Les femmes sont 40% des indépendants dans les entreprises de proximité.


"Les entreprises de proximité au féminin dans l'artisanat, le commerce et les professions libérale", U2P, Maaf, mars 2022

Méthodologie : l’analyse porte sur 392 codes d’activité regroupés en 8 grandes familles et 34 sous-secteurs dans les entreprises de moins de 20 salariés. Seules les entreprises dites de proximité sont retenues à l’exception de quelques codes de l’alimentation, de l’hôtellerie-restauration et des professions libérales réglementées où l’ensemble des entreprises est retenu. La plupart des activités étudiées sont artisanales (seuls 64 codes sont extérieurs).

 

Les entreprises dites de proximité sont celles de l’artisanat, du commerce alimentaire de détail et de l’hôtellerie-restauration et des activités libérales, qu’ils relèvent des secteurs du droit, de la santé, ou des professions techniques ou du cadre de vie. Ces secteurs rassemblent les 2/3 des entreprises du secteur marchand et emploient près de 3,7 millions de salariés, sans compter les apprentis et stagiaires formés en alternance.

 

Enquête U2P, ISM, MAAF auprès de 550 par voie électronique en janvier/février 2020, complétée en avril/mai par des entretiens qualitatifs.

 

Une tentative de vision large des femmes cheffes d’entreprise de petite taille (nombre, caractéristiques, accès à la création, nombre de salariées).

⇒ Le  nombre et l’évolution des femmes indépendantes (source Urssaf)

♦ De 800.000 en 2017, le nombre de femmes, chefs d’entreprise de proximité devient 1.060.000 fin 2020 (40% des chefs d’entreprise du régime indépendant vs 38% en 2017).

 

 Toutes les familles d’activité de l’U2P sont concernées par cette progression, à l’exception de l’artisanat des services, très féminisés comme la coiffure ; la part de femmes dirigeantes poursuit sa hausse dans les entreprises libérales de santé (64% versus 61% en 2017), de même dans les entreprises libérales du droit (55% versus 53% en 2017) ; dans l’artisanat de fabrication, intégrant les métiers d’art, leur part progresse de 20% en 1984 à 36% en 2017, puis 44% en 2020 ; dans l’artisanat et le commerce de l’alimentation, la proportion de femmes dirigeantes passe durant la période de 30 à 36% ; dans le BTP, la part des femmes progresse de 3 à 4%.

 

En termes d’activités fines, elles sont très présentes dans la coiffure (90% des indépendants), les métiers du textile/habillement (85%), la santé (64%), les services aux personnes (61% de type ménage, accompagnement de personnes âgées ou d’enfants), les métiers d’art (60%), les professions libérales du droit (55%).

 

♦ 46% des femmes indépendantes sont des microentrepreneures vs 45% les hommes.

Elles ne le sont pas du tout dans certaines profession libérales réglementées (droit, santé…), peu dans les HCR (7%), certaines activités de santé non réglementées (18%), et le BTP (27%) ; par contre, elles le sont bien plus que l’artisanat de fabrication (85% du fait des métiers d’art vs les hommes 52 plus versés vers des activités plus “industrielles” telles l’ébénisterie, la fabrication de bijou ou la métallurgie) et dans les services aux entreprises (80% vs 64 les hommes).

 

⇒ Quelques élements de profil pour l’ensemble des dirigeantes (source : recensement de la population)

L’âge : elles sont plus jeunes que les hommes (32% ont moins de 40 ans vs 27 les hommes) ; par contre les hommes sont plus âgés (46% ont 50 ans et plus vs 39 les femmes).

 

Elles ont moins de 50 ans dans les professions libérales de santé (54 vs 34% les hommes, un écart de 20%), les professions du droit (un écart de 18%), dans les secteurs de l’artisanat de fabrication (56 vs 49% les hommes, un écart de 7%), les services aux personnes (un écart de 6%).

