Les PME restent globalement confiantes en 2019, et en 2020.


"LES PME RÉSISTENT GRÂCE À LA SOLIDITÉ DU MARCHÉ INTÉRIEUR", Bpifrance, 70éme enquête de conjoncture, janvier 2020

Méthodologie : 37 000 entreprises des secteurs marchands non agricoles, de 1 à moins de 250 salariés et réalisant moins de 50M€ de chiffre d’affaires, ont été interrogées de mi-novembre à début décembre. 4 292 réponses reçues avant le 10 décembre, jugées complètes et fiables, ont été exploitées au niveau national et ont fait l’objet de déclinaisons pour l’ensemble des régions excepté la Corse et les Outre-Mer dont le nombre de réponses est insuffisant.

 

La confiance est toujours là, avec risque de diminution des embauches. A noter les entreprises de petites tailles et celles sur les marchés domestiques sont les plus en progression, contrairement aux années passées.

⇒ Le chiffre d’affaires

Les dirigeants de PME s’attendent pour 2019 à une stabilisation de la croissance de leur chiffre d’affaires, et ce malgré un léger tassement de leurs carnets de commandes sur les 6 derniers mois. Ils prévoient en moyenne une croissance de +3,8% en 2019, identique à la croissance 2018.

 

La croissance est robuste pour les PME orientées vers le marché intérieur : les PME de la construction et des services afficheraient une accélération de leur activité. L’activité ralentirait en revanche dans l’industrie, où l’indicateur reste toutefois toujours supérieur à sa moyenne de long terme : les PME exportatrices font part d’un net ralentissement de leur activité en 2019. L’activité accélèrerait dans les TPE.

 

Les perspectives d’activité pour 2020 sont globalement stables (plutôt en hausse pour les TPE et en baisse pour les PME). Si les perspectives d’activité s’amélioreraient dans le tourisme et dans une moindre mesure dans les transports, la construction et les services, elles se dégraderaient dans le commerce et surtout l’industrie du fait du contexte international, notamment pour les exportatrices, même si dans l’absolu, elles resteraient le groupe le plus dynamique.

⇒ Les embauches

Les PME semblent avoir accéléré leurs embauches en 2019, en particulier celles de petite taille et celles tournées vers le marché domestique, notamment dans la construction et le commerce; ils auraient freiné leurs embauches dans l’Industrie et les transports.

L’emploi serait plus dynamique en 2019 qu’en 2018 dans les PME de moins de 50 salariés (notamment les 10-19 salariés et les TPE), tandis que les PME de 50 salariés et plus (notamment les 50-99 salariés) freineraient leurs embauches. L’emploi accélèrerait aussi bien dans les PME innovantes que non innovantes; malgré le net ralentissement de leur activité, les PME orientées à l’international stabiliseraient globalement leurs embauches. 

 

Les difficultés de recrutement demeurent élevées : 87% des chefs d’entreprise ayant cherché à recruter déclarent avoir rencontré des difficultés; 49% font face à d’importantes difficultés (49%), particulièrement dans la construction (58%), le tourisme (54%).

 

Les embauches perdraient un peu de leur dynamisme en 2020, restant toutefois nettement au-dessus de la moyenne de long terme; c’est principalement dans le commerce et l’industrie que les perspectives d’emploi se dégradent; elles seraient également un peu moins dynamiques dans le secteur des services, alors que les PME de la construction prévoient une accélération de leurs embauches. Les PME exportatrices prévoient un net ralentissement de leurs embauches en 2020, alors que les non-exportatrices tablent sur une quasi stabilisation de leurs recrutements.

⇒ La trésorerie

Les PME font part d’une situation de trésorerie relativement aisée et qui s’est encore améliorée sur les 12 derniers mois; l’état de la trésorerie est en amélioration quasi continue depuis 6 ans, dépassant sensiblement son niveau d’avant-crise. Seule la trésorerie des PME exportatrices s’est légèrement dégradée, à l’inverse des PME non-exportatrices, alors qu’il est habituellement plus élevé chez les PME exportatrices.

De même, la rentabilité des PME devrait rester bonne. 82% des PME considèrent que leur rentabilité a été « bonne » ou « normale » en 2019, en légère progression sur 1 an.

Elle est attendue aussi bonne en 2020, se dégradant toutefois chez les PME exportatrices.

 

Seules 13% des PME déclarent avoir rencontré des difficultés d’accès au crédit de trésorerie, une proportion en baisse sur un an. L’accès au crédit de trésorerie est plus aisé qu’il y a un an aussi bien pour les TPE que pour les PME de 10 salariés et plus. Les difficultés d’accès au crédit de trésorerie sont en diminution quel que soit le secteur, sauf l’industrie où elles se stabilisent. Les difficultés restent nettement plus élevées chez les PME du Tourisme (23% d’entre elles).

