Les dirigeants d’entreprises de très petites tailles sont les plus pessimistes.


"Baromètre des TPE, vague 71" Sondage Ifop pour Fiducial, mai 2023

Méthodologie : échantillon de 1001 dirigeants de TPE (de 0 à 19 salariés), interrogé entre le 27 février et le 15 mars. Les entreprises réalisant moins de 50 000€ de chiffre d’affaires à l’année n’ont pas été interrogées.
L’échantillon a été raisonné puis ramené à son poids réel lors du traitement sur les critères suivants : secteur d’activité de l’entreprise, taille de l’entreprise, région d’implantation.

 

Si 22% des dirigeants de TPE disent connaitre des difficultés financières d’importance, seuls 7,5% envisageraient un dépôt de bilan dans les 6 mois à venir.

⇒ La conjoncture des TPE

♦ 76% se disent pessimistes, dont 25% très pessimistes sur le climat des affaires ; toutefois en ce qui concerne leur propre affaire, ils ne sont plus que 52% (dont très pessimistes 15%)  et donc 48% optimistes.

Plus la taille de l’entreprise est élevée, moins le pessimisme est marqué. Il en est de même pour l’’industrie (55%), les HCR (58%) et les services aux entreprises (59%)

Le décalage de perception demeure important par rapport au début du premier quinquennat d’Emmanuel Macron où le niveau d’optimisme était le plus souvent majoritaire. Le score actuel se situe dans l’étiage bas de la période 2012-2017 où il culminait entre 50% et 64%.

 

♦ 44% se déclarent en difficulté financière, dont 22% des difficultés peu importantes, 22% des difficultés importantes, parmi lesquelles 7% affirment des difficultés très importantes. 
 Parmi celles qui rencontrent des difficultés financières (44%), 17% envisagent un dépôt de bilan dans les 6 mois (dont 6% dans les 3 mois) soient au global respectivement 7, 5 et 2,6%.

Les TPE de 6 salariés et plus font état de moins de difficultés financières importantes (13-15%), alors que  les services à la personne témoignent de la plus grande fragilité (32%).

 

♦ L’inflation a un impact négatif avec des hausses importantes sur les matières premières et fournitures et l’énergie, nettement moins sur les salaires, les assurances, les locaux et l’entretien.

Elle a conduit 66% des entreprises à répercuter ces hausses sur leurs prix de vente (en totalité pour 12%, en partie 31% et très peu 23%). 49% des services aux particuliers et seulement 35% des TPE de la santé, éducation y ont eu recours.

En interne, l’inflation a conduit à réduire certaines dépenses (68%), reporter certains investissements (49%, notamment l’industrie, le commerce et les HCR) et plus modestement modifier l’offre de produits, ou services (24%), changer de fournisseurs (21%, notamment la santé, éducation), modifier les canaux de distribution (15%, notamment les HCR), ou réduire les effectifs (10%).

⇒ L’emploi 

♦ Entre début janvier et fin mars, 15% ont ou vont embaucher et 7% ont ou vont supprimer des postes. Il s’agit d’un score un peu supérieur à la moyenne des intentions d’embauche depuis le début du baromètre (12%), dénotant un climat plutôt positif de l’embauche dans les TPE. 

Ce score est corrélé à la taille de l’entreprise où les 10 à 19 salariés ont nettement l’intention d’embaucher (58%), tout comme  l’hôtellerie et les services aux particuliers (22 et 19%), alors que l’industrie et le BTP sont en retrait (10%).

 

♦ En moyenne, on compte 0,3 poste vacant par TPE et 1 poste vacant au sein des entreprises de 10 à 19 salariés. 44% étaient vacants depuis moins de 3 mois, 12% entre 3 et 6 mois et 41% depuis plus de 6 mois.

 

♦ 44% ressentent une pression plus importante (dont 15% beaucoup plus importante) que l’année précédente concernant l’augmentation des salaires, tandis que 25% ressentent une pression moins importante et 31% une pression identique. La pression ressentie s’accroît avec la taille de l’entreprise (56% des TPE de 10 à 19 salariés ressentent une pression plus importante qu’en 2022 sur les salaires). C’est aussi le cas des secteurs du BTP (51%) et de la santé/action sociale (68%).

