L’activité diminue légèrement, l’emploi résiste et les investissements sont à la baisse.


"ENQUÊTE DE CONJONCTURE DU PREMIER SEMESTRE 2024 AUPRÈS DES TPE-PME LE REBOND SE FAIT ATTENDRE", Bpifrance, juillet 2024

Méthodologie : près de 40 000 entreprises des secteurs marchands non agricoles, de 1 à 249 salariés et réalisant moins de 50 M€ de chiffre d’affaires, ont été interrogées au printemps 2024. 5 136 réponses reçues entre le 13 mai et le 11 juin 2024, jugées complètes et fiables, ont été exploitées au niveau national et ont fait l’objet de déclinaisons pour l’ensemble des régions excepté la Corse et les Outre-Mer dont le nombre de réponses est insuffisant.

 

Les perspectives pour 2025 ne changent guère.

⇒ Le chiffre d’affaires.

♦ Le chiffre d’affaires des TPE-PME est attendu en léger recul en 2024 ; les PME exportatrices et innovantes résistent mieux en ce début d’année.
Une moindre proportion de chefs d’entreprise prévoient une hausse de leur activité (28% contre 36% en novembre dernier), alors que 26% anticipent une baisse (27% il y a 6 mois) et 46% une stabilisation.

La croissance moyenne du chiffre d’affaires est attendue légèrement négative en 2024, à −0,5% après +0,6% estimé en 2023. La croissance du chiffre d’affaires est attendue plus faible qu’au cours des dernières années, quelle que soit la taille de l’entreprise.

 

Les TPE, habituellement moins dynamiques, connaîtraient un recul de 2,5% de leur chiffre d’affaires. Les PME d’au moins 20 salariés verraient en revanche leur chiffre d’affaires progresser en 2024, de manière croissante selon la taille (+0,6% pour celles de 20 à 49 salariés, +1,2% pour celles de 50 à 99 salariés et +2% pour celles de 100 salariés ou plus).

 

♦ Les entreprises exportatrices, tout comme les entreprises innovantes, qui affichaient un ralentissement un peu plus fort de l’activité en 2023 que leurs homologues non-exportatrices et non-innovantes, résistent mieux début 2024. Elles continueraient ainsi d’afficher une croissance positive de leur chiffre d’affaires cette année (+1 et +2%) à l’inverse des non-exportatrices non-innovantes (−2%).

 

♦ Les perspectives d’activité pour 2025 sont stables. Les dirigeants de très grosses PME (100-249 salariés) sont plus confiants, alors que les perspectives d’activité se stabilisent au sein des autres tailles. 
Les PME fortement exportatrices, c’est-à-dire réalisant au moins 25% de leur chiffre d’affaires à l’international, qui avaient jusqu’ici relativement mieux résisté, voient leurs perspectives d’activité pour 2025 se dégrader, mais elles resteraient plus dynamiques que les PME non exportatrices ou réalisant moins du quart de leur chiffre d’affaires à l’international.

 

Noter que les difficultés d’approvisionnement se sont estompées et limitent désormais significativement l’activité de 29% des TPE-PME contre 36% en novembre 2023.

⇒ Les perspectives d’activité pour l’année 2024 selon les secteurs d’activité et les régions.

♦ Le secteur des services se stabiliserait ce semestre et s’établit au plus haut niveau au sein des différents secteurs, les dirigeants prévoyant une croissance positive de leur chiffre d’affaires cette année (+1%).

Les dirigeants industriels prévoient en moyenne une stabilisation de leur chiffre d’affaires cette année.

Le secteur du Tourisme poursuit sa correction. Les dirigeants du secteur anticipent en moyenne une croissance nulle de leur chiffre d’affaires cette année (après +5 % estimé en 2023).
Les secteurs des Transports, du Commerce et de la Construction sont les plus affectés. Ils prévoient en moyenne un recul de leur chiffre d’affaires, de 1% dans les Transports, 2% dans le Commerce et 3% dans la Construction.

 

♦ En ce qui concerne les régions, le Nord-Ouest connaît des évolutions plus favorables que le reste de la France. La Bretagne est la seule région dans laquelle la croissance anticipée du chiffre d’affaires des TPE-PME est positive, et la Normandie affiche une amélioration du solde d’opinion sur l’activité à un niveau supérieur à sa moyenne de long terme. À l’inverse, les dirigeants de TPE-PME localisées en Bourgogne-Franche-Comté et dans le Grand-Est sont plus pessimistes que la moyenne concernant l’évolution de leur activité cette année.

