Si les bénéficiaires de l’ARCE se différencient nettement de l’ensemble des allocataires de l’assurance chômage (moins de femme, plus de diplômés du supérieur, plus de maitrise de leur parcours professionnel…), ils se différencient peu en revanche de l’ensemble des créateurs


"ENQUÊTE auprès des allocataires de l’Assurance chômage ayant bénéficié de l’Aide à la reprise ou à la création d’entreprise en 2011 ", Credoc pour l'Unedic, décembre 2013

Un échantillon de 2 400 personnes ayant perçu cette aide au premier trimestre 2011, stratifié par sexe, tranche d’âge et région, a été interrogé par téléphone par le Credoc en avril 2013, sur demande de l’Unedic, afin de mieux connaître leur devenir dans les deux ans qui ont suivi l’obtention de l’aide

Un regret : que l’éclatement entre auto-entrepreneurs et créateurs n’aient été fait que partiellement, ce qui aurait permis une analyse plus pertinente.

 

En 2011, 977 millions d’euros ont été versés à 110 000 allocataires au titre de cette aide ; Il s’agissait d’un premier versement pour 69% d’entre eux (le second intervient 6 mois après sous réserves qu’ils soient toujours en activité). Au moment de l’enquête, l’aide était égale à 50% des droits restants (depuis avril 2013, 45%).

Le demandeur d’emploi peut aussi ne pas souscrire à l’ARCE et bénéficier des indemnités chômage pourvu que le revenu de son activité ne dépasse pas 70% de son ancien salaire.

 

Pour près des 2/3, le montant de l’aide a été jugé suffisant pour couvrir les premiers besoins de financement du projet ; sans cette aide les ¾ déclarent qu’ils n’auraient pu concrétiser leur projet ou l’auraient fait avec davantage de difficultés.

 

Deux ans après la création ou la reprise, 72% des entrepreneurs sont toujours à la tête de leur entreprise ; en plus de leur propre emploi, un tiers ont crée en moyenne 1,9 emploi salarié.

Parmi les 26% qui ont cessé, 12% sont à la recherche d’un emploi.

 

Quels sont les bénéficiaires de l’ARCE en 2011, au regard de l’ensemble des allocataires de l’assurance chômage?

On y trouve moins de femmes (33 contre 49%), des personnes plus nombreuses entre 26 et 50 ans, (81 contre 61%), plus diplômées (45% issus de l’enseignement supérieur contre 34), ce qui est aussi le fait de l’ensemble des créateurs. 35% sont issus d’une rupture conventionnelle (contre 11), indiquant une démarche de départ volontaire, alors que l’ensemble des allocataires de l’assurance chômage sont plus souvent en fin de CDD ou de mission d’intérim (52% contre 19, indiquant une situation davantage contrainte) ; 78% sont restés au chômage moins de 6 mois contre 53% et seulement 7% plus d’un an contre 24%. Ils sont enfin davantage localisés en province (90% contre 83).

 

Femmes

Age

Niveau de formation

<25 ans

26 -49 ans

50 ans et +

CEP au +

CAP/BEP

Bac

Bac+2

Au-delà

Auto-entrepreneurs

33

11

78

11

8

33

19

21

19

Autres créateurs

26

7

83

10

7

24

20

21

28

Total bénéficiaires ARCE

29

9

81

10

7

28

20

21

24

Total allocataires assurance chômage

49

17

61

21

18

37

21

12

12

 

Mode de fin du contrat de travail

Activités

 

Licenciement

Rupture conventionnelle

Fin de

CDD intérim

Départ

volontaire

Autres

Servies

entreprises

Services

particuliers

Commerce

Dont immobilier

Construction

Industrie

Agriculture

transports

Auto-entrepreneurs

37

30

25

3

4

24

26

23

22

5

Autres créateurs

39

39

15

3

4

24

18

26

20

12

Total ARCE

39

35

19

3

4

         

Total alloc assurance chômage

32

11

52

2

4

         

Ajoutons que 45% ont déclaré avoir besoin d’au plus 8 000€ pour démarrer leur entreprise, 19% de 8 à 16 000€, 16% de 16 à 40 000€ et 18% plus de 40 000€. De fait 73% ont choisi l’ARCE pour bénéficier d’un capital pour investir ; 63% estiment que cette aide a été suffisante pour couvrir leurs besoins de démarrage. Les bénéficiaires ont reçu : 10% moins de 4 000€, 20% de 4 à 8 000 €, 47% de 8 à 16 000€ et 22% plus de 16 000€.

 

Les bénéficiaires de l’ARCE sont proches de l’ensemble des créateurs, en termes de forme juridique (33% de sociétés contre 30 mais moins d’auto-entrepreneurs avec 45% contre 53) et en termes d’activité (mais plus de construction avec 21% contre 15). 88% ont crée et 12% repris une entreprise ; pour 87% il s’agit une première expérience dans le champ de la création/reprise.

 

Auto-entrepreneurs bénéficiaires : 45% des créateurs bénéficiaires sont des auto-entrepreneurs, avec plus de femmes (33% contre 26 pour les autres créateurs bénéficiaires), plus de personnes issues au mieux de CAP/BEP (41% contre 31), et un peu plus de jeunes que pour les autres créateurs (11 contre 7%); ils sont plus souvent au chômage du fait d’une fin de CDD, ou d’une mission d’intérim (25% cumulés contre 15% pour les autres créateurs) ; leur projet a été moins anticipé (46% contre 57), et inversement pour les autres créateurs. Ils créent davantage dans les activités aux investissements faibles, notamment dans les services aux particuliers.

 

Les motivations :

94% disent avoir choisi de créer ou reprendre ; 53% avaient fait ce choix avant même de perdre leur emploi (77% d’entre eux sont d’ailleurs toujours à la tête de leur entreprise au moment de l’enquête, contre 67 pour ceux qui n’avaient pas fait ce choix avant).