 

♦ En termes de diplôme, les femmes sont davantage issue de l’enseignement supérieur (55% vs 39 pour les hommes), alors qu’ils sont beaucoup plus issus de CAP/BEP (32% vs 19). Un niveau en hausse (55% vs 50 en 2015).

Ceci s’explique aussi par les professions exercées ; davantage de professions libérales pour les femmes (notamment la santé et le droit, exigeant un niveau d’étude du supérieur), alors que les hommes dominent dans les activités traditionnelles de la construction, du commerce alimentaire et des HCR, où le CAP est bien plus habituel (qui plus est le fait des plus de 50 ans).

 

Les dirigeantes sont aussi moins nombreuses à vivre en couple (75% vs 79 pour les hommes) , notamment dans les secteurs de la santé (-11 points), une situation que la difficulté à concilier vie familiale et vie professionnelle, et un niveau de revenu compatible peuvent expliquer. L’artisanat et le commerce de l’alimentation (où les entreprises sont souvent pilotées en couple) manifestent au contraire une forte présence du couple.

 

Les dirigeantes vivent plus souvent en famille monoparentale que les hommes (10% vs 4) et lorsqu’elles sont en couple, elles ont moins d’enfants (au moins 3, 7% vs 10).

 

♦ Pour en savoir plus sur la conciliation vie familiale/vie professionnelle, une enquête complémentaire auprès de 550 chefs d’entreprise de proximité a été menée : 80% travaillent plus de 35 heures par semaine (dont 36% plus de 50 heures), la médiane étant de 42 heures (45% sans enfant et 40% avec enfant). 22% travaillent néanmoins moins de 35 heures, majoritairement sous le régime micro-entrepreneur.

64% des dirigeantes avec enfant ont aménagé leur charge de travail pour concilier vie familiale et vie professionnelle, vs 37% pour celles sans enfant.

 

Les dirigeantes sont d’abord préoccupées par les questions économiques (l’insécurité financière), puis par la charge d’activité, la solitude, l’équilibre vie familiale/vie professionnelle n’étant un problème que pour 1/4 d’entre elles (il s’agit du problème N°1 pour 6% d’entre elles).
Leur niveau de stress lié à l’activité professionnelle est élevè  (en moyenne 6,4/10), mais leur niveau de satisfaction concernant leur épanouissement personnel important (7,7 sur 10).

 

♦ Elles apparaissent un peu plus mobiles géographiquement (selon l’enquête population globale) dans leur parcours de vie, étant plus nombreuses à résider en dehors de leur département de naissance (39% vs 44). Elles sont aussi moins souvent issues de l’immigration (13% sont nées à l’étranger vs 17 les hommes).

⇒ Les conditions et atouts pour leur activité de chef d’entreprise, en ce qui concerne les entreprises individuelles hors autoentrepreneures.

♦ Bien que plus diplômées que leurs homologues masculins, les créatrices d’entreprises apparaissent moins expérimentées dans le métier ou le secteur d’activité de création que les hommes : 39 à 53% y ont moins de 3 ans d’expérience en ce qui concerne les activités de construction (hommes 14% vs femmes 53), d’artisanat et commerce d’alimentation (hommes 32% vs 47 les femmes), d’artisanat de fabrication (hommes 22% vs 42 les femmes) et les HCR et même 57% pour les professions du droit (vs hommes 34, où elles passent directement des études à la création de leur entreprise). C’est moins le cas pour les autres activités de service (entre 26 et 31% pour les femmes vs 28 à 36 pour les hommes).

 

♦ Les femmes ont moins souvent été préalablement chefs d’entreprise (8 à 25% vs 18 à 36% pour les hommes), voire un peu moins salariés ; noter la catégorie autres qui handicape l’analyse dans la mesure où notamment pour les libéraux réglementés, on peut venir du salariat de la fonction publique ou même du monde étudiant (41% pour le droit et 48% pour la santé).

Par ailleurs les femmes viennent aussi plus souvent du chômage (23 à 34% vs les hommes 19 à 24%), exception bien sûr des libéraux réglementés.

