Les TPE face aux risques : qui sont-ils ? Quelles protections ont-elles mise en oeuvre?


"Baromètre de la prise de risque des entrepreneurs et indépendants", Opinion Way pour AGIPI, lu février 2018

Méthodologie : échantillon de 803 indépendants, chefs d’entreprise, dirigeants et artisans-commerçants à la tête de structures de 0 à 9 salariés du secteur privé, interrogé par téléphone sur système CATI du 17 octobre au 7 novembre 2016.
L’échantillon a été pondéré au regard des critères de taille (75% sans salarié, 22 de 1 à 5 et 3 de 6 à 9 salariés), de secteur d’activité, et de région. 33% sont en société et 17% en EURL, les autres en entreprise individuelle. 

En ce qui concerne le profil des répondants :

55% sont gérants dont 39% majoritaires, 11% salariés, et 5 minoritaires; parmi les entreprises individuelles, 7% sont autoentrepreneurs.

10% ont moins de 34 ans, 55% de 35 à 54 ans et 35% plus de 54 ans.

26% sont installés depuis moins de 5 ans, 27% de 7 à 10 ans, 47% depuis 11 ans et au-delà.

27% ont un niveau d’études inférieur au bac (dont 6 aucun diplôme), 17% le bac, 52% un bac +2 et au-delà (dont 35% au-delà bac +2). 

52% ont des enfants à charge, dont 17% un seul.

 

«Baromètre AGIPI Opinion Way de la prise de risque des entrepreneurs et indépendants”.

 

5 profils caractérisent les dirigeants de TPE au regard de leur goût du risque et des protections qu’ils se sont données pour y faire face; 53% s’inscrivent dans une approche optimiste, soucieux de rompre avec une situation antérieure de confort pour jouer l’innovation et son propre accomplissement, malgré les incertitudes de revenus au moment de la retraite.

 

Les entrepreneurs et indépendants se lancent dans l’aventure entrepreneuriale avant tout pour la liberté qu’elle procure, notamment pour les professions libérales :

*”pour pouvoir développer votre activité à votre manière (clients, fournisseurs, mode d’organisation…)” 73% (libéraux 81%)
*”Pour pouvoir organiser votre temps comme vous voulez” 61% ( libéraux 78%)

 

Mais aussi pour une meilleure utilisation et évaluation de leurs compétences, loin devant le retour financier :

*”Pouvoir mieux utiliser vos compétences et/ou en développer de nouvelles” (49%)
*”Avoir une totale visibilité sur la valeur financière de votre travail” 32%, voire “gagner plus d’argent qu’en étant salarié” (19%).

 

Pour les 2 paragraphes suivants, je ne retiens, comme chiffres du sondage, que ce qui est exprimé comme “tout à fait d’accord”, dans la mesure où tous se reconnaissent majoritairement dans l’item de façon plus générale étant globalement “d’accord”), ceci afin de renforcer la comparaison des données.

“l’aventure entrepreneuriale” requiert une vision globale (67%), et une prise de risque importante (43%), que les salariés ne connaissent pas (69%); il faut donc avoir des nerfs d’acier (58%), avoir une vision optimiste (33%), et le goût du risque (15%).

26% (53% globalement d’accord) disent vouloir sortir des sentiers battus et innover (davantage les moins de 35 ans et  les services); 19% aiment agir par instinct et 19% aiment sortir de leur zone de confort.

Noter l’écart entre la prise de risque (43%) et le goût du risque (15%).

 

Noter aussi qu’ils ont le sentiment que leur prise de risque est peu reconnue à sa juste valeur  par les politiques (pas reconnue pour 93%) ou par le grand public (88%); ce sentiment est plus optimiste chez les dirigeants de moins de 2 ans (respectivement 13% vs 6 en ce qui concerne les politiques et 24% vs 12 pour le grand public).

80% se sentent peu représentés par un instance dans le débat public.

 

66% avant de devenir patron disent avoir pris le temps de mesurer les risques autres que financiers (77% les moins de 35 ans), notamment et à proximité (entre 64 et 71%), le fait de ne pas avoir de rémunération régulière, inférieure à celle d’un salarié, une couverture sociale  et retraite moins favorables, à gérer par ailleurs seul.

Le coût des charges (66%), les mauvaise surprises liées à la gestion de la trésorerie (58%), la solitude (45%), et la gestion de l’équilibre vie professionnelle/vie personnelle (41%) comptent moins.

