Un regard sur la création d’entreprise au Québec, comparé au reste du Canada : intentions de créer, obstacles, éléments déclencheurs, images des chefs d’entreprise en place…


« Indice entrepreneurial québécois 2013 » Fondation de l’Entrepreneurship (FDE), lu mai 2013

La fondation réalise depuis 2009, en collaboration avec Léger Marketing, un sondage sur l’entrepreneuriat au Québec, en collaboration avec la Caisse de dépôt et placement du Québec, pour mesurer l’ambition des entrepreneurs actuels et ceux en projet.

 

Une perception très favorable de l’entrepreneuriat et de l’entrepreneur

L’enrichissement pour un entrepreneur est perçu de façon très favorable : «l’enrichissement de façon juste et équitable comme entrepreneur est possible» (90%, 80% Reste Du Canada), « l’enrichissement personnel d’un entrepreneur est sain» (80%, en RDC 77).

L’apport de l’entrepreneur est jugé important : « les gens qui réussissent en affaires sont des modèles pour la communauté » (78%, 80 en RDC), « les entrepreneurs sont des créateurs d’emplois et de richesse » (85%, en RDC 80).

 

Ces propos sont confirmés par 2 items un peu moins cités (mais davantage par les québécois) :

« L’entrepreneuriat est un choix de carrière désirable» (79%, 70 en RDC) et « les entrepreneurs sont généralement honnêtes » (68%, en RDC 60).

65% (57 en RDC) connaissent une personne qui a crée une entreprise ; 35% (31 en RDC) disent avoir une bonne connaissance « du monde des affaires », et 23% (23 en RDC) avoir un bon réseau de contact d’affaires. 53 % (47% en RDC) mentionnent être entourés de gens positifs qui les motiveraient à se lancer en affaires.

L’opinion est globalement plus favorable au Québec, comme cela est souvent dans les pays qui entreprennent le moins.

 

Mais 36% (43 en RDC) seulement disent avoir les capacités et les compétences, 14% (12 en RDC) une situation financière qui permettrait de se lancer.

La compétence et la capacité à se lancer en affaires ont été acquises principalement par des expériences personnelles (44%). La famille (23 %) ainsi que le milieu scolaire (14 %) constituent aussi des modèles d’inspiration importants.

 

Une forte minorité de la population dit avoir été sensibilisée à l’entrepreneuriat (entre 37 et 45%), hors les intervenants scolaires (21%) ; de plus pour plus d’1/3 de ces personnes sensibilisées le propos est largement positif et rarement négatif :

 

Amis ou collègues

Gens d’affaires

Famille

Intervenants scolaires

Non sensibilisés

55

63

56

78

Sentiment positif

36

32

33

18

Sentiment négatif

8

5

10

4

Parmi les éléments les plus attrayants pour devenir propriétaire d’une entreprise, la liberté dans le travail est essentiel : indépendance sur la prise de décisions (36%), flexibilité dans le travail (31 %), liberté de création (21%), aux cotés de la satisfaction personnelle (31%) et la possibilité de réaliser ses ambitions (26%), avant celle de gagner beaucoup d’argent (24%).

 

En outre, plus du tiers de la population du Québec (36%) croit que le gouvernement provincial encourage l’entrepreneuriat sur le territoire, contre seulement 24% des gens qui croient l’inverse (Ne sait pas : 40%).

Les Québécois pensent, à 27%, que les paliers municipal et fédéral encouragent également l’entrepreneuriat sur le territoire.

Enfin, pour améliorer la culture entrepreneuriale, les répondants croient qu’il faudrait promouvoir davantage les occasions de carrière qu’offre l’entrepreneuriat (44%), mais également accentuer les communications sur l’importance de l’entrepreneuriat (20%) et sur la réussite d’entrepreneurs locaux et nationaux (18%).

 

Les intentions de créer

 

En 2013, 15% de la population manifeste l’intention de créer un jour une nouvelle entreprise ou de reprendre une entreprise existante (21% pour le Canada-RdC) ; en excluant les entrepreneurs ayant répondu, le pourcentage d’intention serait plutôt de l’ordre de 12% (RDC, 18%). 11% des femmes manifestent cette intention contre 19% des hommes. Ils sont 25% chez les 18 à 34 ans contre 16% chez les 35 à 54 ans.

 

6,3% de la population adulte a réalisé, au cours des douze derniers mois, des démarches en vue de créer ou de reprendre une entreprise (9% en RdC) ; en excluant les gens déjà installés, le taux tombe à 3,9% (RDC : 4,7%).

Noter que la proportion globale des démarches chez les femmes, contrairement à celle de l’intention, est près du taux chez les hommes (hommes : 7% ; femmes : 5,6%). Le taux chez les jeunes, tout comme celui des 35 à 54 ans, est supérieur à la moyenne (18 à 34 ans : 7,4% ; 35 à 54 ans : 8% ; 35 ans et plus : 6%).

