Si 2 entreprises sur 3 sont toujours en activité 3 ans après leur création, ce « bon score » est à relativiser en ce qui concerne leur développement


« Profil des créations d’entreprises hors auto-entrepreneurs et leurs dirigeants » et « Quelle activité et quel développement pour les entreprises âges de 3 ans », Notes APCE de juillet et août 2013

 Source : enquêtes Sine 2010 et 2006-2009 ; si la population interrogée diffère dans les deux enquêtes, notamment du fait que 2006 interroge tous les créateurs et 2010 les non auto-entrepreneurs, les résultats montrent toutefois une réelle proximité quant au profil des entreprises et des dirigeants.

Nous ne reprenons ici que les éléments essentiels ou peu connus, renvoyant le lecteur aux notes déjà publiées.

 

L’emploi : au démarrage, peu sont employeurs (14% en 2006, 12% en 2010) ; en moyenne l’emploi occupé par entreprise pour les créateurs 2010 (salariés et non salariés cumulés) est de 1,5, les ¾ n’occupant qu’une seule personne, le dirigeant.

Entre 2006 et 2010, trois dirigeants sur 10 ont augmenté l’emploi salarié (de 2,4 salariés en moyenne à la création à 4,0 salariés, 3 ans après) mais seuls 13% envisagent de le développer à nouveau dans les douze mois à venir.

Trois dirigeants sur dix ont aussi employé du personnel à titre occasionnel (les 2/3 en CDD, un peu plus de deux entreprises sur cinq des intérimaires, et trois sur dix dans d’autres formes contrats).

Noter qu’au démarrage en 2010, 14% des créations font état de dirigeants salariés.

 

Pourquoi ce développement plus que modéré?

 

Les motivations tout d‘abord : les créateurs déclarent choisir la création à 60% pour être indépendants, mais seulement à 44% par goût d’entreprendre, à 27% pour augmenter leurs revenus et 15% du fait d‘idées nouvelles de produits, services ou marchés. Ces motivations de départ se retrouvent en grande partie, sans changement trois ans après.

En effet, à terme de trois ans, si 83% des dirigeants se déclarent satisfaits, près de la moitié pensent simplement maintenir l’équilibre de leur activité. Moins de la moitié (46%) déclarent avoir effectué un développement durant les deux premières années et seuls 37% pensent à l’avenir développer leur entreprise tout en déclarant développer l’emploi à 13%…On est là, plus dans la consolidation de l’activité et des revenus, que dans un véritable développement économique et donc de la création d’emplois.

 

Les difficultés financières : 21% des créateurs éprouvent des difficultés à obtenir un financement au moment de la création.

Rappelons que 47% des créateurs ont réuni (apports personnels et emprunts cumulés) au plus 8 000€ au démarrage ; la moitié d’entre eux déclarent financer les capitaux initiaux avec leurs seules ressources propres ; l’autre moitié a eu recours en priorité à l’emprunt bancaire (46%), aux prêts d’honneur (11%), et 4% à des concours d’autres entreprises.

 

C’est dire leur fragilité financière dès le départ. De plus :

– plus de la moitié des jeunes dirigeants ont réalisé les trois premières années un CA inférieur à 80 000 euros HT, dont 31% inférieur à 32 000 euros

– 54% des investissements concernent l’achat du matériel nécessaire à la production des biens ou services, essentiellement financés sur les réserves de l’entreprise (51%).

La consolidation financière devra donc être un préalable à tout processus de développement et leur non résolution le retarde d’autant.

 

Les difficultés d’ordre commercial

22% des créateurs déclarent des difficultés à entrer en contact avec la clientèle au moment de la création et 16% à établir les prix ; 50% de ceux toujours en activité 3 ans après déclarent avoir rencontré des problèmes commerciaux, de débouchés et de concurrence ; pour y remédier, deux sur cinq ont mis en œuvre des actions commerciales. Il s’agit là d’un point de fragilité qui impacte fortement sur la consolidation de l’entreprise à court terme et sur un développement à moyen terme.

 

Et pourtant, s’ils étaient 29% à avoir recouru au conseil d’organismes spécialisés lors de la création de leur activité, ils ne sont plus que 8% à y avoir recours au cours des deux dernières années. 29% avaient crée sans conseil (certes le recours au conseil est très majoritairement le fait de l’entourage), contre 80% au cours des premières années.

En 2010, les demandeurs d’emploi représentent 55% des bénéficiaires de soutien venant de réseaux d’accompagnement dédiés à la création d’entreprise, alors qu’ils ne sont que 34% des créateurs.

 

Et pourtant ils disposent d’atouts pour développer (données 2010) :

– 27% travaillent avec des associés (14% des tiers extérieurs, 9% leur conjoint, 4% un autre membre de la famille)

23% étaient chefs d’entreprise au moment de la création ; 32% disent même avoir dans la passé dirigé une entreprise ; parmi ceux qui ont été salariés, 2/3 avaient été cadre, et 20% technicien ou agent de maitrise.

9% appartiennent à des réseaux d’enseigne

11% sont des filiales

 

En résumé quels développements pour les créateurs 2006-2010 ?

29% ont produit un chiffre d’affaires HT de plus de 150 000€ la 2 ou 3éme année de leur création

– 37% envisagent de développer à nouveau leur activité

– 1/3 emploient des salariés (en moyenne 4 salariés), mais la majorité a au plus 1 ou 2 salariés ; 13% envisagent d’embaucher, majoritairement pour créer de nouveaux postes.

– 25% s’identifient au terme de chef d’entreprise

– 24% se déclarent très satisfaits d’avoir crée

– 38% ont eu recours à des emprunts bancaires pour de nouveaux investissements et 13% au crédit-bail