Méthodologie : 15éme enquête de conjoncture auprès de 935 ETI répondantes, interrogées entre mi-mars et mi-mai 2025. 615 réponses ont été validées. Ont été écartées les entreprises à la tête de groupe étranger.
Définition : la catégorie des ETI a été introduite par la loi de modernisation de l’économie d’août 2008 ; d’une part ces entreprises occupent moins de 5000 salariés ; d’autre part elles ont un chiffre d’affaires annuel n’excédant pas 1,5 Md€ ou un total bilan annuel n’excédant pas 2 Md€.
Quels freins au développement, quel développement par la création de filiale et l’export ?
⇒ Principales caractéristiques des ETI :
– 38% sont dans le commerce, le transport, et le tourisme, 36% dans l’industrie et la construction et 26% dans les autres services.
– 17% ont moins de 250 salariés, 35% de 250 à 500 salariés et 47% entre 500 et 5 000 salariés.
– 50% sont innovantes. 27% réalisent au moins 25% de leur chiffre d’affaires à l’export, 21% de 5 à 25% et 52% moins de 5%.
– 44% sont familiales, 15% patrimoniales mais non familiales.
⇒ Une activité en baisse, se poursuivant en 2025
Les ETI sont confrontées à des difficultés de demande de plus en plus prégnantes. Les carnets de commandes sont de nouveau attendus en dégradation cette année, après s’être déjà sensiblement dégarnis en 2024. C’est le premier frein cité par 52% (10 points de plus que l’an dernier). Par taille, les moins de 250 salariés se disent moins touchées que celles qui ont plus de 500 salariés. Les ETI innovantes sont autant touchées que les non innovantes, mais demeurent plus dynamiques que ces dernières. Le ralentissement serait moins marqué dans l’industrie et la construction.
En 2025, les ETI anticipent une nouvelle dégradation de leurs carnets de commandes, notamment dans les services (commerce, transport, tourisme et autre services), alors que dans l’industrie et la construction, les carnets de commande seraient plus stables.
⇒ Les freins au développement.
♦ Les obstacles à la bonne marche et au développement de l’entreprise sont en ordre décroissant : 52% les perspectives de demande dégradées, 44% la concurrence, 38% les coûts et prix trop élevés, alors que les difficultés de recrutement (46% sont en baisse) et les autres difficultés stables (règlement spécifique à l’activité 24%, accès au financement 11%, fonds propres insuffisants 6%).
Le ralentissement de l’activité anticipé devrait de nouveau se traduire par moins d’embauches, en France et dans une moindre mesure à l’étranger.
Les créations d’emploi en France ralentiraient le plus fortement dans les services et dans les ETI de plus de 500 salariés (18% vs 16 pour les 250 à 500 salariés), après une année 2024 caractérisée par des créations d’emplois relativement dynamiques pour les 500 salariés et plus.
♦ Une situation de trésorerie dégradée en 2024 et en 2025 (prévision) : 25% jugent leur trésorerie difficile, une situation qui s’accroit davantage dans le commerce, le transport, le tourisme. 22% estiment que cette dégradation s’accentuera.
Malgré cette dégradation, les difficultés d’accès aux financements de court et de long terme ne se sont pas accrues : elles sont stables à 21% pour financer leur exploitation courante et leurs investissements, proches de leur moyenne historique (19 et 18).
Toutefois les ETI ayant rencontré des difficultés d’accès au crédit de trésorerie ont connu une hausse dans le commerce, le transport, le tourisme (20% contre 18 en moyenne sur 2011-24), tandis qu’elle s’est réduite dans les autres services (18% contre 20) et sont restées stables dans l’industrie et la construction, toutefois à un niveau supérieur à leur moyenne historique (20%) ; les ETI de l’industrie et de la construction, qui financent 47% de leurs investissements par de l’endettement, sont 23% avoir été confrontées à des difficultés d’accès aux crédits à l’investissement (vs 19 sa moyenne de long terme).
♦ La réduction des marges reste le principal obstacle à l’accès au financement et ce, quel que soit le secteur d’activité.
♦ En 2024, en matière d’investissements : 31% avaient prévu de les augmenter, 31% les ont accrus et 21% les ont réduits. 25% prévoient de les réduire en 2025.
En 2024, malgré un ralentissement des investissements, une ETI sur deux avait tout de même investi pour sa transition écologique et énergétique, une proportion stable par rapport à l’année précédente. Parmi celles ayant investi l’an dernier, 24% y avaient consacré plus de 20% de leurs investissements (12% de l’ensemble des ETI interrogées), en baisse de 6 points sur un an. Les investissements verts ont représenté en moyenne 17% des investissements totaux (contre 19% l’an dernier).
En 2025, les ETI prévoient de ralentir un peu leurs investissements verts.
♦ Malgré un contexte peu favorable à l’investissement, 19% ont créé au moins une filiale (seulement 13% l’envisageaient lors de l’enquête précédente), une proportion inférieure à celle observée avant la crise sanitaire (25% en moyenne sur 2011-19).
