Des résultats d’un sondage au Québec, assez proches ce ceux de la France, à propos des intentions de création/reprise d’entreprise


« Entreprendre : partout pareil au Québec », Indice entrepreneurial Québec 2015, Fondation de l’Entrepeneurship, avec l’appui de la Caisse de Dépôt et de placement du Québec, en partenariat avec l’Institut d’Entrepreneuriat, non daté

Sondage Web auprès d’un échantillon de 2 587 personnes âgées de 18 ans ou plus, du 5 au 22 janvier 2015, avec une durée moyenne du questionnaire d’environ 13 minutes ; des quotas minima ont été fixés afin d’obtenir un minimum de 150 répondants par région et 320 pour la région de Montréal, mais aussi afin d’avoir un minimum de répondants issus de différentes catégories entrepreneuriales.

Pour établir les incidences s’appliquant aux différentes catégories entrepreneuriales au début du sondage, 9 656 répondants ont été sondés, avec une marge d’erreur maximale de ±1,00 %.

Trois remarques :

– comme dans tous les questionnaires quantitatifs, les items imposés par qui interroge, impose la vision de celui qui interroge, alors que ce n’est pas le cas dans l’approche qualitative à l’écoute du discours,

– les résultats relatifs aux nouveaux dirigeants et aux cessations, doivent être observés avec précaution

– les résultats, s’ils permettent d’approcher le profil de ceux qui entreprennent vs ceux qui n’ont pas l’intention de le faire, ne se traduisent pas dans un modèle explicatif de territoires entrepreneuriaux.

 

Principaux indicateurs utilisés :

Intentions : Seul(e) ou avec d’autres personnes, vous avez l’intention de créer un jour une nouvelle entreprise ou de reprendre une entreprise existante.

Démarches : Au cours de la dernière année, seul(e) ou avec d’autres personnes, vous avez réalisé des démarches pour créer une nouvelle entreprise ou reprendre une entreprise existante

Propriétaires : unique propriétaire d’une entreprise (les travailleurs autonomes y sont inclus) et propriétaire associé.

– Fermetures : Les individus qui ont déjà fermé ou cessé les activités d’une entreprise dont ils étaient propriétaires et qu’ils dirigeaient (ne comprend pas la vente d’une entreprise)

Les individus provenant des familles en affaires

– Population active : Ensemble des répondants représentatifs de la population active (18 à 64 ans), qu’ils soient actifs ou non dans le processus entrepreneurial. :

Population immigrante : Les personnes nées à l’étranger de parents non canadiens et qui ont détenu ou détiennent le statut d’immigré reçu.

– Le taux d’individus immigrants dans la chaîne entrepreneuriale

Population urbaine : Ensemble des répondants habitant dans les métropoles, grandes villes et villes moyennes

– Population rurale : Ensemble des répondants habitant dans les petites villes et villages

– Les régions du Québec

Un premier tableau de résultats selon ces indicateurs :

 

Pop Totale 

18-64 ans

Pop active

18-64 ans

18-34ans

35-64 ans

hommes

femmes

Pop urbaine

Pop rurale

Intentions

20,1

24,8

36,6

18,8

24,6

15,8

20,9

16,3

Démarches

10,2

11,9

13,9

10,8

12,7

7,8

9,9

11,4

Propriétaires

7,9

9,3

5,8

11,1

9,4

6,6

7,2

11,0

Fermetures

12,3

4,8

16,1

20,2

14,1

10,7

12,4

12,0


Ø 
La perception du fait d’entreprendre (ensemble des répondants) est très proche des résultats des sondages en France :

– Une forte majorité estime important l’entrepreneuriat pour le développement économique

– 69% connaissent plus ou moins bien un entrepreneur

L’indépendance (dans la prise de décisions, dans la flexibilité pour organiser son travail) et l’épanouissement de soi (satisfaction personnelle, réalisation de son rêve, liberté de création) constituent le principal attrait de l’entrepreneuriat, bien avant le fait de gagner plus, le risque (défis quotidiens), voire la reconnaissance sociale :

 

Indépendance

Satisfaction

 Personnelle

Réaliser

son rêve

Flexibilité dans

le travail

Gagner

beaucoup

Liberté de

Création

Défis

quotidiens

Reconnaissance

sociale

En %

38,7

28,9

27,4

26,1

20,4

16,7

14,1

5,4


L’insécurité, l’incertitude et le risque reliés à l’échec représentent les éléments les plus indésirables pour 56% des répondants, suivis par les revenus instables (39,5%), et les modalités propres à ce type d’implication (stress, longues heures de travail, lourde responsabilités), avant la perception d’une qualification insuffisante, et les inconvénients du statut (manque d’avantages sociaux) :

 

Insécurité, risque

Incertitude

Revenus

Instables

Stress relié

aux affaires

Longues heures

de travail

Manque d’avantages

sociaux

Manque de

compétences

Responsabilités

Trop lourdes

En %

55,6

39,5

26

21,5

15,1

9,8

8,7

 

– Ceux qui sont satisfaits de leur situation en emploi salarié ont nettement moins l’intention de créer/reprendre une entreprise

Ø  Les intentions entrepreneuriales : le taux d’intentions entrepreneuriales est de 20,1% (19,1% en 2014) ; il est de 34 à 39% pour les 18-34 ans.

