52% des 50 ans et plus sont satisfaits de leur situation professionnelle.


"Comment les séniors envisagent-ils leur avenir professionnel jusqu'à la retraite ?", Cereq Bref N°443, lu août 2023

Méthodologie : l’enquête porte sur les salariés âgés de 50 ans et plus, recensés par le dispositif Defis, interrogeant en 2015 plus de 4 169 individus de 50 ans et plus, et par ailleurs salariés en décembre 2013.

 

Au moment où les seniors sont amenés à prolonger leur vie professionnelle, qu’en est-il de leur relation à leur travail ? comment la vivent-ils et se donnent-ils les moyens pour la dynamiser ?

⇒ 4 groupes de salariés séniors appréhendent différemment leur avenir :  

♦ «Vers la retraite» (30%) : une situation jugée satisfaisante sans perspective recherchée d’évolution. Ce sont les plus satisfaits de leur situation professionnelle, qui leur assure stabilité de l’emploi et assurance d’être employé à leur juste valeur ; plus des 2/3 affichent une ancienneté dans l’entreprise supérieure à 10 ans. Ils estiment utiliser pleinement leurs compétences dans un emploi correspondant à leur qualification. Leur vie professionnelle s’est déroulée sans changements majeurs (même métier, peu d’interruptions). Ils n’envisagent plus de possibilités d’évolution professionnelle.

 

Ces salariés présentent des caractéristiques relativement proches de la moyenne des salariés séniors en termes de secteur d’activité (surreprésentation toutefois dans le transport, la logistique et le tourisme, notamment les chauffeurs routiers). 25% (vs 17) ont quitté l’école depuis plus de 40 ans ; entrés plus tôt que les autres sur le marché du travail, le nombre d’annuités qu’ils ont cumulées leur permet d’envisager un départ prochain à la retraite.

 

♦ «Montée en compétences» (30%) ou la nécessité de se former pour rester en emploi.

Ce sont les plus nombreux à formuler en 2015 un projet professionnel pour les 5 années à venir (93% contre 68 pour l’ensemble).

 

Très investis dans leur travail (ils transmettent leurs connaissances et font des propositions pour améliorer leur poste de travail), ils déclarent plus souvent que les autres être confrontés à des risques de perte d’emploi, auxquels s’ajoutent des perspectives de progression très limitées. Ils sont plus nombreux à souhaiter faire évoluer le contenu de leur activité, gagner en responsabilité et, s’il le faut, changer d’entreprise. Leurs besoins de formation sont criants : 83% déclarent un manque de compétences. Ils sont les plus nombreux à souhaiter se former en 2015 (66% contre 48), même si seulement 21% formulent une demande. 

 

Ce groupe est composé à 38% de femmes. on y trouve une part plus importante de diplômés de niveau baccalauréat. Ils occupent plus souvent des postes de techniciens et agents de maitrise. Plus souvent en CDI que la moyenne, ils bénéficient également d’une ancienneté élevée dans l’entreprise. Leur travail relève davantage d’activités de gestion ou d’administration des entreprises. 

 

♦ «Progression en interne » (22% de l’échantillon) : leur parcours se caractérise par la stabilité de l’emploi et la progression professionnelle. Ils sont plus souvent que les autres en CDI et moins nombreux à redouter la perte de leur emploi ; ils sont pleinement satisfaits de leur travail qu’ils jugent intéressant et bien rémunéré. Presque tous estiment avoir encore des possibilités d’évoluer dans les prochaines années (95% contre 25% dans l’ensemble).

Ils déclarent d’importants besoins de formation  (29% contre 18% dans l’ensemble).

 

Ce groupe est principalement composé d’hommes, diplômés, occupant des postes très qualifiés, avec des rémunérations plus élevées que la moyenne des salariés de 50 ans et plus. Ils sont plus nombreux à travailler dans des entreprises de 1000 salariés et plus, et au sein de secteurs relevant de la fabrication industrielle ou des activités financières et d’assurances.

Ils exercent plus souvent des métiers dont les conditions, compatibles avec l’avancée en âge (seulement 30% jugent leur travail pénible contre 44% en moyenne), ce qui leur permet d’envisager une retraite plus tardive.

