Les 2/3 des femmes en emploi sont localisées dans 21 métiers (surtout le fait des services et du commerce), avec plus de 60% de femmes dans ces métiers, alors qu’elles le sont peu dans la production ; l’éducation conduit souvent à la parité.


« La répartition des hommes et des femmes par métiers : une baisse de la ségrégation depuis 30 ans », Dares Analyses N°79, décembre 2013

 La « ségrégation professionnelle » se réfère à la mesure d’une distance entre les répartitions des hommes et des femmes selon les métiers (indice de dissimilarité de Duncan et Duncan).

 

Sur les trois dernières décennies, le taux d’emploi des femmes de 15 à 64 ans a continûment augmenté, se rapprochant de celui des hommes (de 51,4% en 1983 à 59,7% en 2011, tandis que celui des hommes a diminué de 75,4% à 68,2%) ; la part des femmes dans la population en emploi est passée de 41,7% en 1983 à 47,5% en 2011.

47% des femmes se concentrent en 2011 (53% en 1983) dans une dizaine de métiers (parmi un total de 86), bien plus que chez les hommes (les 10 professions qui concentrent le plus d’hommes n’emploient que 31 % d’entre eux).

 

Les métiers les plus « féminins » : Les 21 métiers ci-dessous ont au moins 60% de femmes dans leurs effectifs et emploient 7,7 millions de femmes (63% des femmes en emploi) :

Femmes

Aides domicile,

Assistantes maternelles

Secrétaires

Employés

de maison

Aides

soignants

Infirmiers

Sages femmes

Coiffure

Soins beauté

Employés

comptabilité

Caissiers

Employés

libre-service

Employés

Banques

assurances

Employés administratifs

d’entreprise

Vendeurs

% dans l’emploi

97,7

97,6

94,3

90,4

476

87,7

84,6

78,5

77,1

76,9

73,5

Nbre (milliers)

969

424

230

521

87,7

200,8

283

230

471,9

303

610

 

Femmes

Employés administratifs

Fonction publique

Action sociale,

orientation

Para

médical

Agents

entretien

Ouvrier

textile

Prof interm

Fonction

publique

Techniciens

banques

assurances

Enseignants

Action culturelle,

sportive

Communication

% dans l’emploi

73,4

72,8

71,3

70,5

70

68,5

65,9

65,7

59,7

58,6

Nbre (milliers)

592

232,2

283,1

870

45,5

283,6

129,8

685

214,3

99,0

 Les métiers les moins féminins : ils sont localisés dans la production : avec peu d’ouvriers qualifiés, davantage d’ouvriers non qualifiés et d’agents de maitrise, notamment dans la construction (entre 2,1 dans les emplois d’ouvriers gros œuvre, 6,9% dans les emplois d’ouvriers non qualifiés du second œuvre et 7,8% au sein des techniciens et des agents de maitrise), dans l’industrie (ouvrier non qualifiés, entre 18 et 45%) ; 10% sont conducteurs de véhicules, 15% dans l’armée, la police, les pompiers. 20% sont cadres du BTP ou architectes, 22,5% ingénieurs et cadres techniques de l’industrie. 20% ingénieurs informatique et télécom, 23% personnels de recherche, 30% cadres commerciaux

 

Entre 40 et 60% des emplois occupés par des femmes sont des emplois qui demandent souvent une formation spécialisée voire supérieure : ils sont 1,6 million (13% des emplois féminins) :

Femmes

Agents transports,

tourisme

Formateurs

Professions

du droit

Médecins

et assimilés

Agents maitrise

du commerce

Cadre du

public

Cadres

banque…

Artisans

et employés

Profes

spectacles

% dans l’emploi

57,1

54,7

52

48,4

46,7

45,1

42,4

42,2

41,1

Nbre (milliers)

105,1

74,9

48,4

184,4

270,9

208,4

120,4

53,2

155,8

 

Femmes

Cuisiniers

Patrons, cadres HCR

Agents commerciaux, VRP

% dans l’emploi

37,2

37,1

37,1

Nbre (milliers)

130,6

80,5

196,6

 Les hommes et les femmes les plus diplômés occupent de plus en plus les mêmes emplois ; la ségrégation est, chaque année de 1983 à 2011, plus faible pour les personnes en emploi avec un niveau de diplôme supérieur à bac +2, s’expliquant notamment par 2 métiers, les enseignants (de 56 à 66% des enseignants sont des femmes) et les cadres des services administratifs, comptables et financiers (à dominance masculine en 1983 et devenu mixte en 2011).

