Le financement : capital investissement, business angels, financement participatif


« PME 2013 : rapport sur l’évolution des PME » observatoire des PME, BPI France, février 2014

 Les montants annuels investis par les professionnels du capital-investissement européens sont passés de près de 7Md€ en 1996 à environ 37Md€ en 2012 ; le marché français a été plus dynamique, passant de 876M€ en 1996 à plus de 6Md€ en 2012 (de 3 à 15,1Md€ pour la Grande-Bretagne); 86% des entreprises accompagnées en France ont leur siège social en France (82% des montants investis) ; à titre de comparaison, 81% des entreprises financées par les acteurs britanniques du capital investissement en 2012 ont leur siège social au Royaume-Uni, obtenant 47% des montants investis.

 

Le capital-investissement français occupe en 2012 la première place en Europe devant le Royaume-Uni en nombre d’entreprises soutenues (1 548 entreprises en France contre 1 009 pour le Royaume-Uni) et la seconde place concernant les montants investis, derrière le Royaume-Uni (6,1Md€ contre 15,1) ; mais ce  capital investissement ne correspond qu’à 1,3% de l’investissement total en France, alors que ce taux s’élève pour le Royaume-Uni à 2,7% et à 15,8% aux États-Unis.

 

Parmi les entreprises soutenues en France, 40% sont des entreprises nouvellement accompagnées, mais 55% des montants sont investis dans des entreprises déjà en portefeuille ; plus de 8 entreprises sur 10 accompagnées en 2012 ont un chiffre d’affaires inférieur à 50 M€ et un nombre de salariés inférieur à 250 ; l’effectif médian est de 26 personnes et le chiffre d’affaires médian de 3,2 M€.

 

Parmi les entreprises soutenues en 2012, ¼ a été accompagné en capital-innovation (ou capital risque), avec 7% des montants investis , 6 sur 10 en capital-développement avec 32% des montants investis, alors que le capital-transmission, fort minoritaire en nombre d’entreprises, a représenté 59% des investissements (292 entreprises). La région Île-de-France attire une grande partie de l’activité du capital-investissement français, ce dernier n’en reste pas moins très actif dans les autres régions avec 53% des entreprises soutenues et 47% des montants investis.

 

Le capital-investissement soutient plus particulièrement les secteurs de l’économie de la connaissance (informatique, biotechnologies, télécommunications, technologies vertes) ; en 2012, les sociétés des secteurs à forte innovation comme l’informatique, les biotechnologies et le médical représentaient 34% du nombre total des entreprises financées et plus de 20% des montants investis.

 

Les PME et les ETI françaises accompagnées par le capital-investissement ont enregistré entre 2010 et 2011 une augmentation de leur CA de 9,1%, supérieure à celle de l’ensemble des entreprises du CAC Mid & Small (+6,3%) ; Il en est de même pour les effectifs (hausse de 5,2%), supérieure à l’augmentation de l’emploi dans les secteurs marchands privés (+0,4%).

 

Dans un contexte de levée de fonds en recul en 2012, la collecte sur ressources publiques est en forte progression ; elle a été multipliée par 3,4 entre 2011 et 2012 pour atteindre 862 M€ dont 755M€  apporté par BPI France.

A fin 2012, dans le portefeuille de Bpifrance, 274 fonds d’investissement gèrent 14,8 Md€ (15,7Md€ à fin juillet 2013), mais tous ne sont pas en période d’investissement ; à mi-2013, 5,2Md€ sont encore disponibles pour les PME et les ETI ; 46% des fonds (en nombre) se consacrent au capital-amorçage et au capital-risque (respectivement 15% et 31%) ; en moyenne, chaque fonds investit autour de 1,23M€ dans une PME ; Ils peuvent l’être davantage encore lorsqu’il s’agit de capital-développement ou de capital-transmission ; dans les fonds régionaux financés par Bpifrance, le ticket moyen est de l’ordre de 0,3M€.

52% des PME investies en 2012 appartiennent aux activités spécialisées scientifiques et techniques et à l’Information et communication.

