« Pour que l’activité professionnelle devienne espace où se réalise l’individu, laissons-lui davantage de responsabilités et rompons avec le productivisme » Dominique Méda, interviewe dans le journal Le Monde du 22 novembre

Le travail est à la fois facteur de production (Adam Smith), essence de l’homme (liberté créatrice qui permet de transformer le monde, Hegel), pivot de la distribution des revenus, des droits et protection et moyen de l’intégration de l’individu dans la société depuis le 20éme siècle. Ces trois dimensions coexistent dans notre représentation du concept travail, mais elles sont contradictoires.

« Les rapports des individus au travail se caractérisent par la même diversité. Les enquêtes montrent des français partagés entre trois classes à peu prés égales entre ceux qui considèrent que le travail est un  gagne-pain,  ceux qui y voient un vecteur d’épanouissement, et ceux pour lesquels il s’agit du moyen d’avoir une place dans la société », représentations qui sont afférentes à l’appartenance à des catégorises socioprofessionnelles, aux revenus et aux types de professions.

Ainsi pour les indépendants, les chefs d’entreprise, les cadres et les professions intellectuelles et celles des arts, le travail est source d’identité, d’épanouissement personnel, alors qu’il est un gagne-pain, voire une contrainte pour les ouvriers et employés. Par contre l’ampleur des attentes est égale pour tous. C’est ce que développe ensuite un encadré.

Les français sont les plus nombreux en Europe à penser le travail important : 67%, devant les italiens (64%), les espagnols (61%), les allemands (50%), les anglais (42%) et les finlandais (32%).

Moins de 30% des français disent que le travail est un moyen de gagner sa vie, alors que 68% déclarent la dimension intrinsèque très importante ; plus de la moitié sont tout à fait d’accord avec l’idée que le travail est nécessaire pour développer ses capacités contre 20% en Grande-Bretagne, Suède ou Finlande. De plus les jeunes sont les plus attentifs à ces dimensions, ajoutant le fait de continuer à apprendre, d’être utile à la société. Mais ces attentes fortes sont aussi déçues ; les français sont aussi  les européens les moins satisfaits au travail, les plus stressés, mal payés, moins autonomes, en proie à des relations moins bonnes avec leurs employeurs.