Les microentrepreneurs, un régime prisé par les femmes et les jeunes


"LES MICRO-ENTREPRENEURS EN 2016 : TOUJOURS PLUS NOMBREUX, AVEC UN CHIFFRE D’AFFAIRES EN HAUSSE ", Accos stat N°270, juin 2018

Un point sur les autoentrepreneurs, appelés micro entrepreneurs au regard des textes, mais sans être en mesure de différencier ceux qui sont du régime autoentrepreneurs (charges sociales spécifiques) et ceux qui sont dans les limites de plafond de recettes, mais avec un autre modalité de charges sociales.

Une information qui malheureusement ne renseigne pas sur 2017 et début 2018, alors que le flux des immatriculation a beaucoup bougé, mais qui fournit des données nouvelles sur le sexe, l’âge et les recettes de façon plus fine que dans les publications précédentes de l’Acoss.

Par ailleurs, l’Insee fait état de 283 454 immatriculations en 2014 (vs 331 000 selon l’Acoss), 223 469 en 2015 (vs 306 000) et 222 792 en 2016 (vs 332 000); certes les activités immatriculées à l’Insee ne coïncident pas exactement avec l’Acoss, du fait de l’agriculture et d’autres activités non prises en compte dans les données habituelles de l’Insee, mais plus encore du fait que 19% ont changé de régime fiscal, sans qu’il y ait lieu de modifier leur immatriculation dans le fichier siren de l’Insee. Cette modalités rapproche singulièrement les 2 chiffres, sans effacer un écart encore notoire (en 2016, 39 350 immatriculations) 

 

En 2016, 811 000 “microentrepreneurs” sont actifs économiquement et 1 070 000 actifs administrativement; 76% sont donc actifs économiquement; les microentrepreneurs y comptent pour 35% des non-salariés.

 

Les immatriculations ont peu bougé en nombre au fil des années (entre 320 000 et 336 000 entre 2011 et 2016), tout comme les radiations (entre 238 000 et 275 000 entre 2012 et 2016), radiations du fait très majoritaireme de non activité économique. De ces faits, le % de “microentrepreneurs”, au sein des non-salariés, augmente d’année en année (de 26% en 2011 à 35% en 2016).

 

Les micro-entrepreneurs ont investi la quasi-totalité des activités économiques, 1/3 exerçant une activité libérale. 55% sont le fait de services, 20% de commerces et 20% d’activités du secondaire (industrie et BTP).

Noter que 19% étaient préalablement déjà immatriculés, mais ont changé de régime et choisi l’autoentrepreneuriat dont 22% dans le commerce (notamment 40% pour les ventes sur les marchés et 29% dans d’autres types de commerce) et l’artisanat et 12% dans les professions libérales.

Par ailleurs les microentreprises au sein des non-salariés comptent en 2016 pour 35%, mais avec 2 groupes différenciés : d’une part les services (entre 55 et 80%), dans certains commerces tels la vente sur les marchés (76%), nettement moins dans les activités où de l’investissement est nécessaire (plutôt moins de 30%, un chiffre à nouveau en baisse en 2017).

 

Les femmes sont très présentes avec 41,5% des microentrepreneurs en 2016 (moins de 30% en moyenne dans les entreprises non autoentrepreneur) et plus actives que les hommes (80% vs 73) et comptent au sein des femmes chefs d’entreprise pour 38% (vs les hommes 34).

Les jeunes sont plus fréquemment microentrepreneurs (insertion dans l’emploi, mais aussi travail des étudiants pendant leurs études) : 63% parmi les chefs d’entreprise de moins de 30 ans, 43% pour les 30-39 ans vs 25 à 28% pour les 50 ans et plus.

Détaillées par activité les caractéristiques femmes et moins de 30 ans font état de résultats intéressants :

-les femmes sont très partie prenante dans la coiffure, notamment à domicile (93%), la santé notamment le para-médical (79%), le juridique (62%), les services administratifs et de soutien aux entreprises (61%).