 

 Le financement de l’innovation par les FCPI

Après une quasi-stabilité, 1autour de 430 M€ d’investissement (à l’exception du repli de 2009) et 340 entreprises accompagnées par an, l’activité d’investissement des FCPI subit une légère inflexion en 2011 (426M€ de prise de participation et 348 entreprises accompagnées, en baisse de 9% par rapport à 2010 pour l’investissement et de 7% pour le nombre d’entreprises financées) ;  toutefois, la collecte 2011 recule pour la quatrième année, en  baisse de 31% par rapport à 2010 (294M€, un niveau jamais atteint depuis 1999) ; aussi, faut-il craindre, à court terme, une réduction de la capacité d’investissement des FCPI dans les entreprises innovantes.

 

Entre 1997 et 2004, du fait de la montée en puissance du dispositif, le nombre de nouvelles entreprises accompagnées était chaque année majoritaire dans les prises de participation des sociétés de gestion de FCPI ; depuis, la part des nouvelles entreprises dans le portefeuille global des FCPI se stabilise autour d’un tiers ; en 2011, le nombre de nouvelles entreprises baisse de 26% par rapport à 2010, passant de 125 à 93, alors que le nombre d’entreprises refinancées augmente de 249 à 255. Ce comportement de consolidation des prises de participation antérieures requiert un niveau médian de réinvestissement annuel substantiel et relativement stable sur les dernières années, de l’ordre de 470 K€ à 660 K€ (en baisse en 2011 à 474 K€).

 

Les FCPI entrent, en général, de façon précoce au capital des entreprises innovantes : sur la période 1997-2011, 1 entreprise sur 2 a moins de 4 ans d’existence au moment du premier tour de table. Toutefois, 2011 est marquée par une entrée en portefeuille plus importante de jeunes entreprises : deux tiers des nouvelles entreprises financées de l’année ont moins de 5 ans, alors qu’elles étaient 58% en 2009 et 2010.  Dans le même temps, la part des plus anciennes (entreprises de plus de 20 ans) recule. Alors que sur la période 1997-2011, la moitié des entreprises accompagnées par les FCPI sont des PME (hors micro entreprises), en 2011 apparaît un changement de tendance avec des micro-entreprises largement majoritaires (63%) et une disparition des ETI.

 

 Parmi les entreprises françaises accompagnées par un FCPI entre 1997 et 2011, 8 sur 10 sont toujours en activité à la fin de l’année 2011; ce taux a toutefois perdu 5 points depuis 2009.

 

Entre leur premier tour de table et fin 2011, 170 micro-entreprises sont devenues des PME et 28 PME des ETI. Les 907 entreprises françaises investies par un FCPI sur 1997-2011, encore en vie à fin 2011, ont employé cette année-là près de 56 000 personnes et réalisé 11Md€ de chiffre d’affaires. Les trois quarts d’entre elles emploient moins de 57 salariés (contre 50 à fin 2010) ; 1 sur 2 a un chiffre d’affaires supérieur à 3,6M€ ; la moitié également est exportatrice ; et 1 sur 2 possède un niveau de fonds propres supérieur à 2,4M€. Enfin, 13% sont ou ont été cotées sur Nyse Euronext Paris, dont la moitié sur Alternext ; dans 1 cas sur 2, cette introduction en Bourse (quel que soit le marché) a eu lieu dans les 5 dernières années.

 

  Les business angels

 

Le marché des business angels (BA) européens compte 261 000 investisseurs actifs en 2012 (ayant investi au moins 1 fois au cours des 3 dernières années), atteignant une taille équilibrée au regard du contexte américain (513 BA pour 1 million d’habitants contre 850 BA américains) ; cependant, avec 5 Md€ d’investissement, il demeure plus de 3 fois inférieur au marché américain (17 Md€).

La majeure partie de ce marché est « invisible » en Europe, car située hors des réseaux de BA : avec 509 M€ investis en 2012 et 26 105 BA actifs, le marché visible ne représenterait, en effet, que 10 % de l’activité globale des BA.

 

Le nombre d’entreprises financées par ces réseaux s’élève à plus de 2 900 pour près de 18 000 emplois concernés (moyenne de 6 salariés par entreprise investie). Le montant moyen de participation est de 175K€ par entreprise.

 La France se situerait parmi les pays dont le marché total, visible et invisible, est moyennement dynamique : elle compte 8 000 BA, soit 3 fois moins qu’au Royaume-Uni et 4 fois moins qu’aux Pays-Bas et en Espagne, alors que la population totale de ces pays est moindre ; mais elle se situe au centre de la fourchette avec l’Allemagne (5 000 à 10 000). Par ailleurs, la partie visible représenterait, d’un côté, 100 % du marché en Italie et 70 % en France, et de l’autre, 20 % au Royaume-Uni et 10 à 25 % en Allemagne ; mais seulement 14 % aux Pays-Bas et 5 % en Espagne.