Par contre, l’indice de ségrégation a augmenté pour les personnes non diplômées ou titulaires du seul brevet des collèges (les aides à domicile, aides ménagères, assistantes maternelles, les employés de maison, les aides-soignants). La ségrégation pour les titulaires d’un CAP/BEP, en raison de la forte spécialisation des métiers (secrétaires, d’employés de la comptabilité, d’employés administratifs de la fonction publique, ouvriers non qualifiés du textile et cuir) tend à se réduire.

 

La ségrégation professionnelle reste élevée parmi les jeunes

En 1983, l’indice de ségrégation calculé par tranches d’âge était très hétérogène et nettement plus élevé pour les jeunes de 15 à 29 ans que pour les seniors de 50 ans et plus ; trente ans plus tard, le panorama est très différent : la ségrégation a eu tendance à baisser pour les 15-29 ans mais elle a nettement augmenté pour les seniors ; toutefois, les emplois des jeunes hommes et des jeunes femmes restent répartis de manière moins égalitaire que ceux de leurs aînés, mais l’indice de ségrégation est beaucoup plus homogène entre tranches d’âge qu’en 1983 ; entre 1983 et 2002, la baisse de l’indice de ségrégation s’explique par la réussite scolaire croissante des filles qui a permis leur accès à des métiers qualifiés et moins inégalement occupés par les femmes et les hommes, mais entre 2002 et 2007, des métiers très féminins comme les aides soignants et les infirmiers, ont été particulièrement dynamiques.

 

La ségrégation professionnelle augmente avec le nombre d’enfants : plus ce dernier est élevé, plus l’indice de ségrégation est fort ; la répartition des femmes et des hommes dans les différents métiers est plus différenciée quand le nombre d’enfants augmente. Si l’on distingue selon l’âge de l’enfant, la ségrégation apparaît un peu plus forte pour les personnes ayant au moins un jeune enfant non scolarisé (de moins de 3 ans) ; certains postes sont difficilement accessibles aux mères de jeunes enfants (horaires des assistantes maternelles, préjugés au sein des employeurs…)

 

La ségrégation professionnelle diminue pour les personnes de nationalité étrangère, même si elle est plus élevée pour les personnes étrangères travaillant en France que pour les personnes de nationalité française, la répartition des femmes et des hommes dans les différents métiers est toutefois plus égalitaire, renvoyant en partie à des différences de diplôme (46% peu ou pas diplômées contre 21% de celles de nationalité française).

 

Moins de ségrégation professionnelle en Île-de-France, un écart qui tient à la surreprésentation francilienne des cadres, moins inégalement occupés par les femmes et les hommes ; entre 1983 et 2001, l’indice de ségrégation professionnelle pour la région Île-de-France a baissé de manière continue et plus forte (-12 points) que l’indice pour l’ensemble des régions (-3 points).

Si l’on distingue les aires rurales des aires urbaines en excluant l’agglomération parisienne, on observe depuis 1991 une augmentation de l’indice de ségrégation professionnelle en milieu rural de 3 points jusqu’à une valeur de 57 en 2011. À l’opposé, la ségrégation baisse de 5 points pour les individus en emploi résidant dans une aire urbaine pour aboutir à un indice de ségrégation de 53 en 2011.

 

La ségrégation professionnelle est plus forte dans le secteur privé (indice de 56) que dans le secteur public (indice de 40) ; la ségrégation baisse plus dans le public (-13 points entre 1983 et 2011) que dans le privé (-8 points).