 

Pour 82% (tout à fait 42), ne pas se protéger des risques et de leurs conséquences relève de l’inconscience, mais 52% (tout à fait 25) disent ne pas avoir les moyens de se couvrir mieux, face aux risques que sont d’abord la baisse importante de revenus à la retraite (66%), l’incapacité de travail (65%), l’insuffisance de revenus pour subvenir à leurs besoins ou à ceux de leur famille (60%), un problème de  santé dû au stress (52%) ou la faillite/cessation d’activité (51%); ne pas être en règle avec administration (40%) ou faire face à un sinistre (37%) comptent moins. 

 

81% (49 tout à fait) estiment qu’Il est impossible de se couvrir contre tous les risques de la vie, mais 70% (tout à fait 28) en retour disent être protégés avec leurs contrats d’assurance, ou en mesure de faire face grâce à leur patrimoine (58% dont tout à fait 23). Le risque demeure donc bien présent.

 

Maîtriser les risques implique de s’entourer de conseils externes (proches ou professionnels) pour 85% (dont 43% tout à fait); cette proposition est plus forte encore pour les moins de 45 ans (92% vs 85 en moyenne).

 

Comment se protègent-ils?

 

* par une épargne aux voies multiples : assurance vie (64%), livrets d’épargne (64%), produits spécifiques pour la retraite (53%, 49% les moins de 45 ans), PEL (43%), actions (27%), épargne salariale (17%) et OPCVM (16%).

* en termes de prévoyance : assurance arrêt de travail/ invalidité (58%), assurance décès (52%), remboursement de frais professionnels en cas d’arrêt de travail (50%), garantie des accidents de la vie (49%), peu l’assurance dépendance (28%) ou les garanties obsèques (23%); si 78% détiennent au moins un de ces produits (en moyenne 3,3), 22% n’est ont aucun.

*68% ont souscrit un contrat complémentaire santé en plus du régime obligatoire (75% les libéraux à comparer aux salariés 54% et aux autoentrepreneurs 57%).

*Par le maintien en bonne santé : 92% s’estiment en bonne santé (dont très bonne 47); par contre le stress est un problème qui affecte la santé pour 33% (33% estiment le contraire). 46% font un bilan de santé tous les ans, 17% tous les 2 ans et 23% rarement ou jamais.

 

5 groupes émergent dont 2 ont plus le goût du risque que les autres et se disent mieux protégés : les confiants (30% des répondants) ont plus le goût du risque et se disent les mieux protégés et les téméraires (23%) avec plus de goût du risque mais une protection moyenne.

Il ont en commun d’être optimistes, d’aimer sortir de leur zone de confort, d’innover et sont certains d’être protégés.

Les confiants disposent de plus de produits d’épargne que les autres et envisagent si nécessaire de continuer à travailler pendant leur retraite; ils sont plus souvent commerçants. Les téméraires  sont plus jeunes et se constituent plus souvent un patrimoine pour compléter leurs revenus à la retraite.

 

Les 3 autres groupes se décomposent en frileux (19% avec peu de goût du risque mais une protection correcte), alors que les 2 autres groupes, peu marqués par le goût du risque, et moins certains que les autres d’être bien protégés, se composent des anxieux (24%) et des insouciants (4%). 

Ils ont en commun le fait de pas aimer sortir de leur zone de confort, d’agir peu par impulsion ou peu d’innover.

Les anxieux sont ceux qui estiment le plus, que devenir patron est risqué; il sont plus préoccupés par le fait de ne pas être en règle avec l’administration ou par le risque d’incapacité de travail. Les frileux conseillent le plus souvent de ne pas devenir indépendant; il sont plus âgés, avec un plus faible niveau d’études; on y trouve aussi plus de femmes.

 

Le risque retraite

68% pensent toucher en retraite moins de la moitié de leurs revenus en activité; 56% (25% tout à fait d’accord) craignent de se retrouver avec des revenus insuffisants.

Noter que 35% (53% les moins de 35 ans) estiment devoir soutenir financièrement leurs parents avant leur départ en retraite.

 

Pour ce faire, 91% (dont 54% tout à fait) estiment nécessaire de se constituer un patrimoine pendant leur période d’activité, notamment un patrimoine immobilier (77% dont tout à fait 36); la rente (revenu provenant d’un capital bloqué) est peu plébiscitée (39% mais 51% pour les libéraux).

Ce patrimoine, pour 76% (38% tout à fait) serait transmis à leur enfants, mais aussi pour 68% (tout à fait 32%), afin de compléter leurs revenus à la retraite.

 

Pour faire face à une retraite insuffisante, 85% envisagent de réduire leurs dépenses, 69% de continuer à travailler, 66% d’avoir recours à la vente du patrimoine, beaucoup moins partir à l’étranger (36%, mais 49% les moins de 35 ans), compter sur un héritage (26%, mais 36% les moins de 35 ans), ou sur la solidarité familiale (20%, mais 32% les moins de 35 ans).