Source : Altares collecte l’ensemble des jugements auprès des greffes des Tribunaux de Commerce de métropole et d’outre-mer. Altares est également licencié officiel du B.O.D.A.C.C. (Bulletin Officiel d’Annonces Civiles et Commerciales) depuis 1987. La date de défaillance retenue par Altares est celle de l’ouverture de la procédure, c’est-à-dire la date du jugement et non pas la date à laquelle ce jugement a été publié dans un journal d’annonces légales ou au B.O.D.A.C.C.
La défaillance d’entreprise correspond à l’ouverture d’une procédure de sauvegarde, redressement judiciaire ou liquidation judiciaire directe auprès d’un Tribunal de commerce ou Judiciaire (Ex Tribunal de Grande Instance ou Tribunal d’Instance). Cela ne recouvre donc ni les procédures amiables (mandat ad hoc ou conciliation) ni les suites d’ouverture (arrêt de plan ou conversion en liquidation).
Les redressements progressent plus fortement que les liquidations, notamment pour les entreprises de plus de 10 ans d’ancienneté.
⇒ Le chiffrement global des défaillances et son évolution.
“Avec 17 845 procédures collectives ouvertes depuis le 1er janvier, le T1 2025 se clôture sur une hausse de 4,4% alors que fin mars 2024, le nombre de procédures bondissait encore de 29% et de 53% au regard de fin mars 2023. Depuis 6 mois, le volume des défaillances sur 12 mois glissés s’est stabilisé aux environs de 68 000. Un plateau qui laisserait entrevoir la possibilité d’une décrue des faillites.”
Les redressements ont connu une hausse plus importante que les liquidations (+7% vs +3,3), ce qui entraine une nette progression des emplois menacés (+23,6%). Cette hausse est encore plus importante si l’on compare 2025 à la moyenne des 1ers trimestres 2021-2023 (+119% vs +55 pour les liquidations).
⇒ Les défaillances au regard de l’effectif salarié entre les premiers trimestres 2024 et 2025.
Quelle que soit la taille, les redressements (laissant une chance pour que l’entreprise rebondisse) ont davantage progressé que les liquidations, mais ces dernières sont 2,4 fois plus nombreuses que les entreprises en redressement ; par ailleurs, le taux de liquidation en 2025 est de 69,5%.
Les hausses ont été modérées pour les entreprises de moins de 3 salariés (toutefois 72% des défaillances en 2025), alors que celles de 100 salariés et plus ont explosé (mais elles ne sont que 64 en 2025). Noter que les 20 à 100 salariés connaissent les situations les plus favorables.
⇒ Les défaillances au regard de l’ancienneté de l’entreprise entre les premiers trimestres 2024 et 2025.
Les entreprises de 3 à 10 ans d’ancienneté sont 58% des cessations vs 33% les plus de 10 ans.
Ce sont les entreprises de plus de 10 ans d’ancienneté qui connaissent les hausses les plus importantes, en ce qui concerne les redressements (environ +20% vs la stabilité pour la moyenne des autres anciennetés).
⇒ L’évolution des défaillances en région.
3 régions connaissent de fortes hausses : la Corse, la Nouvelle Aquitaine et les Pays de la Loire (entre +15 et 28%), alors que 4 régions sont plutôt en baisse (l’est, Paca et le Centre Val de Loire, entre -10% et +0,3%).
4 départements de l’outremer sur 5 connaissent de fortes progressions (+38 à +175%), mais avec 284 défaillances seulement et un taux de liquidation plutôt plus faible qu’en métropole.
Ceci étant, il faut rester prudent dans les conclusions à tirer de ces données dans l’attente des données des mois suivants pour une analyse sur 12 mois.
⇒ Les défaillances par activité.
Certaines activités ont malgré tout connu une progression des défaillances bien au-delà des 4,4% de progression, telles le nettoyage/sécurité (+39,6%), la livraison à domicile (+24,6%), les taxis/VTC (+19,9%), le conseil de gestion (+19,6%), l’informatique (+15,5%) et la restauration (+15,5%).
D’autres à l’inverse s’inscrivent dans la stabilité : le commerce de détail (-4%), de gros (-3%), l’industrie (-0,1%), et 2 activités mises à mal par la conjoncture : le gros œuvre (-0,2%) et les activités immobilières (+1,1%). Noter l’exception de l’activité financière (-16,8%), mais avec trés peu d’entreprises concernées (164).
Mon opinion : Altares est une excellente source de données, exhaustive et riche quant aux caractéristiques observées (nature des procédures, ancienneté, taille, localisation et activités fines des entreprises). Autres sources de qualité : la Banque de France et le Conseil national des administrateurs judiciaires et des mandataires judiciaires (CNAJMJ) .
Toutefois, cette source ne rend pas compte (ce n’est pas son objet) des liquidations prononcées ultérieurement suite à des redressements déjà enregistrés, ni des procédures préalables (mandat ad hoc, conciliation), ni des cessations d’entreprises individuelles (nombreuses) pour raisons économiques et qui ne sont pas passées par la procédure collective. Aucune source d’information fiable n’existe à ce jour sur cette question.
Pour en savoir plus : https://www.altares.com/whitepapers/etude-de-defaillances-et-sauvegardes-des-entreprises-en-france-t1-2025/