomène est donc en pleine expansion.

 

On observe une réelle mutation des plateformes de “crowdfunding” qui cherchent désormais à rassurer mais aussi à sensibiliser les investisseurs sur les risques qu’ils encourent. A titre d’exemple, la plateforme “Kickstarter” a récemment introduit l’obligation pour les contributeurs de prendre connaissance des “risques et défis” liés au projet que les investisseurs veulent financer.

On voit donc que le “crowdfunding” tend à se rapprocher des autres voies de financement de l’innovation (capital-risque et “business angels”) pour lesquels le risque et l’investissement sont intimement liés. Le modèle a donc beaucoup évolué depuis son utilisation par les artistes et leur réseau d’admirateurs.