Entre 1993 et 2011, l’évolution du PIB est d’abord le fait de l’évolution favorable du nombre d’habitants, nettement moins du fait de l’économie des territoires


« Croissance dans les régions : davantage de disparités depuis la crise », Insee Première N° 1 501, juin 2014

 Au cours des vingt dernières années, la France a subi deux récessions économiques : en 1993 et en 2008-2009 ; hormis au cours de ces deux crises, le volume du PIB n’a cessé de progresser, chaque région contribuant différemment à la croissance nationale.

 

De 1993 à 2007, les écarts de croissance entre régions sont modérés : les PIB régionaux augmentent en volume dans une fourchette allant de +1,3% par an en Picardie à +2,8% en Corse et en Languedoc-Roussillon.

 De 2008 à 2011, les rythmes d’évolution divergent plus fortement, certaines régions ne parvenant pas à sortir de la récession : les taux s’échelonnent de –1,2% par an en Bourgogne à +1,9 % en Corse

Au total, entre 1993 et 2011, la croissance annuelle moyenne en volume des PIB régionaux métropolitains varie de + 0,7% en Lorraine et Picardie à +2,6% en Corse.

 

Les disparités ne résultent que très partiellement du profil d’activité de chaque région : les régions de l’Ouest, du pourtour méditerranéen et Rhône-Alpes ont connu une croissance très liée à celle de la population du fait du climat, du cadre de vie, de certaines politiques publiques locales, des aides européennes (concernant notamment l’aménagement les transports et infrastructures).

 

Hormis la Corse, dix régions ont, en 2011, retrouvé ou dépassé le niveau de PIB en volume qu’elles avaient atteint en 2008. Il s’agit des régions qui ont le PIB le plus élevé et où sont souvent situées les plus grandes métropoles françaises : Aquitaine, Poitou-Charentes, Île-de- France, Pays de la Loire, Haute-Normandie, Midi-Pyrénées, Nord – Pas-de-Calais, Rhône- Alpes, Basse-Normandie et Provence-Alpes-Côte d’Azur. Parmi ces régions, trois présentent une dynamique propre, notamment démographique, particulièrement favorable (Aquitaine, Poitou-Charentes, Pays de la Loire).

 

Les régions situées dans le quart nord-est (Lorraine, Picardie, Champagne-Ardenne, Alsace), au centre (Centre, Limousin, Auvergne) ou au centre-est (Bourgogne, Franche-Comté), voire à l’ouest du pays (Basse-Normandie) ont évolué moins favorablement entre 1993 et 2007. La structure productive de ces régions, souvent davantage orientée vers l’industrie ou l’agriculture, n’explique que marginalement leur rythme de croissance économique plus faible.

 

Entre 1993 et 2007, le PIB de l’Île-de-France a augmenté légèrement plus (+2,3% en moyenne par an et en volume) que la moyenne des autres régions (+2,1%). Contrairement aux autres régions, c’est la spécialisation de la région qui semble expliquer cet écart ; en effet, en 2007, 52% de la richesse créée en Île-de-France provenait des services marchands, contre 33% en moyenne dans les régions de province. Or, les services marchands ont sur cette période une croissance plus favorable que l’industrie. Avec 29% du PIB métropolitain en 2007, l’Île-de-France pèse fortement dans l’économie nationale ; plus largement, le bassin parisien (Île-de-France et régions limitrophes) concentre 42% du PIB métropolitain.

 

Les écarts interrégionaux de PIB par habitant se sont modifiés entre 1993 et 2011 sous l’effet principal de la récession, passant d’un rapport de 1,98 à 2,19.

Les disparités régionales de productivité apparente du travail, définie comme le rapport entre le PIB et le nombre d’emplois, sont plus resserrées que celles du PIB par habitant ; le PIB par emploi apparaît très dépendant de la structure de l’activité de la région, car il est fortement lié à la présence de secteurs à forte valeur ajoutée. Exemple, les PIB par emploi de l’Île-de-France et de Rhône-Alpes  ont plus augmenté que dans les autres régions métropolitaines.

 

En conclusion entre 1993 et 2011, l’évolution de la population entraine sans ambiguïté l’évolution du PIB et dessine 2 groupes de régions, avec l’exception de l’Ile-de-France tout autant marquée par des activités à forte valeur ajoutée :

 

Une évolution annuelle modérée de la population comprise entre -0,1 et +0,4% et une évolution annuelle du PIB de +0,7 à + 1,5% (concentrée entre 0,8 à 1,2%) :

* régions du nord et de l’est : Champagne-Ardenne, Lorraine, Picardie, Nord-Pas-de-Calais, Haute-Normandie et Basse-Normandie, Alsace  (avec toutefois la plus forte évolution de la population et un effet sur le PIB proche des autres régions de ce groupe)

*régions du centre : Centre, Bourgogne, Franche-Comté, Auvergne, Limousin

 

– Une évolution annuelle plus importante et de la population comprise entre +0,55 et +2,6%,  et du PIB de 1,6 à 2,6% :

* régions de l’ouest : Bretagne, Pays de Loire, Poitou-Charentes

* régions du sud : Aquitaine, Midi-Pyrénées, Rhône-Alpes, Paca, et 2 régions, avec les évolutions de population et de PIB les plus fortes, Languedoc-Roussillon et Corse

– l’Ile de France atypique avec une évolution de la population de +0,52%  (inscrite entre les deux groupes précédents ) et +2,1% (identique aux meilleures performances du 2éme groupe)