La France, champion de la création d’entreprises au sein de la zone euro.


"La dynamique entrepreneuriale sur 2000-2022 : y a-t-il une spécificité française ?" France Stratégie, point de vue, novembre 2023

Sources : données Insee, Eurostat et OCDE actualisées jusque fin 2022, 

 

La comparaison faite dans cette étude oublie de vérifier la similitude des statuts (sociétés, entreprise individuelle et microentreprise, n’intégrant pas pour ce dernier statut le fait que 40% environ des immatriculations ne produiront jamais de recettes) et la similitude des activités (notamment dans l’industrie) rendant l’analyse peu fiable.

 

Le micro-entrepreneuriat s’est progressivement substitué aux entreprises individuelles classiques (BPI France, 2022) dont la part dans l’ensemble des créations a diminué continument de 21% en 2009 à 11% en 2022. À l’inverse, les sociétés (SAS, SASU, SARL) représentent une part stable des créations d’entreprises, environ 30% depuis 2009.
En comparaison internationale, les données OCDE issues de la base Timely Indicators of Entrepreneurship que la création de sociétés en France, en hausse de 5,6% en moyenne par an depuis 2000, croît rapidement par rapport aux autres pays de l’OCDE pour lesquels les données sont disponibles.

Entre 2015 et 2022, le nombre d’immatriculations est multiplié par près de deux en France, contre 1,2 dans la zone euro.

 

La comparaison internationale réalisée entre 12 pays à partir des données OCDE montre 3 grands types de dynamique entrepreneuriale depuis 2000 :

-Le premier se caractérise par une diminution tendancielle du nombre d’entreprises créées sur l’ensemble de la période (Allemagne, Italie). Cette baisse tendancielle s’explique surtout par le vieillissement de la population en Allemagne, et par le haut niveau de concentration du tissu productif allemand, qui contribue à augmenter les barrières à l’entrée de nouvelles entreprises

-Le deuxième décrit une hausse fortement et durablement heurtée par la Grande Récession de 2008, soit un profil pro-cyclique marqué (pays nordiques de l’Union européenne).

-Enfin le dernier type (Belgique, États-Unis, France, Royaume-Uni, Portugal) présente une dynamique positive sur la période 2000-2022, mais plus faiblement impactée par la Grande Récession.

 

Début 2021, tous les pays présentent un niveau de créations d’entreprise supérieur à celui prévalant fin 2019. 

Concernant la France, la création d’entreprise sur la période 2020-2022 apparaît sans « cicatrice apparente », avec un retour à la tendance haussière de long terme, suivi d’un plateau haut jusque fin 2022. La dynamique de court terme en France présente des similitudes avec celle observée aux États-Unis, analysée comme atypique au regard des évolutions antérieures. En Espagne, au Portugal et en Allemagne, la création d’entreprise fin 2022 est globalement au niveau de 2019, la tendance baissière en Allemagne semble interrompue. Au global, à fin 2022, on constate dans la plupart des pays étudiés un retour des créations d’entreprise à leur tendance antérieure à la crise du covid (tendance à la hausse ou stable), après une période de rattrapage post-Covid. 

Enfin, durant l’épisode 2020-2022, la comparaison européenne montre que la France se distingue par un rebond plus important qu’en moyenne dans l’UE et dans les pays de la zone euro, suivi jusqu’au quatrième trimestre 2022 d’un plateau à un haut niveau d’immatriculations d’entreprise par trimestre. Au sein de la zone euro, la France apparaît plus résiliente à la fois en termes de créations et de destructions d’entreprise sur la période 2020-2022.

Il faut aussi observer, ce que ne dit pas cette prise de position, la forte hausse d’immatriculation de microentreprise pendant cette crise sanitaire, par précaution au cas où il y aurait licenciement, ce qui ne signifie pas que ces microentrepreneurs aient produit des recettes. 

 

L’évolution tendancielle vers une économie tertiaire est légèrement plus marquée en France qu’en moyenne dans l’UE (l’immatriculation sous forme de microentreprise est particulièrement favorable aux entreprises de service impliquant peu d’investissement).

De 2000 à 2022, plus de la moitié des créations annuelles d’entreprises se concentrent en moyenne dans le secteur du commerce-transport-hébergement-restauration (31%) et des services aux entreprises (20%), contre 10% environ dans la construction et 5% dans l’industrie.  On y constate la forte augmentation de la part des créations d’entreprise dans les services aux entreprises et sa diminution dans la construction.

L’étude fine des créations d’entreprise par secteur d’activité montre en France une légère déformation de la structure sectorielle à partir du deuxième trimestre 2020, en faveur notamment des services aux entreprises, des services aux ménages, de l’industrie et enfin du secteur de l’informatique/communication.

 

La comparaison internationale à partir des données d’Eurostat montre une « sur-performance » de la France en particulier que dans l’industrie, où le nombre d’immatriculations depuis 2015 est multiplié par 2,5 en France contre 1,2 en zone euro et 1 en Allemagne (départ de salarié devenu microentrepreneur au service de son ex entreprise) , mais aussi dans le secteur de l’informatique/communication (2,4 contre 1,5 dans la zone euro), dans la finance-assurance et activités spécialisées (2,4 contre 1,4 en zone euro), et dans le secteur de l’éducation-santé-action sociale. A contrario, dans la construction et les HCR le dynamisme en France n’est que de 30% environ supérieur à celui constaté en zone euro.

 

La crise de 2020 révèle une plus grande résistance du système productif en France qu’en moyenne dans la zone euro ; ainsi, au 2éme trimestre 2020, le nombre d’immatriculations dans l’économie diminue de 19% en France, contre 28% dans la zone euro. Ceci est manifeste dans l’industrie (-16% en France, -25% dans la zone euro et -22% en Allemagne), dans le commerce, les transports et le secteur de l’informatique/communication.

 

Dès le 3éme trimestre 2020, le rebond de l’activité en France est plus élevé qu’en moyenne dans la zone euro : le nombre trimestriel d’immatriculations augmente de 23%, contre 5% dans la zone euro. Cette plus forte résilience s’observe dans tous les secteurs d’activité et en particulier dans les secteurs des HCR (+34% contre +2% en moyenne dans la zone euro), de la construction (+13% contre + %), de l’industrie (+11% contre -1%), du transport (+75% contre +25%) et enfin dans le secteur du commerce (+42% contre +20%).
Le rattrapage se poursuit jusqu’à la fin du premier semestre 2021, avec pour certains secteurs des corrections à la baisse de l’activité par rapport à la zone euro. Il s’agit notamment des secteurs du commerce, du transport, des HCR et de la construction. 

 

Pour en savoir davantage : https://www.strategie.gouv.fr/point-de-vue/dynamique-entrepreneuriale-2000-2022-y-t-une-specificite-francaise