Une des rares enquêtes sur la globalité des TPE sans salarié, limitée ici au secteur de la réparation/commerce automobile


« Les entreprises sans salarié du commerce et de la réparation automobile », ANFA, mars 2013

 L’enquête a collecté 538 réponses (taux de réponse qui équivaut à 27%) dans les 7 départements interrogés (Seine Maritime, Deux-Sèvres, Aude, Jura, Ain, Essonne, Aisne) choisis pour leur grande diversité de situation économique. La passation s’est effectuée début mars 2012.

Le taux de réponse est particulièrement faible du fait notamment d’un taux de « hors cible » (32%) ; noter que 7% des entreprises n’existent pas physiquement (montages juridiques utilisés pour bénéficier de réductions de taxes ou impôts).

Les bases de données utilisées sont constituées d’INSEE SIRENE (base de données pour la recherche de numéros téléphoniques automatique et manuelle) et des bases d’IRP Auto (caisse de retraite de la branche des services de l’automobile).

 

Selon les études antérieures (ISM et Sine), certains secteurs sont propices au développement des entreprises sans salarié :

– Les entreprises du Code APE « commerce automobile » 4511Z représente 43% d’entreprises sans salarié (10 900 entreprises).

– L’entretien et la réparation de cycle et motocycles (4540Z) : 43% d’entreprises sans salarié (2 300 entreprises).

– Celui du code APE 4520A l’entretien et la réparation automobile : 38% d’entreprises sans salarié avec 1 300 entreprises).

– Elles se raréfient dans les secteurs où l’investissement matériel est très important (stations services, vente et entretien de véhicules industriels).

 

L’enquête démontre que 43% des entreprises sans salarié du commerce automobile réalisent la majorité de leur chiffre d’affaire dans l’entretien-réparation-carrosserie.

Dans l’échantillon, 69% sont des entreprises individuelles (dont 26% des auto-entrepreneurs), 19% des SARL et 7% des EURL. Un quart des auto-entrepreneurs cumulent un emploi salarié dans une autre entreprise. La création est prépondérante (79% des entreprises observées)

 

Entreprises individuelles

SARL, SAS

EURL

Total

 

Non AE, nbre

%

AE nbre

%

Nbre

%

Nbre

%

Nbre

%

Créations

145

35,0

136

33

89

21,5

43

10,5

413

100

Reprises

70

66,0

2

1

25

23,0

10

9,0

107

100

100Total

215

53,0

138

27

114

22,0

53

10,0

520

 

Les entreprises reprises paraissent plus structurées que les autres : 28% d’entre elles ont déjà eu des salariés, 41% un apprenti ; ce sont des entreprises plus rurales (63% en commune rurale). 86% d’entre elles ont un local spécifique (55% pour les autres) et ont un chiffre d’affaire tendanciellement plus élevé que le reste de l’échantillon.

C’est parmi ces 20% de reprises d’entreprises que nous allons trouver les enfants qui reprennent la suite de leurs parents, mais ce type de reprise ne représenterait finalement sans doute guère plus de 2% de l’échantillon total des entreprises sans salarié. L’ISM dans son étude avait d’ailleurs déjà souligné que les cas de successions familiales étaient plutôt le fait d’entreprises de 1 à 5 salariés.

Les cas de reprises d’entreprises réalisées par un ancien salarié de l’entreprise sont également minoritaires (20% des nouveaux entrepreneurs repreneurs).

 

L’âge moyen de l’entrepreneur sans salarié du commerce et de la réparation automobile est de 43 ans (auto-entrepreneurs, 40 ans). 64% des responsables d’entreprises individuelles ont plus de 45 ans ; les entrepreneurs sans salarié sont plutôt des personnes d’expérience et pourrait-on dire des « deuxièmes parties de carrières ».

 

Moins de 30 ans

30 à 39ans

40 à 49 ans

50 à 59 ans

50 ans et plus

Répartition en %

14

26

30

24

6

Avant la création d’entreprise 13% s’identifiaient comme chômeurs (17% chez les auto-entrepreneurs) dont 7% de longue durée ; pour 7%, c’est leur première expérience professionnelle. 12% des auto-entrepreneurs étaient en emploi au moment de la création de l’entreprise et le sont toujours.

