Après 8 trimestres consécutifs de baisse, les défaillances d’entreprises connaissent une hausse


"Défaillances et sauvegardes d’entreprises en France au 3éme trimestre 2018" Altares, novembre 2018

“Après 8 trimestres consécutifs de baisse, la sinistralité des entreprises remonte cet été. Tombée pour la première fois depuis dix ans sous le seuil de 11 000 défaillances au cours du 3e trimestre 2017, elle repasse au-dessus de 11 500 sur le 3e trimestre 2018 (hausse de 3,3% en métropole et au global de 6,8%).”

La hausse de 6,8% provient d’une extension de procédure de redressement judiciaire prononcé en août par le Tribunal Mixte de Commerce de Saint-Denis de la Réunion sur plus de 300 SNC filiales sans revenu de la société GESDOM

Rappelons que les défaillances étaient sur 12 mois glissants, en février 2014, au nombre de 64 333, pour retomber en septembre 2017 à 55 266, puis en septembre 2018 à 54 100.

 

Il y a cinq ans, les défaillances d’entreprises de l’été menaçaient plus de 56 000 emplois ; au cours de l’été 2018, ce nombre tombe sous 35 000 (en légère baisse au regard de 2017, -0,6%)

 

74% des jugements au 3éme trimestre 2018 concernent des entreprises de moins de trois salariés, et 87% des entreprises de moins de 10 salariés.

La hausse des défaillances 2018/2017 est plus marquée au sein des moins de 3 salariés (+8,5% vs 0,4 à 3% pour les autres tailles).

Les liquidations immédiates lors du jugement d’ouverture sont avant le fait des moins de 10 salariés (59 à 71%), vs 50% pour les 10-19 salariés, 34% pour les 20-49 salariés et 18% pour les 50 salariés et plus.

Pendant que les défaillances de PME de plus de 10 salariés reculaient de 28% sur 5 ans, elles ne se rétractaient que de 13% pour les TPE.

Au regard de l’ancienneté des entreprises, les tranches d’âge montrent une assez grande proximité de l’importance des défaillances (20% pour les moins de 3 ans, 27 pour les 3 à 5 ans, 24 pour les 5 à 10 ans et 29 pour les 11 ans et plus); remarquons toutefois que les 10 ans et moins comptent pour 71% (du fait de l’importance des très petites entreprises).

Les hausses les plus marquées entre 2017 et 2018 sont localisées dans la tranche des 6 à 10 ans (+11,7%) vs 4 à 6% pour les autres tranches.

Le % de liquidations directes est un peu plus élevé pour les 5 ans et moins (71 à 74%) que pour les plus de 5 ans (62 à 64%).

Des régions défaillantes (d’au moins +10%) : des régions de l’est et du nord, sauf la Corse 

-La Corse présente la hausse de sinistralité la plus forte (+33%)

-Puis le Grand-Est, où 949 procédures ont été ouvertes (+16%), le plus mauvais résultat depuis 2014 (1 066); restauration, boulangerie ou réparation automobile sont les plus exposés.

-Ensuite la Normandie est également en hausse notable (+13%) en comparaison d’un été 2017 qui avait été bas (469).
-Les Hauts-de-France affichent un dérapage sensible (+11%), mais là encore l’été 2017 avait été bon, permettant de ramener le nombre de défaillances à 812. 

Cinq autres régions métropolitaines accusent une augmentation plus modérée du nombre de défaillances d’entreprises : Nouvelle-Aquitaine et Centre Val de Loire (+8%), Occitanie et Ile-de-France (+5%) et Bretagne (+3%).

Par contre, en Bourgogne–Franche-Comté les défaillances se stabilisent sous les 430 procédures, un nombre qui reste donc supérieur à celui relevé durant l’été 2016 (407).

Trois régions présentent des tendances très favorables. Paca enregistre un recul de près de 11% par rapport à l’été 2017 et revient à un plus bas niveau de défaillances (1 061) depuis 2006 (1030). Pays-de-la-Loire et Auvergne-Rhône-Alpes, avec respectivement 497 et 1 248 procédures (-5%) obtiennent leur meilleur chiffre depuis le 3e trimestre 2007.

 

La sinistralité des entreprises remonte dans plusieurs secteurs :

-La construction avait enregistré un fort recul des défaillances d’entreprises un an plus tôt (-11%). Ce 3e trimestre 2018 stoppe le mouvement. La sinistralité remonte de 2,7% à 2 757 procédures. Tous les corps de métier repassent dans le rouge ; La tendance est cependant plus marquée dans la construction de maisons individuelles.

-Le commerce, deuxième poste de défaillances, stabilise sa sinistralité un peu au-dessus de 2 500 procédures. Si le commerce d’habillement (-11%) et le soin de la personne & optique (-16%) sont bien orientés, la vente et réparation de véhicules dérape de 6%.

L’industrie est également sur une tendance stable (+1%) portée par la manufacture (-12%) tandis que l’industrie alimentaire évolue très défavorablement (+24%) lestée par les produits de boulangerie-pâtisserie (+28%).

Dans les services aux entreprises, la sinistralité peut sembler exploser avec un rythme de +30%. Cependant, il convient de nuancer cette évolution. En effet, la lecture du niveau des défaillances dans les services administratifs aux entreprises est brouillée, ce trimestre, par le jugement d’extension prononcé à la Réunion sur les 350 SNC dont l’activité est rattachée à
la location – location bail. Corrigée de cette décision exceptionnelle, l’évolution des défaillances d’entreprises dans les services reste défavorable mais limitée à + 4%. Dans ce secteur, notons la bonne orientation des activités de conseil en communication et gestion (-23%) et les difficultés relevées dans la sécurité (+19%).

-Dans le transport routier de marchandises le nombre de défaillances d’entreprises augmente rapidement (+17%) en particulier dans le fret interurbain. La sinistralité des taxis continue de battre des records avec 107 défaillances (+45%) ce 3e trimestre.

-Dans les HCR, le nombre de procédures collectives augmente sensiblement dans les services à destination du consommateur (+9%), dans la restauration rapide (+24%) ou les débits de boisson (+13%).

-Dans les autres activités, la tendance est sévère pour les activités d’enseignement notamment de la conduite (+22%) et de formation continue d’adultes (+42%).