⇒ L’emploi se montre résilient.

L’indicateur relatif à l’évolution des effectifs des TPE-PME, qui avait nettement reculé à l’automne, se redresse partiellement et repasse ainsi tout juste au-dessus de sa moyenne de long terme. Il évolue un peu moins favorablement du côté des plus grosses PME et reste proche de sa moyenne historique chez les TPE.

 

♦ Les créations d’emploi sont globalement mieux orientées que l’activité, en particulier dans l’Industrie et dans les Services ;  1/4 des dirigeants prévoient d’augmenter leurs effectifs cette année (contre 12 à 18% dans les autres secteurs).
L’emploi serait relativement peu dynamique dans le Commerce, la Construction et les transports, où pour ce dernier secteur les dirigeants sont plus nombreux à prévoir de réduire leurs effectifs (14% d’entre eux) que les augmenter (12%).

 

♦ Comme habituellement, les embauches seraient plus dynamiques au sein des plus de 10 salariés, et plus encore pour les 100 salariés et plus. Toutefois, on se situe prés de la moyenne long terme quelle que soit la taille de l’entreprise. Les intentions d’embauche sont 2 fois plus élevées chez celles tournées à l’international que celles centrées sur le marché domestique.

 

♦ Les difficultés de recrutement demeurent élevées, mais sont moins prégnantes qu’en novembre dernier. 78% des dirigeants signalent toujours des difficultés pour recruter, une proportion stable par rapport à fin 2023, vs 74% sur la période 2000-2019. Les dirigeants sont moins nombreux à rencontrer d’importantes difficultés de recrutement (34% vs 42% il y a un an). Elles sont les plus élevées dans le secteur de la Construction (41%), malgré des embauches peu dynamiques. et dans l’industrie (37%).

 

♦ En les perspectives d’embauche résistent. Cette résilience de l’emploi s’observe avant tout chez les PME d’au moins 10 salariés, alors que les embauches seraient particulièrement dynamiques dans les PME d’au moins 100 salariés ; au sein des TPE, elles seraient à la baisse.
Les embauches resteraient particulièrement dynamiques dans l’Industrie ; elles ralentiraient dans une moindre mesure dans les Services et le Commerce et se redresseraient légèrement dans les Transports ; à l’inverse, elles ralentiraient fortement dans le Tourisme ; elles seraient atones dans la Construction. 

⇒ La trésorerie.

♦ Comme un an auparavant, 25% des PME jugent leur trésorerie difficile tandis que 15% la jugent aisée et 60% normale. Cette stabilité s’observe dans la plupart des secteurs à l’exception des Services, où la trésorerie s’est améliorée récemment et des Transports, où elle s’est à l’inverse dégradée.  

 

Les PME sont moins inquiètes qu’en novembre dernier quant à l’évolution future de leur trésorerie, mais ne s’attendent pas à une amélioration.

L’opinion sur l’évolution de la trésorerie future est globalement stable sur 1 an dans l’Industrie, le Tourisme et les Services, mais se dégrade dans le Commerce et la Construction, dans lesquels il s’inscrit nettement sous sa moyenne historique. 

 

La rentabilité des PME a diminué en 2023 : la part de dirigeants jugeant leur rentabilité mauvaise est relativement stable sur 2 ans (autour de 22%), alors que 28% (-5 points) la juge bonne.

Pour l’année 2024, les dirigeants sont un peu plus nombreux à prévoir une diminution de leur rentabilité qu’une augmentation. 
Elle diminuerait légèrement dans l’Industrie et le Commerce et plus fortement dans les Transports, la Construction et le Tourisme. Les PME des Services sont plus optimistes.

 

♦ Les PGE

– La consommation des PGE a globalement peu évolué au cours du semestre. Parmi la moitié de dirigeants de TPE-PME ayant obtenu un PGE, 67% déclarent en avoir consommé la majorité, dont 47% la quasi-totalité.
La consommation progresse plus fortement dans l’Industrie avec 67% de dirigeants rapportant avoir dépensé la majorité du prêt accordé (62% au semestre précédent).

