Les créations d’entreprises non microentrepreneurs font état d’un taux de pérennité de 82%, 3 ans après leur création.


"Entreprises créées en 2018 : huit sur dix sont encore actives trois ans après leur création", Insee Première N°1962, juillet 2023

Sources : Sine est un dispositif permanent d’observation d’une génération de nouvelles entreprises tous les 4 ans. Le champ de l’enquête couvre l’ensemble des créations d’entreprises du 1er semestre d’une année donnée. Pour la présente étude, il se limite à 24 000 entreprises classiques (sociétés et entreprises individuelles non microentreprises) non agricoles, observée en 2018 et 2021. Cette cohorte sera une dernière fois enquêtée fin 2023. 

Le taux de pérennité à N ans est, pour une année donnée (2018 ou 2014), le rapport entre le nombre d’entreprises créées au cours du premier semestre ayant atteint leur Néme anniversaire, et l’ensemble des entreprises créées au cours du premier semestre. 

 

Les taux de pérennité, s’ils sont plus favorables aux créations sous forme de société, ont évolué nettement plus favorablement pour les entreprises individuelles entre 2014 et 2018.

⇒ Les créations pérennes à 3 ans.

Le taux des créations classiques à 3 ans est de 82%, mais de 84% pour les sociétés et de 75 pour les entreprises individuelles (hors microentrepreneurs). 

Les entreprises individuelles ont connu une plus forte perte de d’entreprises nouvelles 1 et 2 ans après leur création que les sociétés (perte de 20 points vs 9 pour les sociétés).

 

♦ Quelles caractéristiques conduisent à de meilleurs taux de pérennité ? Outre le statut juridique et le secteur d’activité, des moyens financiers plus élevés au démarrage et une plus grande expérience dans le métier augmentent les chances de pérennité. Ces chances augmentent aussi avec l’éloignement d’un pôle d’emploi et de population ; ainsi, les entreprises installées dans une commune hors d’attraction des pôles ont une probabilité d’être pérennes supérieure de 70% à celles qui se situent au sein de la commune-centre d’un pôle grande concurrence dans les communes les plus densément peuplées.

 

♦ L’impact sur l’emploi : 39% emploient au moins un salarié en plus du chef d’entreprise en 2018 (vs 27 l’année de création). Fin 2021, 268 000 personnes travaillaient dans les entreprises encore actives, dont 157 000 salariés.

 

Entre novembre 2018 et novembre 2021, l’emploi total a augmenté de 39 800 emplois ; la hausse de l’emploi dans les entreprises pérennes (77 800) a été 2 fois plus élevée que les pertes d’emplois dans les entreprises ayant cessé leur activité (38 000). Dans les entreprises pérennes, l’emploi salarié augmente (+70 500 salariés et +8 300 dirigeants salariés), mais est accompagné d’une légère baisse de l’emploi non salarié (-1 000). Ainsi dans les entreprises ayant cessé leur activité, 2/3 des emplois supprimés sont ceux des dirigeants.

 

Pour la génération 2014, l’emploi était juste stable après trois ans d’activité, les hausses d’emploi dans les entreprises pérennes compensant les pertes dans les entreprises ayant fermé. 223 000 personnes, dont 115 000 salariés sont recensées fin 2017.

 

⇒ Une comparaison 2014 et 2018 des taux de pérennité, 3 ans après la création :

 

♦ Les sociétés ont progressé de 1,3 point entre 2014 et 2018 (de 82,6 à 83,9%) contre +11,8 points pour les entreprises individuelles hors microentrepreneurs (de 63,4 à 75,2%).

 

♦ Mais les comparaisons 2018/2014 sont à prendre avec précaution
Entre 2014 et 2018, la pérennité des entreprises augmente en partie du fait du changement de la structure de l’échantillon ; au global, 3,3 points sont dus à un effet de structure lié au poids plus important des sociétés en 2018 ; pour les entreprises individuelles, la forte hausse doit être tempérée par la baisse du nombre d’entreprises individuelles (du fait du régime de la microentreprise qui a connu une forte hausse), ces dernières étant plus développeurs que celles de la génération 2014). 

 

Ces effets de structure sont conséquents pour les activités immobilières, les services aux particuliers et l’industrie et faibles pour les services aux entreprises, l’informatique-communication, le transport et la santé/éducation.

 

♦ Quelles évolutions par secteur d’activité ?

 

Les taux de pérennité à 3 ans  (2018-2021) sont proches pour les sociétés, quelle que soit l’activité exercée (entre 81 et 90%), alors que ceux des entreprises individuelles sont nettement plus diversifiés (entre 58 et 83%). 

