Le COVID-19 et l’industrie du livre : un système victime de son hyper productivisme.


"Le COVID-19 et l’industrie du livre : un système victime de son hyperproductivisme", Innovation Sociétale N° 47, décembre 2020

Les gros éditeurs visent la plus large diffusion possible, quitte à mettre au pilon beaucoup d’individus et privilégiant les auteurs à succès, au détriment de la diversité de la production littéraire.

 

“Le vendredi 30 octobre, toutes les librairies de France ont dû fermer jusqu’au 28 novembre, jugées comme des commerces non-essentiels par le Gouvernement, malgré la mobilisation du milieu littéraire et des lecteurs. Le coup est rude pour le marché du livre, déjà durement touché par le premier confinement. En avril, les librairies avaient enregistré une perte de la quasi totalité de leur chiffre d’affaires, selon les professionnels, et de plus de 80% pour les maisons d’édition…

 

Pour ce deuxième confinement, certaines librairies, mieux préparées, se sont tournées vers le Click & Collect, permettant aux acheteurs de commander en ligne et récupérer leurs achat sur place, ou par voie postale. La ministre de la Culture Roselyne Bachelot a obtenu que le gouvernement prenne en charge les frais d’expédition des livres des libraires indépendantes pour favoriser la vente à distance…

 

Le Covid-19 a jeté la lumière sur les difficultés de la filière. Un collectif d’éditeurs indépendants et de libraires a d’ailleurs appelé en mai, dans une tribune publiée dans Le Monde, à une refonte radicale du marché du livre dont le système serait aujourd’hui défaillant : [La réouverture des librairies, dans lesquelles va s’engouffrer une production lisse mais pléthorique annonce un enfer prévisible pour toutes les professions du livre.. L’économie du livre est aujourd’hui écrasée par la nouveauté et sa péremption. Trop de livres imprimés en trop grand nombre et retournés trop souvent… ].

 

Le modèle économique même de l’édition repose sur la surproduction. Lorsqu’une maison d’édition envoie des exemplaires d’un livre, la librairie lui paye un pourcentage. Mais cette dernière peut renvoyer les invendus après un certain temps et demande alors un remboursement à la maison d’édition. Pour compenser ces retours, les maisons d’éditions produisent d’autres nouveautés pour générer de la trésorerie… Avec 82 000 nouveaux livres en 2018 selon le ministère de la culture – soit 225 par jour ! –, le métier consiste davantage à  vider et remplir les cartons qu’à choisir et vendre des livres. D’autant que cette logique va à contre-courant des exigences environnementales : quantité de livres sont envoyés au pilon sans n’avoir jamais été ouvert (un exemplaire sur quatre finit à la benne – un invendu sur deux). Quant aux auteurs, premier maillon de la chaîne, ils sont particulièrement lésés…

 

Mais ce système profite pourtant à une poignée de gros acteurs. Depuis des années, le secteur du livre tend à se concentrer. En 2018 par exemple près de 90% du chiffre d’affaires de l’édition étaient générés par 10 éditeurs, dont deux, Hachette Livre et Editis, représentaient 62% de ce dernier. Or, en plus de la surproduction, ces acteurs privilégient les auteurs à succès, plus rentables au détriment des plus petits, qui participent pourtant à la diversité littéraire. Et la pandémie a même renforcé cette dynamique. Gallimard a par exemple annoncé baisser de 40% les nouveautés en se concentrant sur ses auteurs à succès face à la fermeture des librairies.”

 

Suivent une série de propositions.

 

Pour en savoir davantage : http://www.lerameau.fr/wp-content/uploads/2020/12/Bulletin-ISC-LR-no47-12-2020_BAD.pdf   où vous trouverez de nombreux autres articles.