 

♦ «Reconversion» (18%) : une volonté de changement dans un contexte peu propice à la formation.

Ce sont les moins satisfaits de leur situation professionnelle : travail inintéressant, pénible, qui génère de l’ennui et requiert des gestes répétitifs . Ils estiment que leur emploi ne correspond pas à leur qualification et n’est pas suffisamment rémunéré.

 

De plus, ils ne pensent pas avoir la possibilité d’évoluer dans leur emploi, ni que l’implication dans leur travail puisse avoir des effets bénéfiques.

Ils formulent des projets de changements professionnels : 37% souhaitent changer de métier ou de profession et 30% d’entreprise (contre respectivement 20% dans l’ensemble).
Leur itinéraire professionnel passé illustre l’enfermement de ces salariés dans des parcours plus difficiles, marqués par le chômage, la précarité et l’absence d’évolution professionnelle. Alors que 53% d’entre eux souhaitent se former en 2015, seuls 7% formulent une demande

 

C’est le groupe le plus féminisé, rassemblant des salariés moins diplômés que la moyenne des séniors et occupant davantage des postes peu qualifiés. Plus souvent à temps partiel, ils ont les niveaux de salaires les plus bas (31% vs 17).

On y trouve des métiers du transport, de la logistique et du tourisme (conducteurs de transports en commun, livreurs) et des métiers de services aux particuliers et aux collectivités (d’agents d’entretien notamment). 

 

Quand bien même leur âge leur permettrait d’accéder à la retraite, le trop faible nombre d’annuités cumulées et le bas niveau des rémunérations perçues leur imposent souvent de continuer à travailler tout en formulant des souhaits d’évolution radicale, notamment en dehors de l’entreprise.

Leurs opinions sur l’utilisation de leurs compétences dans leur travail, sur le travail lui-même, et sur leurs projets pour les 5 années à venir :

Leurs souhaits de prendre davantage de responsabilité, de faire évoluer le contenu de leur travail, de changer de métier, celui de demander des formations et d’apprendre des choses nouvelles ; ces indications seraient notamment utiles pour les seniors qui envisagent de se mettre à leur compte (une création plutôt contrainte ou au contraire pour s’épanouir).

⇒ Que sont-ils devenus en 2019 ?

♦ Deux catégories de séniors n’ont pas rencontré d’importantes difficultés dans leur parcours :

-les salariés du groupe «Vers la retraite » (30%) sont majoritairement retraités en 2019 (58% contre 42  pour l’ensemble),

-ceux du groupe «Progression en interne » (22%) sont restés dans la même entreprise  (les trois 3/4 de ceux encore en emploi en 2019) ; Ils sont les plus nombreux à avoir satisfait leurs souhaits d’évolution au sein de l’entreprise. Leurs pratiques de formation semblent se dérouler conformément aux aspirations exprimées 5 ans auparavant. 

 

♦ Les 2 autres catégories de séniors connaissent des parcours plus difficiles.

-Les salariés du groupe «Montée en compétences » (30%) déclarent plus souvent que les autres ne pas avoir réalisé leurs souhaits d’évolution. Une part non négligeable a pu accéder à la formation, mais pas conformément à leurs souhaits initiaux, et avec peu d’effets sur leur évolution professionnelle et leur travail.

-Les salariés du groupe «Reconversion», aux conditions de travail les plus dégradées, sont aussi ceux qui suivent les parcours les plus chaotiques (changements d’entreprise, périodes importantes de chômage). Leurs souhaits de formation n’ont pas été réalisés conformément à leurs vœux ; Ils sont aussi les moins nombreux à s’être formés, le plus souvent dans le cadre de formations obligatoires ne permettant pas d’impulser les reconversions escomptées.

Ils sont les moins nombreux à avoir glissé vers la retraite (26% contre 42). Ils se trouvent souvent dans l’obligation économique de rester en activité.

 

Pour en savoir davantage : https://www.cereq.fr/comment-les-seniors-envisagent-ils-leur-avenir-professionnel-jusqua-la-retraite