Les statistiques de créations d’entreprises ne sont plus pertinentes.


Les données corrigées sur la création d'entreprise, analyse André Letowski des données brutes du fichier Siren de l'Insee

Impossible de chiffrer désormais les créations en réelle activité ou les créations en perspective de développement.

⇒ La correction des données

La remise à niveau faite par l’Insee pour situer la réalité des autoentrepreneurs devenus microentrepreneurs, devenue erronée depuis 5 ans, vient d’être faite, montrant un taux de microentrepreneur de 65% pour mars 2020-fevrier 2021 (au lieu d’environ 50% dans les données précedentes), de 25% pour les sociétés et de 9% pour les autres entreprises individuelles.

 

Or les microentrepreneurs agglomèrent les ex autoentrepreneurs (en termes de règles fiscales et sociales) et les nouveaux entrants même dépassant les anciens plafonds mais devant s’acquitter de la TVA, le régime social étant ouvert à tous ; de fait ceux qui ne peuvent l’être, telles certaines activités de santé, d’immobilier et de services financiers sont tenues de demeurer dans le groupe des autres entreprises individuelles. Entre 2018 et 2020, le taux de microentrepreneurs créateurs a évolué à la hausse.

 

Cette approche accroit l’incertitude pour chiffrer les créateurs actifs ; l’Accos dans sa dernière publication sur les statistiques à jour fin juin 2020 montre qu’ils ne sont plus que 47% (entre juillet 2019 et juin 2020) vs 60 les années précédentes.

 

Par ailleurs les statistiques sur la création en société sont elles aussi peu pertinentes dans la mesure où la majorité d’entre elles sont des sociétés unipersonnelles assimilables à des entreprises individuelles (payant leurs charges sociales dans les mêmes modalités que les entreprises individuelles).

⇒ L’évolution au cours des 12 derniers mois

Si donc le nombre de créations a connu une hausse les 12 derniers mois, celle-ci est incertaine. Si nous nous en tenons aux chiffres publiés par l’Insee, la période de crise sanitaire (mars 2020-février 2021) a connu une hausse de 5,5% au regard de la même période au cours des 12 mois précédents, celle-ci a été de 11,8% pour les microentrepreneurs alors que le nombre de création en société régressait de 0,3% et les autres entreprises individuelles de 15%.

En termes d’activité, la plupart ont des taux de micro-entrepreneurs d’au moins 66% (89% les transports, 73% les services aux particuliers), avec l’exception des services financiers (16,2%).

 

Par ailleurs, alors que le commerce et les HCR sont en forte difficulté du fait de la crise sanitaire, le nombre de création a augmenté pendant cette période, surtout dans la catégorie microentrepreneurs ! Sans doute doit-on voir là une précaution en cas de besoin de rémunération pour des salariés  menacés dans ces secteurs.

 

Si la forte hausse des microentrepreneurs est compréhensible dans les transports ( livraison, à domicile), elle l’est nettement moins dans le commerce (e-commerce ?) et dans les HCR ; dans les activités immobilières, la forte hausse du nombre de mandataires peut expliquer cela (voir l’article du Monde “mandataire immobilier : une reconversion en vogue” du 20 mars 2021).

⇒ Qu’en est-il de des créations de janvier-février 2021 comparées à celles de 2020 ?

On observe une hausse des microentrepreneurs de 21,7%, de 6,7% pour les créations en société et une régression de 12% pour les autres entreprises individuelles, alors que l’évolution des 12 mois antérieurs (situation “normale”) indiquait une hausse équilibrée de 7,3% pour les microentrepreneurs et de 7,8% pour les sociétés.

L’observation des activités suit les mêmes tendances que celles observées sur les 12 derniers mois : fortes hausses des transports, des HCR et stabilité voire baisse des activités santé-éducation, services aux entreprises, construction (une des activités économiques qui fonctionnent le mieux) et services aux particuliers (une activité de fait en nette baisse du point de vue économique).