En 2025, seulement 12% envisagent de créer de nouvelles filiales ; elles sont 13% dans l’industrie et la construction (après 8% en 2024 mais contre 28% en moyenne pré-crise sanitaire). À l’inverse, elles fléchissent dans le commerce, le transport, et le tourisme (9% après 14 et 25 en moyenne). Les projets de croissance externe à l’étranger reflueraient encore un peu plus : 10% l’envisagent (2 points de moins qu’en 2024).
⇒ Les sources d’inquiétude.
♦ La cybersécurité pour 80% (dont 23% très inquiets) ; puis, 77% (dont très 24) les conflits géopolitiques, le risque de crise financière (75 dont très inquiets 20), 68% (dont 24) les tensions commerciales, le changement climatique (49%, dont 10), la montée de la concurrence internationale (35% dont 10), les inégalités sociales (21% dont 2), la crise sanitaire (18% dont 3).
♦ Alors qu’en moyenne 24% des ETI se disent très inquiètes par les conflits géopolitiques, cette proportion atteint 31% chez les ETI industrielles et 32% chez les plus internationalisées. Le niveau d’inquiétude est davantage discriminant s’agissant des tensions commerciales (35% et 39% des ETI industrielles et celles les plus internationalisées). Si les dirigeant(e)s d’ETI sont moins inquiets par la montée de la concurrence internationale (10% en moyenne se disent très préoccupés contre 24% pour les tensions commerciales), les ETI industrielles et les plus internationalisées sont les plus concernées (19 et 17%).
♦ Malgré l’inquiétude plus marquée chez les ETI fortement internationalisées, celles-ci présentent comme par le passé des perspectives d’activité plus favorables que leurs homologues faiblement internationalisées. En revanche, les ETI internationalisées et celles innovantes sont plus pessimistes que la moyenne s’agissant de l’évolution de leurs investissements.
⇒ Le développement par la création de filiale.
♦ 34% ont au moins une filiale à l’étranger, en moyenne 5 filiales implantées à l’étranger (2 filiales en moyenne pour les ETI réalisant moins de 5% de leur chiffre d’affaires à l’étranger contre 7 filiales en moyenne pour celles y réalisant plus de 25%). Ainsi, les ETI françaises ont en moyenne 11% de leurs effectifs totaux basés à l’étranger. Parmi ces ETI détenant au moins une filiale, 28% détiennent une ou plusieurs filiales de production seule et 49% des filiales ayant des activités à la fois de production et de distribution.
♦ En 2024, 76% ayant créé au moins une filiale l’ont réalisé en France (soit14% des ETI interrogées), elles étaient 72% à avoir manifesté cette intention lors la précédente enquête. Une proportion en hausse de 11 points sur un an.
En 2025, 71% des ETI ayant des projets de créations de filiales prévoient d’en implanter une en France (9% des ETI interrogées).
♦ Les projets de croissance externe à l’étranger restent concentrés dans les pays de l’UE (61% des ETI ayant des projets vs 68% en 2024), et plus plébiscités que durant les années pré-crise sanitaire (51%). Les ETI sont aussi moins nombreuses à s’orienter vers l’Amérique du Nord (14% en 2025 après 20% l’an dernier et 17% en moyenne sur la période 2011-2019), tout comme en Afrique (15% après 21 et 19 en moyenne pré crise sanitaire). En revanche, l’Asie gagne en attractivité : 18%, en hausse de 8 points sur un an mais toujours inférieure à sa moyenne pré-covid (27%).
⇒ Les exportations.
Si les ETI ont réalisé, en moyenne, 81% de leur chiffre d’affaires en France (part relativement stable depuis 2011), les exportations ont été une source d’activité pour 47%. Parmi les ETI ayant des activités à l’export, la part du CA réalisé à l’étranger était en moyenne de 37% en 2024 (part stable depuis 2011), dont un peu plus de 19% provenant des activités avec les pays de l’Union européenne (UE) et près de 18% en dehors de l’Union. En 2025, les ETI prévoient un ralentissement de leurs activités à l’étranger et ce, quel que soit le marché. Le ralentissement serait toutefois un peu moins prononcé que sur le marché domestique. Comme en 2024, les ETI les plus exportatrices (réalisant au moins 25 % de leur CA à l’international) anticipent une dégradation plus forte de leur activité sur le marché européen (-12 points) que sur les marchés en-dehors de l’UE.
Elles sont plus nombreuses à ne pas avoir atteint leurs objectifs à l’export en 2024 par rapport à l’année précédente. En 2025, l’activité à l’export ralentirait de nouveau et plus fortement pour les ETI les plus internationalisées.
Pour en savoir davantage : https://lelab.bpifrance.fr/content/download/4761/pdf/Enquete_ETI_2025_vf.pdf?disposition=inline