31% des chefs d’entreprise ont renoncé à voir un médecin, le plus souvent par manque de temps.


"ETUDE SUR LES MALADIES LONGUES DES DIRIGEANTS EN ENTREPRISES, ANTICIPATION ET CONSÉQUENCES", LA FONDATION MMA DES ENTREPRENEURS DU FUTUR, BPIFRANCE LE LAB, et OCCURRENCE, juin 2024|",

Méthodologie : enquête téléphonique auprès de 1500 répondants chefs d’entreprises, directeurs, gérants de TPE,PME et ETI (1 à 4 999 salariés) et membres de CODIR/COMEX d’ETI, réalisée entre le 14 février et le 26 mars 2024.

 

Profils des répondants : 63% d’hommes et 37 de femmes ; 13% de moins de 34 ans, 40 de 35 à 49 ans , 41 de 50 à 64 ans et 6 de 65 ans et plus ; 69% sont dirigeants d’entreprise de 1 à 5 salariés, 26 de 6 à 49 salariés, 4 de 50 salariés et plus ; 42% possèdent la totalité du capital, 26% la moitié ou plus ; 52% ont plus 10 ans d’ancienneté dans la fonction (31 de 10 à 20 ans et 21 plus de 20 ans), et 48% moins de 10 ans (21 au plus 5 ans et 27 de 5 à 10 ans).

Un élément nouveau dans ce baromètre, le questionnement des 4% déclarant une longue maladie (mais il ne sont que 63 répondants dans l’enquête).

 

La mauvaise santé physique et mentale a souvent des conséquences sur l’équilibre vie professionnelle, vie privée ; ces 3 composantes influent nettement sur la situation de l’entreprise.

 

⇒ En termes de santé : 90% disent être en bonne santé :

 

– 46% sont en très bonne santé dont 64% des chefs d’entreprise de moins de 3 ans d’ancienneté, 63% des 25-34 ans, 54% n’ont jamais pratiqué de visites médicales et 54% ont un bon équilibre vie personnelle et vie professionnelle.

– 44% sont en bonne santé.

Noter que 76% estiment être en bonne forme psychologique (anxiété, stress…), dont 28% en très bonne forme. Ceux en bonne santé et en bon équilibre vie professionnelle et vie privée sont habituellement en bonne forme psychologique.

 

Quels problèmes habituels de “forme” ?

3 problèmes fréquents : le mal au dos (43%), des douleurs articulaires (38% mais 48 les 50-64 ans) et des troubles du sommeil (36) ; suivent  les migraines (22), des troubles oculaires (18), des troubles gastriques, ou ulcères (14), des douleurs intestinales (14), des troubles de l’audition (9), des troubles cardiaques mineurs (8).

Noter que 29% n’ont aucun de ces troubles, dont 50% les 18-24 ans, 37% ceux en bonne forme psychologique et 37% ceux en bon équilibre vie professionnelle et personnelle.

Entre 2021 et 2024 le % de troubles est proche quelque soit le trouble.

 

♦ Noter que 37% des répondants ont des difficultés à concilier leur vie professionnelle et leur vie personnelle ; 17% affirment de fortes difficultés, dont les agriculteurs (42%), vs 3% les dirigeants ayant moins de 3 ans d’ancienneté ; 20% répondent plutôt en difficulté, notamment ceux en situation de maladie longue (35%), ceux du secteur de la santé (32%), les 25-34 ans (28%), mais peu les 65 ans et plus (10%).

44% disent ne pas rencontrer ce type de difficulté, notamment ceux en très bonne santé (65%), ou en bonne forme psychologique (52%).

⇒ Vont-ils chez le médecin ?

♦ 63% des dirigeants ne vont chez le médecin qu’en cas de problème ; ce sont plus souvent des co-gérants ou co-responsables (74) et des chefs d’entreprise de moins de 5 ans d’ancienneté (70-72). 10% n’y vont jamais.

Par contre, 27% font des check-up réguliers, notamment les plus de 65 ans (54%) et les dirigeants de plus de 20 ans d’ancienneté (35%).

 

♦ 31% des chefs d’entreprise ont renoncé à voir un médecin dont 60% par manque de temps et pour privilégier leur activité professionnelle (notamment les 25-34 ans 75% ou ceux de moins de 10 ans d’ancienneté) et 12% parce qu’ils estimaient que ce n’était pas nécessaire.

⇒ Mais 4% sont ou ont été touchés par une maladie longue,

notamment ceux de plus de 65 ans (12%). Le cancer est la première maladie citée (35%), suivie de maladies chroniques (25) et de maladies cardio-vasculaires (13) ; 27% sont concernés par une autre pathologie.