90% ont choisi un secteur d’activité qui leur plait, 78% pour mettre à profit une expérience professionnelle antérieure, ou une formation antérieure (62%), et 56% du fait d’un réseau de relations dans l’activité ; peu disent avoir changé radicalement de secteur d’activité (27%), ou pour répondre aux promesses de commandes d’un employeur antérieur, voir soutenir un membre de la famille (7%).

L’indépendance demeure la principale motivation, suivi par le goût d’entreprendre ou celui de relever des défis (motivation qui est nettement moins fréquente chez les auto-entrepreneurs, 30 contre 19%), alors que ces derniers mettent davantage en avant la nécessité de gagner sa vie (21 contre 11%) ; 32% estimaient par ailleurs devoir tirer un revenu supérieur au revenu précédent, alors que 42% recherchaient un revenu identique ; noter le peu d’importance accordée à l’apport d’’un produit/service nouveau sur le marché.

 

Etre indépendant

Goût d’entreprendre,

de nouveaux défis

Opportunité de création/reprise

Gagner sa vie

Idée nouvelle de

produit/marché

Autres

Autres créateurs

34

30

13

11

4

9

Auto-entrepreneurs

35

19

9

21

3

13

Ensemble des créateurs

34

25

11

15

4

10

Ensemble des créateurs (toutes réponses)

86

83

58

43

35

 

L’étude a comparé les motivations selon le sexe et selon les âges : les femmes affichent moins le goût d’entreprendre, voire l’indépendance ; les seniors sont le plus en décalage (moins de désir d’indépendance, moins de goût d’entreprendre et davantage de recherche de revenu :

Motif principal ensemble des créateurs

Etre indépendant

Goût d’entreprendre,

de nouveaux défis

Opportunité de création/reprise

Gagner sa vie

Idée nouvelle de

produit/marché

Autres

Femmes

32

21

13

16

4

13

Hommes

32

27

10

15

4

10

             

Seniors (plus de 50 ans)

23

19

10

29

5

14

25-49 ans

35

25

11

14

4

10

Moins de 25 ans

38

27

9

13

2

10

Seuls 21% disent avoir monté seul leur projet, les autres ayant eu grandement recours aux appuis habituels : les autres créateurs ont habituellement davantage sollicité d’appui que les auto-entrepreneurs ; noter aussi que ceux qui ont monté seul leur projet sont moins souvent encore en activité lors de l’enquête.

 

Structure dédiée

à la création

Professionnel

Spécialiste

Entourage

professionnel

Entourage

personnel

Conjoint

Ont monté seul

Autres créateurs

51

33

26

27

18

 

Auto-entrepreneurs

47

16

21

20

13

 

Ensemble

48

30

25

25

15

21

% en activité au moment

de l’enquête

73

77

76

75

78

67

41% disent avoir reçu une formation ou un accompagnement spécifique (29% une formation, 25% un accompagnement et 13% les deux).

 

Le parcours de création/reprise est jugé fort positif, plus encore par ceux qui sont toujours à la tête de leur entreprise 2 ans après : pour 83%, c’est un apport de nouvelles connaissance, pour 69% l’apport de nouveaux réseaux professionnels, pour 66% l’acquisition d’un savoir-faire utile dans d’autres secteurs, pour 44% un savoir-faire qui permettrait d’obtenir un emploi salarié et seulement 23% le risque d’être jugé trop qualifié ou indépendant pour un emploi salarié. Noter que 47% expriment le bonheur d’avoir crée, et 37% la satisfaction d’être indépendant ; peu les soucis (10%).

 

Que sont-ils devenus ? 72% sont toujours à la tête de leur entreprise

Durant la 2éme année le chiffre d’affaires a augmenté pour 56% d’entre eux et a diminué pour 17%, les 2/3 réalisant un chiffre compris entre 15 000 et 300 000€ (le chiffre médian est de 61 000€).

52% se disent satisfaits des revenus tirés de leur entreprise.

69% n’ont pas de salarié tant au moment de l’enquête qu’au démarrage ; en ce qui concerne les 31% employeurs, la hausse de l’effectif salarié moyen est de 1,9 (2,5 pour la création et 0,6 pour la reprise partant d’un effectif initial moyen de 2,4)

 

28% ont cessé (dont 2% ont vendu) : 11% l’ont fait dans les premiers 6 mois.

-La cause principale de cessation est d’ordre économique (chiffre d’affaires trop bas) dans 61% des cas, peu un événement personnel dans la vie du dirigeant (10%) ou encore l’inadaptation du dirigeant à ce nouveau statut (7%) ; noter que 12% mettent en avant la reprise d’un emploi salarié  (5% n’ont pas démarré leur projet).

Les facteurs de risque de cessation sont bien connus : le jeune âge, le faible niveau de diplôme, le fait d’être célibataire, l’inexpérience dans la petite entreprise, les CDD et fin d’intérim, la faiblesse du capital d’ouverture, la fit de changer d’activité, la création plus que la reprise.

-68% ne sont pas réinscrits à Pôle Emploi ; 46% seraient en emploi salarié (64% en CDI) et 42% en recherche d’emploi et 5% à la tête d’une autre entreprise. Pour 27% leur expérience de la création/reprise a aidé pour retrouver un emploi salarié, alors que ceux en recherche d’emploi sont les moins diplômés et les plus âgés. On peu donc dire que la moitié des cessés ont retrouvé un emploi.

 

Au final, une évaluation comparant les créateurs non aidés, les créateurs bénéficiaires d’allocations chômage mensuelles, les bénéficiaires de prêt d’honneur, serait fort utile pour situer la valeur ajoutée spécifique de cette mesure.