 

Ce sont pour 74% d’entre eux et quel que soit le statut des entreprises, des personnes issues directement d’une entreprise des services de l’automobile (commerce et réparation). La part des personnes sans expériences professionnelle dans l’activité (26%) est de 49% pour les entrepreneurs de négoce véhicules occasion et de 19% pour les entrepreneurs de garages et carrosseries.

 

50% sont titulaires d’un niveau CAP-BEP en mécanique automobile ou en carrosserie (43% pour les auto-entrepreneurs et 56% pour les autres) ; 38% n’ont pas de diplôme ou au plus le CEP/BEPC (49% pour les auto-entrepreneurs); plus l’entrepreneur est âgé, plus il est titulaire d’un CAP/BEP, alors que la part des titulaires de bacs Pro augmente pour les moins de 30 ans (14% contre 7% pour l’ensemble)

Si 18% de l’ensemble de l’échantillon n’a ni expérience automobile ni diplôme automobile, ils sont 25% chez les vendeurs de véhicules d’occasion et seulement 8% chez les garagistes.

 

Plus d’un tiers des entreprises sans salarié sont localisées en « communes rurales », alors que 14% de la population française y réside ; en incluant les « chefs lieux de canton » de moins de 5000 habitants, ils sont 50%. Le parc surreprésenté en zone rurale répond à un besoin de proximité.

 

Les activités exercées le sont majoritairement en mécanique auto, mais la vente de véhicules d’occasion est aussi une activité fréquente :

 

Réparation auto

Ventes véhicule occasion

Carrosserie

Dépannage-remorquage

casse

autres

Répartition en %

68

41

23

19

2

12

La polyactivité est la norme de ces entreprises comme pour l’ensemble du secteur d’activité. 71% font de l’entretien courant (56% en mécanique à l’ancienne, mais aussi prés de 40% des diagnostics électroniques et des réparations électroniques) ; 68% des garages déclarant réaliser de la réparation d’organes électroniques, se font aider par une concession ou un agent pour trouver la panne ou pour remettre à jour les calculateurs.

25% travaillent aussi en sous-traitance (54% dans le domaine carrosserie) ; seule une sur huit le fait pour une seule entreprise.

 

65% des personnes interrogées travaillent dans un local spécifique, 27% à leur domicile et 13% sur le lieu ou se trouve leur client (particuliers ou entreprises). Le lieu d’exercice de l’activité est lié au statut de l’entreprise et à son activité ; ainsi 52% des auto-entrepreneurs travaillent chez eux, 18% au domicile des clients et seul un quart dispose d’un local spécifique ; ainsi la moitié des vendeurs de véhicules d’occasion n’ont pas de local spécifique (73% pour les auto-entrepreneurs.

 

Le chiffre d’affaire médian déclaré des entreprises sans salarié est de 93 500€ HT ; il est le même pour de l’achat-vente de véhicules d’occasion et les activités de garages-carrosserie. Par contre le chiffre d’affaire moyen est trois fois supérieur dans l’achat-vente de VO que dans les garages.

CA TTC

Moins de 35 000€

De 35 à 90 000€

De 90 à 150 000€

150 000€ et plus

Répartition en %

24

23,5

20

32,5

Auto-entrepreneur

75

16

9

Entreprise individuelle

10

26

64

Société

6

17

77

Un auto-entrepreneur a un chiffre d’affaire médian de 16 500€, largement inférieur à la borne de 32 600€ fixée légalement pour de la vente de prestation et 81 500€ pour des activités de négoce). Une Entreprise individuelle/EIRL tourne autour de 100 000€ de chiffre d’affaire tandis que les SARL et EURL autour de 150 000€.

 

La rémunération médiane annuelle des auto-entrepreneurs est de 2 400€ (en moyenne toute activité selon l’INSEE, 4 300€ en 2 009) ; elle est de l’ordre de 12 000€ pour les autres types d’entreprise.