 

3 activités aux écarts modestes : l’activité santé/éducation connait sous l’une et l’autre forme un taux élevé en 2018-2021 (87 pour les sociétés et 83% pour les entreprises individuelles), et peu d’écart entre les générations 2014 et 2018 (-0,2 et +1,6%) ; la situation est encore assez proche pour les transports avec des taux de pérennité assez proches (82,6 et 76,6%), et de faibles écarts quant à l’évolution 2014-2018 (-1,7 et +2,8%). Elle l’est aussi pour les services aux entreprises en ce qui concerne le écarts pour les créations 2018 (85,6 et 78,9%) ; par contre le taux de pérennité des entreprises individuelles a nettement progressé entre 2014 et 2018 (+11,7 points).

 

5 activités ont des écarts importants de taux de pérennité entre les sociétés et les entreprises individuelles (entre 19 et 30%).

2 activités ont des écarts importants entre les formes de création : l’industrie (26 points) et les activités financières et assurances (22 points), mais l’évolution des taux de pérennité entre les générations 2014 et 2018 est faible et proche.

 

3 autres activités ont aussi des écarts importants entre les formes de création : les activités immobilières (30 points), l’informatique-communication (29,5 points) et le commerce (19 points) ; par contre l’évolution entre les générations 2014 et 2018 est fort favorable (11 points), ce qui est contraire pour l’informatique-communication qui régresse de 4 points pour les entreprises individuelles. 

 

Les autres activités connaissent des écarts de 12 à 15 points entre les taux pour les sociétés et les entreprises individuelles ; elles s’inscrivent dans la tendance générale d’une hausse nette des taux de pérennité pour les entreprises individuelles entre 2014 et 2018 et une hausse faible pour les sociétés.

 

⇒ L’évolution de la situation des entreprises 

♦ Les objectifs poursuivis à 3 ans

15% des entrepreneurs ont pour objectif de sauvegarder leur entreprise (8 points de moins que la génération 2014). Les entreprises de transport sont les plus concernées (27%), suivies de celles des HCR (23%).

Dans la santé/éducation, les créateurs visent plus souvent le maintien de leur activité à son niveau actuel (50%, contre 32% dans l’ensemble).

 44 à 57% des entrepreneurs désirent avant tout accroître le niveau d’activité de leur entreprise, notamment le commerce et les services aux entreprises et aux particuliers (56-57,5%).

 

♦ L’impact de la crise sanitaire

 

-Créées en 2018, ces entreprises ont au plus 2 ans d’ancienneté lorsque survient la pandémie de Covid-19. 55% des actives en 2021 déclarent une chute de leur activité, notamment celles des HCR (78%), du transport (77%, notamment taxi et VTC) et des services aux ménages (73%) ; le secteur des activités financières et d’assurance est moins affecté (38%). 

 

-15% des entreprises employeuses ont réduit leurs effectifs. 15% se sont séparées d’employés, qu’il s’agisse de ruptures conventionnelles, de non‑renouvellements de CDD,  de licenciements de CDI ou de non‑renouvellements d’intérimaires.

 

Ces baisses de main-d’œuvre ont touché plus fréquemment les entreprises des HCR (20%), de transport, et de l’industrie (17% dans ces deux secteurs).  8% ont annulé ou reporté des embauches.  Parmi les entreprises employeuses qui ont dû adapter leurs effectifs, 90% ont bénéficié de dispositifs d’aides.

 

-Du fait de la baisse de leur activité, 6 entreprises sur 10 ont rencontré des difficultés financières, et 4 sur 10 un manque de débouchés ; le secteur de la construction (50%) a été plus touché que les autres secteurs par les problèmes d’approvisionnement. 

Pour faire face à des besoins en trésorerie, 20% ont utilisé leurs ressources personnelles ou celles de leurs associés (31% les HCR). Un entrepreneur sur 6 a par ailleurs fait appel à des aides financières. 

 

-19% ont rencontré des obstacles à l’investissement : la moitié a été freinées par la baisse d’activité, 42% par le manque de fonds propres, 31% par un refus de crédit bancaire.

⇒ Le recours aux aides

64% ont eu recours à l’un des dispositifs d’aide mis en place lors de la crise sanitaire : 29% le report des échéances sociales ou fiscales, 25% le fonds de solidarité pour les indépendants, 22% le PGE, 21% l’indemnisation de chômage partiel et 7% l’exonération de cotisations sociales ou la remise d’impôt direct.

 

Dans les HCR, 86% ont bénéficié d’un dispositif d’aide, 45% le recours au fonds de solidarité pour les indépendants, 43% l’indemnisation de chômage partiel, 39% le report des échéances sociales ou fiscales, 37% le PGE, 21% des exonérations de cotisations sociales ou des remises d’impôts directs.

 

84% des entrepreneurs ayant recouru à ces aides considèrent qu’elles ont permis de préserver l’activité de leur entreprise partiellement (48%) ou totalement (36%).

 

Pour en savoir davantage : https://www.insee.fr/fr/statistiques/7653231