Si les TPE sont peu présentes dans l’enquête Ernst&Yung, il est cependant intéressant de repérer ce que disent les PME des aides publiques, au moment où le rapport de la Cour des comptes aborde ce même thème pour la création d’entreprise.


« L’efficacité des aides publiques aux entreprises : quelles priorités pour la compétitivité française »,Ernst&Yung , février 2013

 Un échantillon de 250 entreprises françaises dont 12% de TPE, 16% de 10 à 49 salariés, 30% de 50 à 249 salariés, et 42% au-delà, dans les secteurs industrie et services ; 31% sont des sous-traitants.

 

62% des entreprises interrogées déclarent avoir déjà obtenu une aide (plus de 6 sur 10 au cours de l’année écoulée). Les petites entreprises et TPE se situent nettement en dessous de la moyenne, avec près de 40% contre 59 à 75% pour les tailles plus importantes (hors filiales). Toutefois, Pour les entreprises, leurs besoins prioritaires ne résident pas tant dans les aides publiques que dans la flexibilité du droit du travail et la réduction des charges sociales.

 

Ceci étant pour 80% des entrepreneurs interrogés, les gouvernements doivent mettre en œuvre un environnement cohérent et fluide pour faciliter l’accès aux aides existantes. Les entrepreneurs les jugent nécessaires pour leur propre croissance.

 

Les 3 défis majeurs repérés par les dirigeants sont :

– L’innovation (23% des réponses), représente un levier vital pour se différencier, conserver ses parts de marchés et en conquérir de nouvelles ; Plus la taille de la société interrogée augmente, plus l’innovation occupe une place prépondérante.

– l’ouverture à l’international est perçue comme le second levier de croissance (21 %) ,

– tout comme la reconstitution de marges (21%), condition de l’investissement et du développement, quand elle n’est pas une question de survie.

 

Qu’en est-il des aides reçues ?

 

Un tiers des aides reçues par l’échantillon sont des aides à la R&D et à l’innovation ; Viennent ensuite les aides à l’investissement matériel et immatériel (achats de TIC et technologies numériques, achats et modernisation de machines et équipements, construction ou acquisition d’un local ou d’un site, extension ou rénovation, aménagement d’un local ou d’un site), suivies des aides relatives à la réduction du cout du travail (souvent automatiques, ces aides sont moins spontanément identifiées par les entrepreneurs).

 

Le crédit d’impôt recherche (CIR) est l’aide la plus citée (20% des répondants), ce qui témoigne à la fois de sa grande visibilité et de son importance dans les processus d’innovation des PME.

 

Le contrat participatif figure aussi parmi les aides à l’investissement le plus cité.

 

Les TPE et petites entreprises, dont les perspectives de croissance dépendent directement de l’innovation, notamment pour les créations récentes, bénéficient en premier lieu davantage d’aides à la R&D et à l’innovation.

 

Si le développement à l’international figure parmi les priorités affichées par les entreprises, on constate pourtant peu d’attentes en ce qui concerne les aides à l’export (8%) ; ce faible score peut s’expliquer par la perception négative qu’ont les entreprises de l’efficacité des dispositifs existants ou de la constatation que la compétitivité se gagne davantage par l’innovation que par des soutiens directs à l’exportation.

 

 

L’accessibilité aux aides : Malgré une information objectivement abondante, plus de 70% des répondants expriment une réelle difficulté à identifier et accéder aux aides (un trop grand nombre de dispositifs et d’acteurs) ; les entreprises qui en ont le plus besoin ou qui portent en elles le plus fort potentiel de croissance, à savoir les PME et les TPE, manquent généralement de ressources et de temps à consacrer à la recherche d’aides publiques, contrairement aux plus grands groupes.

Les entreprises déclarent que leur première source d’information est publique (48% des répondants), mais que leurs relations interentreprises, et leurs partenaires habituels, sont tout aussi importants (48% également). Les plateformes Internet demeurent marginales dans l’accès à l’information.

 

Les entreprises éprouvent aussi des difficultés à comprendre des dispositifs (25% des répondants), par ailleurs trop nombreux et parfois très similaires. Elles regrettent la multiplicité des sources d’information (21%) et l’absence de liste exhaustive (20%), et militent pour une promotion accrue des guichets uniques d’accès aux aides.

58% considèrent que le montage de leur dossier de demande d’aide n’a pas été simple ; ces entreprises souhaiteraient qu’un tronc commun d’informations, fournies une seule fois, soit constitué et dupliqué dans les différentes relations qu’elles entretiennent avec l’administration publique.

Plus de 3/4 des répondants ayant déjà reçu une aide considèrent qu’un accompagnement public est indispensable pour monter un dossier de demande d’aide ; il semble insuffisant ou trop dispersé à l’heure actuelle En témoigne l’émergence d’offres privées destinées à accompagner les PME dans la constitution de ces dossiers.

 

Les aides à l’innovation, et dans une moindre mesure les aides à l’exportation, sont les dispositifs qui recueillent le plus d’opinions favorables. Les aides à la gestion, à l’éco-développement et à la transmission sont les plus mal notées. OSEO bénéficie du taux de satisfaction le plus élevé (75% dont un tiers très satisfait). Pour les autres acteurs publics, le niveau de satisfaction tangente la barre des 50%, à l’exception de la Coface qui recueille 63 % d’opinion favorable.

 

L’enquête révèle également que, là où les aides ne sont pas indispensables à la réalisation d’un projet, elles ont un effet de levier, favorisant les projets plus ambitieux dans plus de la moitié des cas.

 

Pourtant il y a trop peu d’évaluation et les entreprises s’estiment peu associées à ces évaluations ; 90% d’entre elles déclarent en effet n’avoir jamais été consultées dans le cadre d’une évaluation de l’efficacité d’une aide perçue.

 

Les entreprises ayant déjà reçu une aide – et qui indiquent combien cette aide s’est avérée indispensable à leur projet – se disent prêtes à plus de 80% à demander une nouvelle aide par la suite ; sur l’ensemble de l’échantillon, seules 19% des entreprises ne bénéficiant pas d’aides prévoient d’en faire la demande (1/3 des ETI et des moyennes entreprises, moins de 15% des TPE)