Les PME et TPE françaises, très dépendantes du secteur bancaire, sont plutôt mieux servies par leurs banques que dans nombre de pays européens, du moins en ce qui concerne les prêts à l’investissement ; les difficultés sont davantage localisées dans la trésorerie et par ailleurs dans les TPE, notamment du bâtiment et le milieu rural.


« Crédit aux PME : des mesures ciblées pour des difficultés ciblées », les notes du Conseil d’Analyse Economique, n° 18, décembre 2014

 Dans l’ensemble, les PME françaises ne semblent pas manquer de fonds propres par rapport à leurs homologues européennes ; selon la Banque de France, les capitaux propres représentent environ 40% du bilan des PME ; ils ont augmenté en moyenne d’environ 5% par an depuis 2008.

 

Le crédit aux entreprises représente une part faible dans les bilans des banques françaises (en juin 2014, à peine 10% du bilan des banques) et l’encours des prêts aux PME à peine 5%, les banques s’étant investies dans des activités de marché, source de rentabilité supérieure à celle du crédit aux entreprises.

 

Toutefois, les PME et TPE sont structurellement dépendantes du financement bancaire, essentiellement du fait de leur petite taille ; en juillet 2014, 45% des 820Md€ d’encours bancaires mobilisés allaient aux PME, un volume deux fois supérieur à celui des grandes entreprises.

 

Les enquêtes existantes auprès des banques comme des entreprises ne traduisent pas de problème important d’accès au financement pour les PME en 2014, sauf pour le crédit de trésorerie. Selon l’enquête de la Banque de France, près de 90% des PME ayant demandé un crédit d’investissement indiquent l’avoir obtenu en totalité ou à plus de 75% ; ce chiffre tombe à 75% des PME dans le cas de crédits de trésorerie.

En septembre 2014, 34% des chefs d’entreprises faisaient état de problèmes de trésorerie ou de financement, contre 26 à 29% en 2010, notamment dans le secteur du BTP (46%), et dans les communes rurales (38 %).

 

Une comparaison internationale issue des données de l’enquête semi-annuelle SAFE de la BCE suggère que les conditions d’accès au crédit en France seraient, dans certains cas, plus difficiles qu’en Allemagne ; les demandes de prêts bancaires des PME françaises sont acceptées dans leur intégralité ou dans leur quasi-totalité à 77%, celles des TPE à 70%, un taux d’acceptation des demandes de prêts des TPE néanmoins plus élevé en France qu’en Allemagne, en Espagne ou encore en Italie, où il atteint 43% ; concernant les autres types de prêts (crédits commerciaux, découverts, etc.), le taux d’acceptation apparaît, en revanche, meilleur en Allemagne.

 

Si le faible dynamisme des prêts aux PME (due aux perspectives de croissance limitées de l’activité) était boosté par un retour de la croissance, il faudrait faire face à besoin supplémentaire de crédit de l’ordre de 10 à 15Md€ par point de croissance nominale supplémentaire. Le secteur bancaire français paraît en mesure d’absorber une telle demande de crédit.