Contrairement à ce que l’on dit souvent, les ilots de pauvreté sont d’abord dans les centres villes et non dans les couronnes périphériques


« Une pauvreté très présente dans les villes-centres des grands pôles urbains », Insee Première N° 1 552, juin 2015

À compter des données 2012, un nouveau dispositif permet une observation du revenu disponible des ménages à un niveau territorial plus fin que le département, jusqu’à la commune. Ce dispositif, le Fichier localisé social et fiscal (Filosofi), offre une nouvelle lecture de la carte des revenus, des inégalités et de la pauvreté monétaire.

Définitions : un pôle est une unité urbaine (zone de bâti continu d’au moins 2 000 habitants) d’au moins 1 500 emplois. Sa couronne correspond aux communes ou unités urbaines, dont au moins 40% de la population résidente ayant un emploi travaille dans le pôle ou dans les communes attirées par celui-ci.

On distingue les grands pôles urbains fondés sur des espaces d’au moins 10 000 emplois (regroupant les villes-centres, avec plus de 50% de la population du pôle et les banlieues), les moyens pôles, basés sur des espaces de 5 000 à moins de 10 000 emplois et les petits pôles basées sur des espaces de 1 500 à moins de 5 000 emplois.

Les communes multipolarisées des grands pôles urbains sont les communes, dont au moins 40% de la population résidente ayant un emploi, travaille dans plusieurs grandes aires urbaines, sans atteindre ce seuil avec une seule d’entre elles ; elles forment avec elles un ensemble d’un seul tenant, appelé espace des grandes aires urbaines.

Les autres communes multipolarisées sont celles situées hors de l’espace des grandes aires urbaines, dont au moins 40% de la population résidente ayant un emploi travaille dans plusieurs aires (petites, moyennes ou grandes).

Les communes isolées sont celles restantes

 

Pauvreté monétaire : une personne (ou un ménage) est considérée comme pauvre lorsque son niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté ; ce seuil est fixé à 60% du niveau de vie médian, soit en France métropolitaine 11 871€ annuels en 2012, ou 990€ par mois.

L’intensité de la pauvreté est l’écart relatif  entre le niveau de vie médian des personnes pauvres et le seuil de pauvreté.

 

 

En 2012, le taux de pauvreté, reste le plus élevé en Corse, Languedoc-Roussillon et Nord-Pas-de-Calais (autour de 20%) ; il est le plus faible en Bretagne et Pays de la Loire (moins de 11 %).

Au niveau départemental, c’est en Île-de-France que se trouvent à la fois les départements ayant le plus fort et le plus faible taux de pauvreté. Hors Île-de-France, tous les départements des régions Nord-Pas-de-Calais, Corse, et Languedoc-Roussillon (excepté la Lozère) ont parmi les plus forts taux de pauvreté (entre 18% et 23 %) ; entre 18  et 20%, on trouve également le Vaucluse, les Bouches-du- Rhône, l’Ariège, la Creuse, les Ardennes et l’Aisne

Les plus faibles taux de pauvreté sont observés en Loire-Atlantique, Finistère, Ille-et-Vilaine et Vendée, Savoie, Haute-Savoie et Ain (autour de 10%)

 

Globalement, 77% de la population pauvre réside dans les 230 grandes aires urbaines de métropole, dont 65% dans les grands pôles urbains (20% dans l’aire urbaine de Paris). À l’inverse, alors que les couronnes des grands pôles urbains regroupent 20% de la population, à peine plus de 10% des personnes pauvres y résident.

 

Le taux de pauvreté est le plus important dans les cœurs de pôles (villes-centres, moyens pôles et petits pôles) et les communes isolées ; il l’est moins dans les « couronnes », quelle que soit l’intensité du pôle.