61% (62% en RDC) ont l’intention de créer une entreprise, 14% d’en reprendre une (dont 5,5% l’entreprise où ils travaillent) ; 25% ne savent pas.

Ceci étant seuls 7,8% souhaiteraient le faire dans l’année (19% en RDC), 30,5% dans un délai de moins de 3 ans (39,4% en RDC).

 

Les principaux motifs évoqués sont le besoin d’accomplissement personnel, celui de relever un défi ou de réaliser un rêve (57%) ainsi que le désir d’être indépendant, d’avoir une grande liberté (37%), auquel on peut ajouter le fait de ne pas avoir de patron sur le dos (14,5%) ; l’augmentation du revenu personnel et du niveau de vie concerne 26% et la saisie d’une opportunité 14%.

 

Les éléments déclencheurs

28% affirment que l’augmentation de leur compétence et de leur expérience les ferait passer à l’action plus rapidement ; 25% la présence d’un partenaire d’affaires pour partager les coûts et les risques et 23 % une occasion d’affaires ; sont jugés moins importants, une aide gouvernementale, un financement public (17%), ou l’appui d’un mentor (12,5%).

 

58,5% estiment d’avoir besoin d’un investissement financier de moins de 100 000$ et 30% entre 100 000 et 250 000$.

3 sources de financement sont envisagées : les banques ou autres institutions financières (30%), les programmes gouvernementaux (28% contre 8% en RDC) ainsi que les économies personnelles (30% contre 45% en RDC).

 

68% veulent créer au moins un emploi autre que le leur  (dont 36,5% de 1 à 3 et 31,5% plus de 3).

 

Les obstacles les plus importants sont de l’ordre du financier (les économies personnelles insuffisantes avec 18%, le financement public ou privé insuffisant avec 14,5%) ; à cela s’ajoute la crainte du risque encouru (15%) ; sont aussi d’importance le manque de temps (28%), la faible crédibilité en raison de l’âge (17%, mais 47% pour les moins de 35 ans), la complexité administrative, légale ou fiscale (16%).

 

31% des personnes ayant fait des démarches pour créer une nouvelle entreprise ou en reprendre ont sollicité de l’aide auprès des organismes gouvernementaux ; l’aide sollicitée est surtout d’ordre financier (58%), mais également d’ordre « formatif, informatif » et technique ; celle ci est jugée satisfaisante par 69%.

 

10,4% de la population adulte mentionne avoir déjà fermé ou abandonné les activités d’une entreprise au cours de leur vie (10,6% en RDC) ; les femmes sont moins nombreuses que les hommes à avoir fermé une entreprise (7,7% contre 13,2%) ; les 35 ans et plus sont 12,8% à l’avoir fait contre 2,5% les moins de 35 ans.

 

Les entrepreneurs en activité

 

En 2013, 11,4% de la population adulte est propriétaire d’une entreprise (15,7% en RdC) ; les femmes y sont 9,7%, les hommes (13,2%) et les moins de 35 ans 4,8%.

25% dont copropriétaire de leur entreprise. 82% ont crée ; 18% ont repris dont 10% dans l’entreprise où ils travaillaient.

84% ont investi moins de 100 000$ (moins de 75 000€). 56% ont eu recours à leurs économies personnelles, 19% aux banques, 15% à la famille et 5% à des programmes gouvernementaux

51,5% ont démarré leur première entreprise avant l’âge 35 ans (dont 16% avant 25 ans) et 80% avant celui de 45 ans. 69 % étaient salariés, en études (16 %) ou à la recherche d’un emploi (16 %), bien moins qu’en France.

37% ont plus de 10 ans d’ancienneté (34% en RDC) et 40% au plus 5 ans (51% en RDC) :

 

Moins d’un an

De 1 à 3 ans

De 4 à 5 ans

De 6 à 10 ans

Plus de 10 ans

Québec

9,5

16,0

14,8

20,0

37,4

RDC

11,5

26,6

12,5

15,6

33,7

29% envisagent de prendre leur retraite d’ici les dix prochaines années (31 % en RDC), mais 40% ne savent pas quand ; 46% projettent de fermer leur entreprise lorsqu’ils la quitteront ; 46% envisagent de vendre l’entreprise ou de la transmettre aux enfants ou aux employés ; parmi ceux qui souhaitent pérenniser leur entreprise, 44% disent avoir identifié un repreneur. 1/3 ont un plan de transfert de propriété et de direction, qu’il soit structuré ou non.

 

10% ont déjà fermé une entreprise au cours de leur vie ; trois groupes de raison ont conduit à la cessation : d’une part les raisons financières (23 %) et la concurrence (12%), d’autre part des motifs personnels tels une séparation ou la maladie (15 %), la retraite (14 %), un changement de travail (10%) et enfin la mésentente avec un associé (10%).