Le marché visible est le seul pour lequel des données sont collectées régulièrement par le Réseau européen des business angels, EBAN et France Angels. À partir de l’activité de ces 460 réseaux européens, regroupant les 26 105 BA, quelques tendances nationales spécifiques peuvent être extrapolées : la plupart des pays ont connu une croissance modérée des montants investis (inférieure à 13%) ;  en France (-10%) passant de 44,5 M€ en 2011 à 40 M€ en 2012.

 

Par ailleurs, avec 63 K€ de prise de participation moyenne en 2012, le BA finnois est celui qui investit  le plus : 2 fois plus que l’Irlandais, l’Espagnol ou encore le Suédois, 3 fois plus que l’Allemand et le Portugais, 4 fois plus que le Britannique, l’Italien ou le Néerlandais et 6 fois plus que le Français.

 

L’analyse menée pour 2010 montre qu’en France, 75% des opérations des BA se concentrent sur le premier tour de table (les deux tiers en 2012) alors que ce dernier ne représente que la moitié des interventions des BA britanniques, voire 41% de l’activité pour les BA américains. De fait, le montant moyen d’investissement est plus faible en France qu’au Royaume-Uni ou aux États-Unis.

 

En France comme en Europe, le secteur des technologies de l’information et de la communication est le premier segment d’investissement des BA ; Il est prédominant en France et en Allemagne (40 % des prises de participation en nombre).

Le profil type du BA européen est un homme entre 35 et 65 ans, expérimenté en entrepreneuriat ou en management, qui investit 25 à 250 K€ (ou 15% de son patrimoine), en général dans une seule entreprise, jeune de préférence. Il lui apporte des conseils, ses réseaux d’entreprises et financiers.

 

Selon France Angels, 3 profils principaux :

•l’ancien chef d’entreprise ou le cadre supérieur en mesure d’investir de 5 à 200 K€ par an

l’entrepreneur, ex-créateur d’entreprise qu’il a revendue et qui peut investir des montants de 50 à 500K€

le membre d’un family office investissant moins de 5 à 10 % de son capital.

Les décisions d’investissement sont la plupart du temps prises dans des entreprises en proximité géographique et opérant dans un secteur d’activité connu du BA ; l’appartenance à un réseau permet de diversifier le portefeuille en partageant le risque avec les autres membres ; la moitié des BA des réseaux co-investit avec d’autres membres de son réseau (95 % au Royaume-Uni, mais un quart en Allemagne et en Espagne), un quart avec des BA externes et un autre quart avec des fonds d’amorçage.

 

 Le financement participatif

 

En 2012, selon l’organisme américain Massolution, 2,7 Md$ de fonds ont été levés dans le monde et 1 million de projets se sont montés ; en 2013, ce sont plus de 5 Md$ qui devraient être collectés par 500 plates-formes. Selon les experts (FORBES, 2012), le potentiel de financement devrait s’élever à1 000 Md$ (768 Md€) en 2020.

 

En France, selon le premier baromètre réalisé en septembre 2013 par l’association Financement participatif France, les fonds levés sont passés de 11 M€ en 2011 à 25 M€ en 2012 puis à 33 M€ au 1er semestre 2013 ; on recense environ 50 plates-formes, regroupées pour la plupart au sein de Financement participatif France, 3 d’entre elles figurant parmi les leaders européens (My Major Company, Ulule et KissKissBankbank).

 

Cette formule permet notamment de financer des projets d’un montant trop faible (en général inférieur à 1M€) pour intéresser les investisseurs classiques ou les business angels ; elle constitue un financement « de conviction », basé sur des valeurs de solidarité, de communauté d’intérêts et d’idées, mais aussi de territorialité.

Son fonctionnement est simple. Il repose sur la mise en relation directe, via une plate-forme en ligne d’entrepreneurs à la recherche de fonds pour créer ou développer leur entreprise avec des investisseurs particuliers ; 3 principes : l’accès libre aux projets, via Internet, le choix direct par l’investisseur et la transparence du processus.

Il est clair que le cadre réglementaire actuel, national ou européen, est inadapté et freine les initiatives.