29% ne se paient pas et 37% perçoivent moins que le SMIC. L’étude de l’ISM avait de fait alerté sur le fait que 64% des nouveaux entrepreneurs touchait une rémunération inférieure à leur précédente rémunération. Cette situation n’est pas seulement le fait des créateurs récents puisque 44% seulement des entreprises créées avant 2009 s’octroient une rémunération supérieure au SMIC :

Date de création

Avant 2009

2009

2010

2011/2012

Aucune rémunération

18

28

19

49

Inférieure au SMIC

38

31

46

37

Supérieure au SMIC

44

41

35

14

86% des clients sont des amis, des relations, de la famille ; 40% sont venus par le biais de la publicité ; 14% étaient déjà clients dans l’ancien garage.

Leurs demandes visent d’abord le service de proximité (73%), puis le meilleur prix (48%) ; 13% sont le fait de client de passage, 10% d’entreprises, 10% de garages autres (sous-traitance).

34% des entreprises organisent la mobilité des clients quand le véhicule est immobilisé (prêt de véhicules de courtoisie) ; rare pour les auto-entrepreneurs (14%) le prêt de véhicules de courtoisie concerne 42% des Entreprises individuelles, 45% des garages de mécanique et 48% des carrosseries.

 

18% ont ou ont eu un apprenti (dont 5,5% actuellement) ; il s’agit surtout d’entreprises en milieu rural ; dans près de la moitié des cas, l’entreprise envisage le recrutement de l’apprenti.

85% n’envisagent pas d’embaucher un salarié ; 3% un apprenti, 9% un CDD ou un CDI.

 

78% n’envisagent pas d’investissement ; 18,5% l’envisagent. Les entreprises ayant un projet d’investissement se retrouvent nombreuses parmi celles ayant un projet de recrutement ; ce sont plutôt des garages.

 

61% considèrent que leur situation est satisfaisante ; les personnes les moins satisfaites sont celles qui ne se sont pas payées les mois derniers ; les plus satisfaites, celles pour lesquelles la rétribution a été la plus élevée. On trouve également quelques auto-entrepreneurs satisfaits, particulièrement ceux qui ont un travail à côté.

 

En conclusion, 4 types d’entrepreneur sans salarié de ce secteur d’activité peuvent être différenciés :

 

– Les garages de proximité (45%) : 63% sont localisés dans des communes de moins de 5 000 habitants ; ils recourent aux technologies modernes car ils sont en réseau avec d’autres garages ; leurs dirigeants ont plus de 40 ans et une expérience antérieure affirmée.

Le chiffre d’affaire médian est de 120 000 euros ; le résultat net ne permet toutefois de dégager un SMIC que dans 42% des cas. Ce sont des entreprises qui restent sur des équilibres financiers assez précaires. 18% ont des volontés d’investissement. 5% sont le fait de reprise.

Il faudrait toutefois distinguer deux types : la moitié a un panneau ou il est écrit « Garage » avec un local ressemblant de près ou de loin à un garage ; pour l’autre moitié de ces garages de proximité, il s’agit plus ou moins de maisons particulières avec un apprenti.

 

-Les vendeurs de Véhicules d’occasion (20%, dont 37% chez les auto-entrepreneurs) : beaucoup travaillent chez eux ; ils sont le plus souvent sans diplôme et sans expérience professionnelle de l’automobile ; ce sont eux qui gagnent le plus ; pour 70%, leur clientèle se constitue à travers les sites internet « Le bon coin », E-bay ou par leur propre site web, rendant ainsi inutile la constitution de réseaux de proximité, indispensables aux garagistes.

 

– Les garages auto-entrepreneurs (15%) : ils travaillent chez eux, sans grand lien avec les autres garages ; leur activité est concentrée sur l’entretien ; ils sont plus urbains que les autres ; ¼ travaillent aussi comme salarié dans d’autres entreprises.

 

– Les « camionnettes » (8%) : ils vont chez le client pour assurer l’entretien et le débosselage (mais pas la peinture) ; on y trouve des multiservices (lavage de voiture, tonte de gazon, bricolages divers), des spécialistes (dans le pneumatique notamment) et des prestataires de service spécialisés (débosselage sans peinture par exemple, changement de pneumatique).