 

58% ont été chefs d’entreprise au plus 5 ans (12 % moins d’un an, 28,5% de 3 à 5 ans et 18% de 4 à 5 ans) et 23% plus de 10 ans ; mais 25% sont prêts à créer à nouveau.

 

4 types de circonstances les conduiraient à créer à nouveau : un appui extérieur (30% une aide gouvernementale, 7,5% l’appui d’un mentor), une volonté personnelle (17% une motivation renouvelée, 8% une amélioration de leurs compétences), la saisie d’opportunité (21,5%) et une amélioration de la conjoncture (19%).

 

Qu’en est-il des dirigeants ayant crée ou repris depuis moins de 5 ans, en termes de croissance ?

 

56% ont réuni moins de 50 000$ (37 500€) au démarrage et 16% plus de 200 000$ (chiffres comparables avec la RDC).

56% ont généré un chiffre d’affaires inférieur à 50 000 $ lors de la première année d’exploitation et 21 % un chiffre compris entre 50 000 et 499 999 $ (les résultats sont un peu supérieurs en RDC).

Par rapport à leur première année, 28% affirment avoir fait progresser leur chiffre d’affaires, 12% l’ont vu diminuer et 32% ont connu la stabilité (mais on ne sait rien des 28% restant).

 

59% ont créé uniquement leur propre emploi, 26,7% de 1 à 3 emplois, 7,4% de 4 à 5 emplois, 4,6% de 6 à 10 emplois et 2,3% 11 emplois et plus. Les résultats sont similaires en RDC. Depuis la création de leur nouvelle entreprise (il y a cinq ans ou moins), les trois quarts affirment avoir conservé le même nombre d’emplois, 13% l’avoir augmenté et 13 l’avoir diminué ; en majorité, ceux qui ont réussi à augmenter le nombre d’emplois ont généré de 1 à 3 nouveaux emplois depuis les débuts en affaires.

 

51% affirment que leur niveau de satisfaction par rapport à leurs premières années en affaires est conforme aux attentes de départ, mais 41% se disent insatisfaits (plus qu’en RDC, 27,5%); Ils affirment principalement « ne pas faire assez d’argent » ou « avoir des affaires qui se portent moins bien qu’ils ne l’avaient prévu « ; notons que 7,5 % affirment être davantage satisfaits par rapport aux attentes de départ.

 

Qu’en est-il de l’ensemble des entrepreneurs en activité au regard des intentions de croissance, de l’évolution envisagée des effectifs et des marchés, pour les 3 prochaines années ?

1/3 envisagent d’intensifier leurs activités d’affaires nettement moins qu’en RDC (53%) ; par ailleurs 53% n’ont pas la volonté de croitre (37% en RDC) ; les entrepreneurs du Québec sembleraient avoir moins la fibre de l’ambition.

Parmi ceux qui veulent croitre, il s’agit très majoritairement de faire croitre les recettes en interne, peu du développement externe (création d’une entreprise, 8% ou achat d’une entreprise, 5%).

Ceux qui n’envisagent pas de croitre, citent l’obstacle de la conjoncture (35%), d’autre part l’endettement nécessaire pour investir (15%) ou la peur de ne pas rentabiliser les investissements (14%), d’autre part encore le manque de liquidités (17%) ou le soutien insuffisant des banques (9%), enfin 10% évoquent les charges sur salaires.

 

Le maintien des emplois est préconisé par 44% pour la prochaine année ; 12,5 % envisagent d’embaucher, et 3% de licencier ; 14% visent l’amélioration de la productivité avec le personnel en place.

44,5% limitent leur marché au territoire du Québec. 12% agissent à l’export (15,5% en RDC) et 15 % ont la volonté d’être actifs à l’international (le double en RDC avec 32%) ; 68% de ceux là disent avoir besoin d’aide principalement sous forme de contacts influents, mais également de conseils et d’accompagnement.

 

Pour 25% l’innovation est très importante (26 en RDC), pour 42% moyennement importante (53% en RDC) et pour 34% peu importante (20% en RDC) ; l’innovation serait remise en cause lorsque la demande est tellement forte par rapport à l’offre que l’innovation ne semblerait pas toujours nécessaire. Toutefois, 63 % sont « totalement » ou « assez » d’accord avec l’énoncé affirmant que l’innovation est un gage de succès pour une entreprise et de ne pas le reconnaître serait la vouer à l’échec ; mais seulement 32% envisagent d’investir dans l’innovation (37 en RDC) et 44% affirment que l’innovation ne fait pas partie de leur stratégie. Pour innover, les chefs d’entreprise disent avoir besoin de conseils techniques (29 %), de contacts influents (24 %), de financement public ou privé (23 %) et d’un accès à des réseaux (10,5 %).

Quand il y a innovation, 83% la consacre au produit/service, 42% à l’organisation, 25% au commercial et 21% à des procédés.