La maternité est un levier dans la vie professionnelle des entrepreneures, alors qu’elle est un frein à la carrière des femmes cadres en PME de croissance


« Vie professionnelle et maternité :représentations comparées de jeunes entrepreneures et cadres en TPE et PME encroissance », Revue de l’Entrepreneuriat N° 23, volume 14/2015

Méthodologie : ont été interrogées

– 12 femmes dirigeantes, récemment mères : âge moyen 33 ans, diplômées de niveau L3, conjoint cadre, en TPE dans l’e-commerce ou les services dont le chiffre d’affaires est en hausse d’au moins 20% chaque année sur 3 ans, revenus du couple autour de 2 500€ mensuels

– 12 femmes cadres en couple avec pour moitié un enfant : âge moyen 31 ans, diplômées bac +5 d’écoles de commerce, dans le conseil et l’industrie, dont le chiffre d’affaires est en hausse d’au moins 20% chaque année sur 3 ans, revenus du couple entre 2 500 et 3 500€.

Il est clair que l’approche de ces femmes entrepreneures, très atypiques au regard de l’ensemble de femmes entrepreneures, devient de plus en plus fréquente du fait de femmes issues d’étude supérieures, ex cadres en entreprise, et créatrices dans des activités de « matière grise », ce qui qui permet ce choix.

 

Les entrepreneures évoquent spontanément la flexibilité et l’autonomie, alors que les cadres parlent de la diversité de leur travail et de la difficulté à concilier vie professionnelle et vie familiale.

 

Les entrepreneures parlent de leur entreprise comme une forme de maternité et de la conception de l’enfant qu’est leur entreprise ; l’entreprise est conçue comme une prolongation d’elle-même. Qui plus est, la maternité a été l’élément déclencheur de la création.

 

L’autonomie et la flexibilité vécues leur permettent de combiner les sphères professionnelles et privées (pas de responsable hiérarchique, le choix de ses horaires permettant de s’occuper, bien plus qu’en tant que cadre, de leurs enfants). La croissance forte de l’entreprise n’est pas considérée comme une entrave. D’ailleurs lors des maternités, la frontière entre vie familiale et vie professionnelle est totalement absente.

 

Enfin leur entourage immédiat (le plus souvent le conjoint) est associé à cet investissement qu’est le développement de l’entreprise, venant en aide dans le cadre de tâches ménagères ou dans le fait de s’occuper des enfants, mais aussi pour soutenir le moral. La maternité est donnée comme un projet personnel et conjugal. Elles utilisent aussi  les facilités données lors des maternités par le RSI.

 

Les cadres parlent de leur entrée en PME comme l’exercice d’un lieu de responsabilités larges conférant à une certaine autonomie du fait de la polyvalence des tâches, permettant aussi de conserver une proximité avec l’implantation familiale.

Les fortes aspirations à progresser en compétences et en responsabilité sont perçues comme « un piège », même si toutes expriment le souhait de poursuivre, de travailler à plein temps après une récente maternité. Cette vision est aussi celle de leurs collègues masculins qu’elles partagent.

D’ailleurs la prise de congés après une maternité a pour elles une faible légitimité ; majoritairement, elles ont retardé la venue d’un premier enfant pour ne pas entraver leur carrière. Dans la conciliation vie de travail-vie de famille, leur conjoint a laissé le choix.