Un taux de retour à l’emploi des chômeurs d’au moins 60%, 18 mois après leur sortie de formation.


"Quels taux de retour à l’emploi pour les demandeurs d’emploi formés ?", Dares Analyses N°11, février 2022

Il parait étonnant que le taux d’insertion dans l’emploi des chômeurs formés n’est pas très éloigné de celui des chômeurs non formés ; par contre l’emploi serait plus durable.

 

Entre 2017 et 2020, plus de 2,5 millions d’inscrits à Pôle emploi sont entrés en formation. Pour 76% d’entre eux, il s’agissait de leur première formation (les « primo-formés »). Le nombre de demandeurs d’emploi formés chaque année progresse continûment entre 2017 et 2020, passant de 597 000 à 741 000. En 2019, 782 000 personnes en recherche d’emploi ont été formées.

⇒ Profil des primo-formés

Les primo-formés sont inscrits à Pôle emploi depuis moins longtemps (67% d’inscrits depuis moins d’un an, contre 46), plus jeunes que l’ensemble des demandeurs d’emploi (28% moins de 26 ans, contre 18) ; ils sont un peu plus souvent des hommes (52 % contre 48), également plus diplômés (47% de titulaires au moins du bac, contre 43).

 

En revanche, ceux vivant dans un quartier prioritaire de la ville (QPV, 12%), ou ceux souffrant de handicap (8%) sont proches en profils de l’ensemble des demandeurs d’emploi.

 

Noter que Les femmes sont proportionnellement plus nombreuses à suivre des formations longues (pour lesquelles la différence entre formés et non-formés est plus faible), notamment dans le secteur des services à la personne.

⇒ Quel est l’objectif de ces formations ?

Sur la période 2017-2019, 33% des formations sont certifiantes (sanctionnées par un diplôme ou un certificat de qualification reconnu par l’État ou par les branches professionnelles) ; 16% visent à délivrer des savoirs de base, parfois pour une remise à niveau en vue d’une autre formation (ce sont des « pré-qualifiantes ») ; 12% recouvrent des formations d’adaptation au poste de travail (AFPR/POE5), préalables à un recrutement, incluant des périodes en entreprise. Les autres formations se partagent entre celles qui sont professionnalisantes (14%), de perfectionnement et d’élargissement des compétences (8%) et d’aide à la création d’entreprise
(5%). Certaines n’ont pas d’objectif spécifique renseigné (12%).

 

Les formations d’aide à la création d’entreprise et celles d’adaptation au poste de travail ont perdu en importance relative (-2 points dans les deux cas), au profit des formations de perfectionnement et d’élargissement des compétences (+4 points).

⇒ Quel volume horaire ?

Durant cette période, le volume horaire moyen de ces premières formations, est de 467 heures ; 21% durent plus de 700 heures et 30% moins de 120 heures. Entre 2017 et 2019, le volume horaire moyen baisse, passant de 475 à 448 heures.

Dans 60% des cas, le demandeur d’emploi n’est plus en formation 3 mois après son début ; 4% l’est toutefois encore 12 mois après. L’étalement de la formation a très peu évolué entre 2017 (117 jours en moyenne) et 2019 (119 jours).

⇒ Les retours à l’emploi

Les primo-formés ont des taux de retour à l’emploi salarié privé (hors particuliers employeurs) nettement plus élevés que les non-formés, dès 4 mois après l’entrée en formation, un écart qui ne peut pas être attribué directement à la formation suivie, les demandeurs d’emploi formés ayant des caractéristiques différentes des non-formés (ancienneté sur les listes de Pôle emploi plus faible, en termes d’âge, de niveau de diplôme et d’expérience professionnelle).

 

Pour neutraliser ces effets, chaque primo-formé est apparié avec des non-formés ayant des caractéristiques observables les plus proches possibles.

Par rapport à des demandeurs d’emploi de caractéristiques identiques, les inscrits qui ont suivi une formation ont une probabilité de retrouver un emploi plus élevée à partir de 6 mois après l’entrée en formation: 30% des primo-formés ont alors retrouvé un emploi, contre 29% des non-formés ayant des caractéristiques similaires.

 

48% des primo-formés ont connu au moins un épisode d’emploi dans l’année suivant leur entrée en formation ; à l’horizon de 18 mois (+9 points, avec un taux de retour à l’emploi de 60%) et de 24 mois (+9 points, avec un taux de 67%). Cet écart est encore plus important sur la probabilité de retrouver un emploi durable (+10 points à horizon 24 mois, avec un taux de 53%). Parmi les primo-formés retrouvant un emploi dans les 18 mois, plus de 3/4 retrouvent un emploi durable.

 

Lorsque l’on exclut les formations qui s’étalent sur plus d’une année, les personnes ayant suivi une formation certifiante ont un taux de retour à l’emploi à 18 mois supérieur à celui observé pour l’ensemble des formations (3 points de plus que l’écart moyen).

 

Lorsque l’on considère  toutes les formations longues (plus de 700 heures), les écarts de taux de retour à l’emploi ne sont pas plus élevés que la moyenne même en considérant des horizons éloignés après l’entrée en formation (36 mois après l’entrée en formation, les écarts sont de +9 points pour les formations étalées sur moins d’un an).

 

Les formations pour lesquelles l’écart de taux de retour à l’emploi entre formés et non-formés de profils similaires est le plus important sont celles visant l’adaptation au poste ; ces formations courtes sont associées à une offre d’emploi, et doivent déboucher sur une embauche.

⇒ Les entrées en formation atypiques en septembre

Le mois de septembre représente 16% des entrées en formation, nettement plus que les autres mois ; le public est plus jeune que la moyenne (+ 6 points de moins de 26 ans), plus diplômé (+ 8 points de titulaires d’un diplôme de niveau supérieur ou égal au bac) et plus féminin (+ 10 points de femmes).

 

Noter que les écarts moyens entre formés et non-formés pour les jeunes et les titulaires du bac ou d’un diplôme supérieur y sont plus faibles qu’en moyenne. La part des formations longues y est deux fois plus importante (42% contre 21), avec un taux de retour à l’emploi plus faible.
La part des formations dans les services aux personnes est 2 fois plus élevée que la moyenne (29% contre 15), avec des taux de retour à l’emploi inférieur, notamment en santé/action sociale, activité très présente, alors que les HCR moins présents ont des taux plutôt élevés ; inversement, la proportion des formations de gestion, d’information et communication, ou de production est moins importante, alors que ces spécialités mènent à des taux de retour à l’emploi supérieurs.

 

Au final, la différence entre formés et non-formés est plus nette chez les publics les plus éloignés de l’emploi.

 

Pour en savoir davantage : Quels taux de retour à l’emploi pour les demandeurs d’emploi formés ? | DARES (travail-emploi.gouv.fr)