 

Les femmes mobilisent plutôt un peu moins d’argent au démarrage : 45 à 59% plus de 16 000€ dans les activités HCR, artisanat et commerce d’alimentation, artisanat de fabrication (vs 50 à 65% les hommes),  20-26% pour les professions du droit et de la santé (vs 32-35 pour les hommes).

 

♦ Leurs motivations sont proches de celles des hommes, d’abord tournées vers le désir d’indépendance (69%), la passion pour le métier (40%), l’accomplissement de soi (36%), le goût d’entreprendre (34%), et beaucoup moins l’insatisfaction dans le travail salarié (30%), la saisie d’une opportunité (16%), l’envie d’augmenter ses revenus (16%), la difficulté de trouver un emploi salarié (9%), et trop peu l’idée nouvelle de produit ou de marché (6%).

 

♦ La maturation du projet intervient en cours de parcours professionnel : pour 37%, c’est l’environnement personnel et professionnel qui a concouru à l’émergence du projet entrepreneurial, voire suite à un changement de parcours professionnel (18%) ; par contre  10% seulement y pensaient depuis l’enfance.

 

♦ Les difficultés pour créer sont elles aussi bien connues : les ressources financières à réunir (39%), le revenu suffisant (35%), la peur de l’échec (33%) et la confiance en soi (32%), nettement moins devant Incompatibilité avec la maternité et l’éducation des enfants (22%) ou la crainte de perdre l’équilibre familial (18%), voire la difficulté à trouver le bon local (20%).

 

24% n’ont pas suivi de formation les préparant au métier exercé dans leur entreprise ; les “formations” ad hoc sont surtout le fait  des acquis lors de l’expérience professionnelle (38%), ou de formations effectives dans le cadre de reconversion (20%), voire en formation continue (10%) ; 29% disent toutefois avoir été formées lors de leur parcours scolaire ; noter aussi que 5% ont bénéficié d’une transmission familiale.

⇒ Les femmes salariées dans les entreprises gérées par des femmes

♦ Les entreprises des secteurs de proximité emploient 1 660 000 femmes (45% du total des 3,7 millions de salariés de ces secteurs). La féminisation des emplois s’est poursuivie ces 3 dernières années (1.450.000 de femmes y étaient salariées en 2015).

 

Les salariés des activités libérales du droit et de santé sont surtout des femmes (88 et 83% des salariés), alors que dans l’artisanat du BTP et de fabrication ce sont surtout des hommes. Une relative parité existe parmi les salariés de l’hôtellerie-restauration, l’artisanat et le commerce de l’alimentation, l’artisanat des services, et les autres services aux entreprises.

 

En volume, le secteur des services aux entreprises est le premier secteur pour l’emploi salarié de femmes (avec un total de près de 400 000 salariées), devant les professions libérales de santé (309 300) et l’hôtellerie-restauration (285 000).

 

♦ En termes de métiers, les salariées des secteurs de proximité exercent davantage dans des métiers de services ou occupent des postes dans les fonctions transversales de vente et de gestion-administration (métiers de secrétaire, d’employée comptable), de vendeuse en alimentation et de coiffeuse ; dans les activités libérales, les métiers les plus occupés par des femmes (en nombre) sont ceux de préparatrices en pharmacie et d’assistantes dentaire, médicale et vétérinaire.

 

La plupart de ces métiers sont fortement féminisés, les femmes y occupant souvent plus de 70% des postes ; quelques métiers sont plus partagés entre les femmes et les hommes principalement des métiers de l’hôtellerie-restauration (37% des aides de cuisine, 49% des serveurs qualifiés et 57% des serveurs non qualifiés).

Les principaux métiers exercés par des salariés hommes sont quant à eux les métiers d’ouvriers.

 

♦ Concernant les contrats de travail, la part des femmes en CDI est de 87% (82% en 2015); elle reste légèrement supérieure à celle des hommes (85%).

64% des salariées occupent un poste à temps plein.

 

 

Pour en savoir davantage : etude_les_entreprises_de_proximite_au_feminin.pdf (u2p-france.fr)