-Les moins de 30 ans sont très présents dans le transport, livraison à domicile (53%), l’architecture et le design (32%) et l’informatique (29%), vs en moyenne 17%.

-les plus de 50 ans sont très présents dans le conseil juridique (29%), le conseil (26%), les activités financière et d’assurance (21%), le commerce sur les marchés (19%), l’enseignement (18%).

En termes de recettes annuelles, la moyenne toutes activités (pour ceux qui font des recettes) est de 9 821€, un montant qui n’a guère évolué depuis 2011 (entre 9002 et 9 816€);  les moyennes s’étalent entre 5 800 et 6 500€ pour les transports/livraison à domicile, la vente sur les marchés et les activités artistiques à 17 900€ pour les activités juridiques et de 12 à 14 000€ pour le BTP et les commerces.

La part déclarant des chiffres d’affaires pour les 4 trimestres de 2016 est inférieure à 35% dans les activités immobilières, le conseil pour les affaires, les activités comptables et le commerce de gros, mais les chiffres d’affaires moyens de ces secteurs sont tous supérieurs à 10 900 €. Par contre ce sont les activités de services aux personnes qui déclarent chaque trimestre des recettes (55% d’entre elles), avec des recettes plus faibles.

 

Les 2/3 des économiquement actifs se situent sous un CA moyen de 9 000€, 25% sous 1 555€, 50% sous 5 250€; 10% déclarent un CA supérieur à 26 000€. Le dispositif limite les montants de chiffres d’affaires à ne pas dépasser : 32 900 euros pour les prestations de services et 82 200 euros pour les prestations de ventes en 2016.

 

Si les recettes sont faibles la 1ére année, (2016 en occurrence avec 6 383€), elles sont de 10 057 à 11 748€ pour les entreprises ayant plus de 7 ans d’activité. 

Noter qu’au sein des entreprises 2016, 54% ont moins de 3 ans, 21% de 3 à 5 ans et 25% 5 ans et plus.

Noter aussi que 47% des immatriculés n’ont réalisé aucune recette lors des 4 derniers trimestres.

 

Sur la population des microentreprises, avec 2 années d’ancienneté, l’écart moyen de recettes est de 31% entre les femmes et les hommes, dû notamment pour 17% au fait d’une plus forte présence des hommes dans des secteurs dont le CA moyen est plus élevé.

 

 

La Bretagne, les Pays de la Loire et la Basse-Normandie affichent un recours au dispositif microentrepreneurs parmi les plus faibles : si la moyenne nationale se situe à 35%, le taux varie de 10% à la Réunion à 42% en Corse et en Île-de-France. La Bretagne, les Pays de la Loire, l’Auvergne et la  Basse-Normandie sont les régions de la métropole qui ont le moins recours au statut de micro entrepreneur (moins de 31%),  et un chiffre d’affaires moyen parmi les plus hauts.

A contrario, les régions Limousin, Auvergne et Haute-Normandie affichent les CA moyens les plus faibles (9 400 ou m€oins).

 

Un zoom sur le secteur des transports 

La hausse du nombre de micro entrepreneurs dans le secteur des transports et de l’entreposage (+ 40% en 2015 et + 64% en 2016) provient :

-du sous-secteur « Autres activités de poste et de courrier » (plateformes web de livraison à domicile) avec une hausse de 271%; 93% sont des hommes (vs 58% pour l’ensemble); les 2/3 ont moins de 25 ans.  Le chiffre d’affaires annuel moyen est de 3 163 €, soit 3 fois moins que la moyenne de l’ensemble des secteurs, et 2,5 fois moins que celle des autres activités de transport. Ce sont des activités qui ne sont souvent exercées que quelques heures dans la journée.

 -du sous-secteur « Transports de voyageurs par taxis » (+24%) du fait de l’essor des entreprises de voitures de transport avec chauffeur (VTC); les moins de 25 ans ne sont que 5% pour un chiffre d’affaires moyen très bas.

Un sur trois est situé à Paris, et plus de la moitié en Île-de-France.