 

Le remboursement des prêts s’accélère : 19% annoncent avoir déjà intégralement remboursé leur PGE (+3 points en 6 mois) et 10% prévoient de le rembourser dans son intégralité d’ici la fin de l’année 2024. Elles seraient à l’inverse 66% à anticiper amortir le prêt sur plusieurs années (75% en novembre dernier).
Les TPE-PME de la Construction, qui étaient les plus inquiètes quant au remboursement de leur PGE le semestre précédent, sont nombreuses à anticiper un remboursement cette année (16%, en plus des 17% déclarant l’avoir déjà remboursé dans son intégralité).

 

– Les craintes de non remboursement demeurent stables :  4% craignent de ne pas être en mesure de le rembourser, une proportion stable sur 6 mois comme sur 1 an.

 

L’accès au crédit de trésorerie se stabilise. 13% des dirigeants déclarent rencontrer des difficultés pour financer leur exploitation courante, une proportion stable sur le semestre et proche du niveau observé avant crise sanitaire.
Les difficultés d’accès au crédit de trésorerie se sont fortement réduites dans le Tourisme (17% vs 23 le semestre précédent) ; elles ont à l’inverse progressé dans les Transports (16 vs 8% avant la crise).

 

53% expliquent ces difficultés d’accès au crédit de trésorerie par le niveau insuffisant de leur activité et/ou des perspectives incertaines, en hausse ce semestre (+3 points), notamment pour le commerce (64%, +14 points). Les garanties jugées trop élevées sont la 2éme source d’explication (citées par 31% des dirigeants en rencontrant), à égalité avec le risque associé au secteur d’activité (30%). Le niveau élevé des garanties exigées est en forte progression dans la Construction (+14 points à +48, proche toutefois des niveaux de 2019 pour ce secteur).

⇒ Les investissements.

♦ En 2024, les dirigeants seraient moins nombreux à réaliser des investissements (43% après 45% un an auparavant et 50% en moyenne depuis 2002). 
L’industrie se distingue des autres secteurs avec 57% prévoyant des investissements au cours de l’année 2024, une proportion bien supérieure à celle observée dans les autres secteurs (entre 33 et 45%). 45% (vs 52 un an avant) l’ont fait ou l’envisagent dans le transport, 44% (vs 49) dans la construction, 42% (+1 point) dans le tourisme 34% (vs 39) dans les services et 33% (vs 33) dans le commerce.

 

L’évolution des montants investis chute de 6 points. 

 

♦ Par destination, les dirigeants prévoient une diminution sur un an de la part des dépenses allouées aux investissements immobiliers (37% après 42) au profit des investissements mobiliers (57% après 50) et aux investissements corporels (6 % des dépenses d’investissement totales, vs 8 il y a un an).

 

Seules 28% (vs 35 en 2022 et 42 en 2021) déclarent avoir réalisé des investissements verts en 2023. La part de TPE-PME dont les investissements verts représentent plus de 10% de leurs dépenses totales d’investissement recule de 2 points sur un an pour s’établir à 12%.
Les dépenses d’investissements verts sont attendues en ralentissement en 2024.

 

Ce ralentissement des investissements verts s’observe dans l’ensemble des secteurs d’activité. Les TPE-PME du Tourisme et de l’Industrie restent les plus nombreuses à en réaliser (44 et 35% en 2023).

 

♦ Les investissements sont de plus en plus autofinancés. Alors qu’avant crise, ils étaient principalement financés par crédit bancaire à moyen terme (37% en mai 2019 contre 30% d’autofinancement), cette tendance s’est inversée, l’autofinancement devenant la principale source de financement des investissements (40%) contre 29% par crédit bancaire à moyen terme et 16% par crédit-bail mobilier.

Les TPE-PME ayant déjà réalisé ou prévoyant des investissements verts en 2024 comptent les autofinancer à hauteur de 61% (contre 40% pour l’ensemble des dépenses d’investissements) et obtenir un financement bancaire pour 33% des dépenses, les 6% restant étant financés soit par augmentation de fonds propres (2%) ou par d’autres moyens (subventions ou aides publiques, financement participatif, etc.. 4%).

 

Pour en savoir davantage : https://lelab.bpifrance.fr/enquetes/enquete-tpe-et-pme-au-premier-semestre-2024-le-rebond-se-fait-attendre