Pour les PME rencontrant des difficultés pour financer leur exploitation courante, la raison principale demeure de loin le niveau insuffisant d’activité et/ou les perspectives trop incertaines; vient ensuite le montant trop élevé des garanties exigées (33%).

 

Seules 10% des PME ont rencontré des difficultés d’accès au crédit d’investissement, une proportion en légère baisse. Les PME du tourisme sont de loin celles qui déclarent le plus de difficultés d’accès (26 % d’entre elles contre en 7 et 10% pour les autres secteurs). 

Parmi les entreprises rencontrant des difficultés, la principale raison reste la fragilité financière de leur entreprise, en hausse (72% contre 68% il y a un an). Ce facteur est particulièrement cité chez les PME des transports et de l’industrie (respectivement 93% et 86%).

⇒ Les investissements

52% des PME déclarent avoir investi ou prévoient de le faire en 2019, une proportion en baisse de 5 points par rapport à 2018.
L’indicateur relatif à l’évolution des montants investis est en revanche stable sur 1 an, toujours bien supérieur à sa moyenne de long terme. L’investissement accélérerait dans les services et conserverait son dynamisme dans la construction et l’industrie (stable). À l’inverse, il ralentirait nettement dans les transports et, dans une moindre mesure, le tourisme et le commerce.

On constate une baisse relative de l’investissement mobilier (matériels, véhicules, équipements divers avec 55% contre 63% il y a un an) au profit des investissements immobiliers (36%, en hausse de 8 points).

⇒  La structure de financement évolue en conséquence

La part des emprunts bancaires à long terme augmente au détriment de ceux à moyen terme :  48% des investissements sont financés via le crédit-bail mobilier et des crédits bancaires de 2 à 7 ans (−5 points sur un an) et 14% via crédit-bail immobilier et prêts bancaires de 8 ans et plus (+8 points). 1/3 des investissements sont autofinancés (contre 38% en novembre dernier), soit une baisse malgré la situation financière aisée des entreprises.

Le principal frein à l’investissement reste la faiblesse de la demande (51%). Reflet de la bonne santé financière des PME, l’insuffisance de la rentabilité et le manque de fonds propres ne sont mentionnés que par respectivement 42% et 32% des dirigeants.

⇒ La conjoncture dans les régions

Les évolutions régionales sont contrastées. Les perspectives d’activité se replient notamment dans les Hauts-de-France et la Bourgogne-Franche-Comté, qui sont les régions les moins dynamiques avec une croissance moyenne anticipée du chiffre d’affaires de moins de 2%. À l’inverse, les PME du Centre-Val de Loire, d’Occitanie et de Provence-Alpes-Côte d’Azur l’estiment à plus de 4,5%. Les PME bretonnes et normandes ont revu nettement à la hausse leurs perspectives d’activité pour 2019.

Les PME font part d’une accélération de leurs embauches dans la plupart des régions, notamment le Grand Est, à l’exception de la Provence-Alpes-Côte d’Azur, du Centre-Val de Loire et de la Bourgogne-Franche-Comté. Les embauches restent particulièrement peu dynamiques en Normandie.

 

La santé financière des PME s’est améliorée dans toutes les régions, et plus particulièrement en Bretagne. La trésorerie continuerait de s’améliorer à court terme, hormis dans les PME du Centre-Val de Loire et des Hauts-de-France.

 

Les dépenses d’investissement ont fortement accéléré en Normandie, dans les Pays de la Loire et en Nouvelle-Aquitaine tandis qu’elles ont nettement ralenti en Auvergne-Rhône-Alpes et dans les Hauts-de-France où les perspectives d’activité pour 2019 ont significativement baissé.

 

Pour 2020, les perspectives d’activité et d’emploi sont également diverses mais restent toutefois bien supérieures à leur niveau de long terme dans toutes les régions, hormis en Centre-Val de Loire où elles sont au même niveau pour l’activité. Les PME d’Auvergne-Rhône-Alpes sont les plus pessimistes. À l’inverse, les PME de Normandie, de Nouvelle-Aquitaine et des Hauts-de-France prévoient une accélération de leur activité et de leurs embauches en 2020.

 

Pour en savoir davantage : https://www.bpifrance-lelab.fr/Analyses-Reflexions/Les-Travaux-du-Lab/Les-enquetes-de-conjoncture/70e-enquete-de-conjoncture-PME