 

♦ 87% d’entre eux ont choisi de parler de leurs problèmes de santé, notamment 38 auprès de leurs conseils (avocats, experts-comptables, consultants), 38 auprès d’autres personnes au sein de leur entreprise, 35 auprès de leur banquier, 33 auprès de leur cercle professionnel élargi (clients, prestataires, et fournisseurs), 32% auprès de leurs associés, 27% auprès de la direction des ressources humaines et 19% de la direction de la communication de leur entreprise ; 13% ont choisi de ne pas en parler. Le conjoint et la famille ne sont pas cités, sans doute parce que cela est évident.

 

19% ont choisi de communiquer publiquement sur leur état de santé (message interne, mails clients, etc.) ; 41% ont souhaité que cette information ne soit pas confidentielle, sans pour autant communiquer formellement sur leur état de santé et 40% ont souhaité qu’au-delà des personnes qu’ils ont choisi d’alerter, l’information reste confidentielle.

 

♦ Pour 44%, leur état de santé leur font ou leur ont fait craindre pour l’avenir de leur entreprise, dont 30% tout à fait (notamment ceux en mauvais équilibre vie professionnelle /vie personnelle, 45%). 55% ne l’ont pas craint, notamment les 6-49 salariés (75%) et ceux en bonne santé psychologique ou physique.

 

♦ 51% n’ont pas constaté d’impact sur l’activité de leur entreprise.

Quel impact constaté pour les autres :

– En termes de chiffre d’affaires, 21% ont constaté une baisse, mais 13% un maintien voire une hausse, et 8% une redynamisation de l’activité,

-16% une réorganisation de l’entreprise, 11% des difficultés relationnelles avec les équipes, les clients, les relations d’affaires (notamment ceux en mauvaise forme psychologique 35%, et ceux ayant crainte pour l’avenir 25%), 6% des tensions avec les fournisseurs et ou partenaires historiques (notamment ceux de 6 à 49 salariés 25%, et ceux en mauvaise forme psychologique, 24%), mais 5% une amélioration des relations avec les équipes, les clients et les relations d’affaires,

– 13% des difficultés à trouver des financements et donc un report ou une annulation d’investissements, notamment ceux en mauvais état de santé (29%), mais pas ceux avec plus de 20 ans ancienneté (0%).

 

Au final, 24% font état d’impacts positifs, 41% d’impacts négatifs (notamment ceux en mauvais état de santé 71%, en mauvaise forme psychologique 65% et ceux en crainte pour l’avenir 64%) ; 51% ne font état d’aucun impact (ceux en bon équilibre vie professionnelle /vie personnelle 62% et sans crainte pour l’avenir 69%).

 

♦ Noter que 62% n’ont pas constaté d’impact sur leurs collaborateurs, notamment les plus de 20 ans d’ancienneté (75%), ceux sans crainte pour l’avenir (77%), quoique en maladie chronique (81%).

 

13% ont toutefois connu des difficultés à faire avancer les dossiers en leur absence, et 8% une dégradation de l’ambiance de travail, alors que dans 24% des situations, il y a eu développement d’un esprit d’équipe, et dans 13% des talents se sont révélés (exemple : des collaborateurs sont spontanément montés sur certains sujets).

 

♦ Les impacts de la maladie sur leur vie de dirigeant au quotidien : aucun pour 46% alors que pour les 54% autres, il y a eu soit réorganisation de leur activité (29%), soit délégation ou sous-traitance des activités (25%), soit abandon de certaines activités pour 22% (notamment pour ceux en activité entre 10 et 20 ans 48%, du fait du mauvais état de santé 43% et de crainte pour l’avenir 39%), ces 3 modalités pouvant se cumuler.

 

 

♦ Pour 52% la maladie n’a pas modifié leur façon de diriger l’entreprise ou de gérer le quotidien, alors que ceux craignant pour l’avenir et en mauvaise santé ont modifié leur façon de diriger au quotidien (48% dont tout à fait 27) ; 16% ont décidé de se faire remplacer (dont 10 partiellement).

Par ailleurs, 35% n’ont procédé à aucun aménagement. Par contre, si 33% ont maintenu l’activité, ils l’ont fait avec des aménagements (ex : renégociation des délais pour les contrats en cours révision heures d’ouverture) ; 21% ont recruté ; 13% ont réduit leur activité ; 6% ont fermé temporairement l’entreprise.

 

Pour les 48% qui ont modifié leur façon d’exercer leur fonction, 40% ont opéré des assouplissements dans l’organisation de leur travail, 17% ont mis en place un nouveau processus de travail avec leurs équipes, 10% ont nommé un adjoint pour palier à leurs éventuelles absences ; 13% ont par ailleurs mis en place des dispositifs d’information et de prévention santé au travail.