Catégories de communes

Population des ménages

fiscaux en milliers

Répartition

des ménages

Niveau de vie

médian

en €

Taux de pauvreté

Niveau de vie médian population pauvre en €

Répartition

population pauvre

Intensité de la pauvreté

Grands pôles urbains (54,4% des ménages et 77,3% de la population pauvre)

 

Grands pôles urbains

35 865

57,8

19 887

16,1

9 242

65,2

22,1

Dont villes-centres

14 265

23,0

18 731

19,5

9 132

31,4

23,1

Dont banlieues

21 599

34,8

20 619

13,9

9 344

33,8

21,3

Couronne des grands

pôles urbains

12 178

19,6

20 975

8,8

9 725

12,1

18,1

Couronnes multi polarisées (10,7% des ménages et 9,6% de la population pauvre)

 

Couronnes multi polarisées

3 316

5,3

19 377

12,1

9 666

4,5

18,6

Autres couronnes

multi polarisées

3 372

5,4

18 607

13,3

9 661

5,1

18,6

Moyens pôles (3,4% des ménages et 3,5% de la population pauvre)

 

Moyens pôles

1 735

2,8

18 447

15,7

9 489

3,1

20 ,1

Couronne des moyens pôles

361

0,6

19 350

10,6

9 779

0,4

17,6

Petits pôles (4% de la population des ménages et 4,2% de la population pauvre)

 

Petits pôles

2 264

3,6

18 231

15,6

9 528

4,0

19,7

Couronnes des petits pôles

269

0,4

19 012

12,3

9 636

0,2

18,8

Communes isolées (4,5% des ménages et 5,3% de la population pauvre)

 

Communes isolées

2 805

4,5

17 941

16,9

9 464

5,3

20,3

Total France métropolitaine

 

Total

62 065

100

19 740

13,9

9 378

100,0

20,5

 

Tous territoires confondus, les ménages les plus touchés par la pauvreté monétaire sont généralement :

– les ménages jeunes, de 17% (Pays de la Loire) à 30% (Languedoc-Roussillon, Nord-Pas-de-Calais)

– les ménages de cinq personnes ou plus, de 15% (Bretagne) à 34% (Nord-Pas-de-Calais)

– les familles monoparentales, de 24% (Île-de-France) à 40% (Nord-Pas-de-Calais)

Les villes-centres des grands pôles urbains, ainsi que dans les moyens et petits pôles, concentrent ces populations : 27% des jeunes, 35% des familles monoparentales, 37% des ménages de cinq personnes ou plus dans les villes-centres et autour de 27% dans les moyens et petits pôles.

 

À l’inverse, c’est dans les couronnes des pôles que les taux sont généralement les plus faibles, en particulier dans les couronnes des grands pôles urbains où 13% des personnes parmi les ménages jeunes sont pauvres, 14% parmi les ménages de cinq personnes ou plus et 23% parmi les familles monoparentales.

 

Les couples sont dans l’ensemble moins exposés à la précarité monétaire ; le taux de pauvreté des couples sans enfant, en particulier, est très en-dessous de celui de l’ensemble de la population (moins de 5% en Haute-Normandie, Alsace, Bretagne, Pays de la Loire et région Centre).

 

Pour les personnes plus modestes, le niveau de vie dépend fortement des prestations sociales ; parmi les 10% de personnes ayant les plus faibles niveaux de vie, les prestations sociales représentent plus de 35% du revenu disponible dans les trois quarts des régions (de 27% en Corse à 48% en Nord-Pas-de-Calais).

Dans l’ensemble des grands pôles urbains, les prestations sociales constituent en moyenne 42% du revenu disponible des 10% de personnes les moins aisées (46% dans l’ensemble des villes-centres,  contre 39% en moyenne sur l’ensemble des banlieues et 29% sur l’ensemble des couronnes.

 

Parmi les 10% de personnes ayant les plus forts niveaux de vie, les revenus du patrimoine contribuent pour plus de 25% au revenu disponible dans toutes les régions de métropole ; dans l’ensemble des grands pôles urbains, la part des revenus du patrimoine pour les 10% les plus aisés représente 27% du revenu disponible, 30% dans les villes-centres, contre 25% dans les banlieues et 26% dans les couronnes des grands pôles.