⇒ L’opinion face aux mesures gouvernementales

♦ 34% des dirigeants déclarent avoir confiance dans les mesures économiques annoncées ou mises en place par Emmanuel Macron et son gouvernement et correspond à l’opinion de l’ensemble des Français (35%). Par contre 41% disent n’avoir pas du tout confiance et 25% plutôt pas confiance.

Noter que les 6 salariés et plus manifestent plus de confiance (47 et 56%) vs les 2 salariés au plus (31-33%). Les dirigeants des services aux entreprises font le plus confiance (51%), à l’opposé de ceux du BTP et de la santé/éducation (26%), et des services aux particuliers (27%), le fait d’un poids important en très petites entreprises.

 

♦ Le résultat précèdent est corroboré par l’opinion des dirigeants sur leur prise en compte par le gouvernement en tant que chef d’entreprise, 66% déclarant qu’ils ne sont pas pris en compte (dont pas du tout 40%) ; on retrouve les mêmes tendances en ce qui concerne les tailles et secteurs d’activité.

Si ce résultat est quasiment identique à celui constaté lors de la dernière mesure en janvier 2018 (35%), la proportion de fort désagrément a fortement progressé, passant de 32% à 40%.

⇒ Leur positionnement face à la réforme des retraites

♦ Les patrons de TPE souhaitent partir à la retraite en moyenne à 62,4 ans, un positionnement très proche selon les tailles ou les activités exercées, proches aussi des Français.

Noter que seuls 40% connaissaient le montant qu’ils allaient percevoir à la retraite (15% précisément). Si 1% des moins de 30 ans était en mesure d’estimer le montant qu’ils percevraient, ce taux était de 72% chez les 60 à 69 ans, mais 44% chez les 50-59 ans. 

 

♦ 36% soutenaient la réforme des retraites proposée,10% y étant très favorables ; à l’inverse,  43% n’y étaient pas du tout favorables ; des scores proches des Français mi-mars, avec 32% qui y étaient favorables. 

Le fait d’être favorable croît avec leur âge (9% seulement des moins de 30 ans vs 56% les 60 à 69 ans) ; la taille d’entreprise joue favorablement (35% les sans aucun salarié vs 50% les 10 à 19 salariés) ; le secteur d’activité joue lui aussi : si les HCR sont les plus favorables avec 50%, les autres secteurs sont défavorables, notamment le BTP (70%) et les services aux particuliers (74%).

 

♦ Dans ce contexte, une majorité des TPE soutenaient les mouvements de grève contre la réforme des retraites (54%), un score à peine plus bas que celui du grand public (58%), avec toutefois une adhésion un peu moins forte : 30% soutenaient le mouvement et 24% avaient de la sympathie contre 42% et 16% au sein des Français.

⇒ Des écarts importants selon la taille et l’activité exercée

Clairement les sans salarié sont les plus pessimistes en ce qui concerne l’évolution de leur affaire ; il en est de même pour la confiance envers le gouvernement et l’écoute de celui-ci quant à leurs problèmes de dirigeants. Ils rejoignent l’opinion des Français en ce qui concerne la réforme des retraites. Par contre les 6 salariés et plus sont plus optimistes et plus confiants envers le gouvernement, y compris sur a réforme des retraites.

En termes d’activité, les plus pessimistes et les moins confiantes en direction du gouvernement sont des TPE aux activités “classiques” et souvent de petite taille (commerce, services aux particuliers, santé et éducation), alors que les activités “nouvelles” (services aux entreprises, moins soumises à l’inflation) et celles habituellement employeurs (BTP, HCR et industrie) sont plus optimistes et confiantes dans le gouvernement.

 

Pour en savoir davantage : https://www.ifop.com/publication/le-barometre-de-conjoncture-des-tpe-vague-71/