 

Mais 84% n’ont pas quitté leur fonction de dirigeant à la suite de leur situation de santé, alors que 10% ont décidé de se faire remplacer partiellement et 6 totalement.

 

♦ 79% des dirigeants en situation de maladie longue ont fait appel à une aide extérieure pour trouver des solutions d’accompagnement.

48% se sont tournés en 1er vers leurs cercles proches, puis vers l’assurance maladie (14%), vers leurs comptables et experts comptables (13%), vers un juriste ou un notaire (11%), vers leur assureur (8%, vers une association de malades (6%), voire  leur syndicat professionnel (6%) ou leur compagnie consulaire (5%). 21% n’ont fait appel à personne.

 

⇒ Parmi les dirigeants non actuellement affectés par une longue maladie, 63% ne craignent pas de l’être par une longue maladie.

 

♦ Toutefois, 82% ont pris des dispositions pour prévenir l’apparition de la maladie grave, notamment les plus de 65 ans (91%), les dirigeants en mauvaise santé (88%), ceux souffrants de troubles et douleurs (86%), et les femmes (85%).

 

Pour prévenir une éventuelle apparition, 82% pratiquent la prévention santé au quotidien :

– En termes de santé : 54% ont repris une activité physique régulière, 48% ont changé leurs habitudes alimentaires, 27% ont diminué leur consommation d’alcool et 24% ont arrêté de fumer ; par ailleurs, 27% ont mis en place des checkups réguliers avec leur médecin : 18% n’ont pris aucune disposition. 

– 49% ont pris une assurance professionnelle (les 1 à 5 salariés, 53% et ceux de plus de 50 salariés, 60 et 72% ; ceux de la construction aussi) ; 20% ont pris contact avec des professionnels (assureur, comptable, avocat) pour s’informer sur les dispositions à prendre et 17% ont réfléchi à un plan d’action à déployer si le cas de figure devait se présenter ; 40% n’ont pris aucune disposition.

 

-En cas de survenance d’une maladie grave, ils se tourneraient vers leurs amis et  famille (29%), leur assurance Maladie (29), leur expert-comptable (26), leur assureur (26), un avocat, juriste ou notaire (15),  leur syndicat professionnel (8), leur compagnie consulaire (5) ou une association de malades (6).

 

53% envisageraient de revoir leur fonction de dirigeant en cas de maladie grave : 24% envisageraient de se faire remplacer totalement (notamment les plus de 65ans, 44%), 29% partiellement ; 25% n’envisagent pas de revoir leur fonction de dirigeant ; 21% ne savent pas répondre.

⇒ En conclusion.

Il y a un lien manifeste entre les comportements vécus positivement ou négativement face à la maladie avec les 3 items santé physique, mentale et équilibre de vie professionnelle/vie privée.

 

♦ Une approche positive :

Ainsi au global, une bonne forme mentale s’associe avec un bon équilibre vie professionnelle et vie privée.

En cas de longue maladie, si 49% ne formulent pas de crainte pour l’avenir de leur entreprise, ces mêmes personnes sont 60% à être en bonne santé physique et 61 en bonne santé mentale ; même constat quand l’impact de la maladie est perçu comme neutre, alors ces répondants sont 67% en bonne santé physique, 62 en bon équilibre vie professionnelle/vie personnelle et 61% en bonne santé mentale.

 

♦ Une approche négative :

Par contre quand la forme mentale est mauvaise (18%), la santé physique l’est plus encore (45%), tout comme l’équilibre vie professionnelle, vie privée est mauvais pour 31%. Quand l’équilibre vie professionnelle et vie privée est tout à fait mauvais (17%), la santé physique l’est plus encore (27%).

En cas de longue maladie, 30% craignent pour l’avenir de leur entreprise et sont dans le même temps 45% en difficulté d’équilibre vie professionnelle et vie privée. 13% disent avoir difficulté pour trouver des financements, et dans le même temps ils sont 29% en mauvaise santé. 11% sont en tension avec leur équipe ou des clients et dans le même temps 35% sont en mauvaise santé mentale. Par ailleurs 41% vivent négativement la maladie et sont 65% en mauvaise santé mentale.

Ce ne sont que quelques exemples, ne disposant pas des tableaux pour une exploitation plus fine.

 

Pour en savoir davantage : https://fondation-entrepreneurs.mma/FCKeditor/UserFiles/File/FondationMMA_BPILab_Etude_Dirigeants_Maladies_Longues_2024_VDEF.pdf