 

18-19 ans

20-24 ans

25-29 ans

30-34 ans

35-39 ans

40-44 ans

45-49 ans

50-54 ans

55-64 ans

En %

33,8

35,4

39,3

36,6

28,5

28,9

22,7

17,4

7,9

 – Ce taux est deux fois plus élevé pour les personnes issues de « familles en affaires » (34 contre 17,4%), il est aussi très élevé chez les immigrants (11% de la population et 32,3% de taux d’intention contre 18,8 pour les autres)

– Les ¾ connaissent un entrepreneur

Plus du quart des répondants ayant des intentions entrepreneuriales affirment avoir été positivement influencés par les intervenants scolaires (contre 13% pour ceux qui n’en ont pas l’intention)

– 53% pensent entreprendre des démarches dans les 3 ans à venir, 45% espérant leur création/reprise dans ces mêmes 3 ans

– L’identification d’une opportunité (26%, se différenciant pour cet item de la France), les compétences personnelles (25%) et de la présence d’un mentor (18%, une spécificité du Québec) sont les 3 facteurs déclencheurs.

– L’obstacle principal est le manque d’argent (33%)

Les motivations pour se lancer sont avant tout l’épanouissement personnel, l’indépendance, la hausse des revenus, l’exploitation d’une bonne idée d’affaires, sans grande différence avec les réponses de l’ensemble des répondants ; noter que les raisons qui poussent à se lancer en affaires par nécessité (et non pas pour l’exploitation d’une opportunité) semblent être de moindre importance :

 

Accomplissement personnel

Réalisation d’un rêve

Contrôler

ma vie

Augmenter

mes revenus

Besoin

d’indé-pendance

Exploiter une

Bonne idée d’affaires

Faire qqc d’utile pour la société

Gagner beaucoup

d’argent

Revenu suffisant

pour vivre

Meilleure

Position dans la société

En %

4,44

4,13

4,10

4,07

3,99

3,86

3,69

3,66

3,62

 4 autres items, moins importants, sont cités (entre 2,83 et 3,10) : continuer la tradition familiale, insatisfaction de l’ancien emploi, difficulté d’imposer mes idées, suivre l’exemple d’une personne admirée.

– leur forte propension à prendre des risques les différencie nettement de ceux qui n’ont pas l’intention de créer/reprendre, voire même des indécis

Les éléments déclencheurs d’entreprendre des démarches sont plutôt de 3 types : l’opportunité (d’affaires ou de partenariat), les compétences et les motivations, les aides et appuis disponibles, nettement moins  le changement de contexte :

 

Aides et appuis

Les opportunités

Compétences/motivations

Contexte

En %

Présence d’un mentor                               18,3

Aide gouvernementale

au financement                                           16,7

Information sur le démarrage                    6,9

Aide aux entreprises, financement privé 6,3

Accompagnement d’un conseiller             3,8

Soutien de l’entourage                                2,3       

Opportunité d’affaire         26,2

Partenaire d’affaire     25,2

Augmentation

des compétences     25,2

Motivation à

passer à l‘action       15,8

Perte d’emploi               6,2

Changement du contexte économique                   4,5

 – 78% affichent le souhait de créer et non de reprendre une entreprise et ce dans la région du domicile (69,4%)

 

Quid de la perception des atouts du répondant pour entreprendre ?

Les qualités de la personne qui a l’intention d’entreprendre sont de loin les plus citées comme les plus importantes (qualités personnelles, capacités et compétences, compréhension du monde des affaires) ; suivent le soutien (de gens positifs dans l’entourage), alors que le réseau de contacts et la situation financière apparaissent comme des handicaps au plus grand nombre.

Ceux qui n’ont pas l’intention mettent beaucoup moins en avant leurs compétences, leur compréhension des affaires, et encore moins leur réseau de contact et leur situation financière, autant d’obstacles à surmonter pour leur permettre de changer d’avis ; ils ne croient pas en eux dans ce type de projet. Noter que les indécis, plus proches de ceux qui ont l’intention d’entreprendre, s’en différencient nettement en ce qui concerne leur situation financière.

 

Qualités

personnelles

Capacités et

compétences

Entouré de gens

positifs

Compréhension du

monde des affaires

Réseau de

Contacts

Situation

financière

Intention de créer/reprendre

85,2

62,7

60,4

52,8

32,2

24,2

Sans intention

45,7

29,1

35,1

30,6

18,6

17,3

Indécis

59,1

45,1

47,8

34,3

21,6

5,3


Ø 
Les démarches : 10,1% ont entrepris des démarches (9,1% en 2014)

Les individus en phase de démarches ont une vision plus claire de leur projet d’entreprise par rapport à ceux qui se trouvent à l’étape des intentions :

– Les 18-34 ans ont fait le plus de démarches (13,9% contre 10,8 chez les 35-64 ans), tout comme les hommes (12,7 contre 7,8% chez les femmes)

– Les obstacles perçus par cette population sont largement reliés au financement, qu’il s’agisse du manque d’économies (20,9%), du financement public insuffisant ou inadéquat (10,2%) ou de la difficulté à obtenir du financement privé (7,9%).

La complexité des procédures administratives, juridiques et fiscales représente un obstacle perçu par 20,4%, tout comme le manque de temps (20,5%).

Les manques d’appui font peu obstacle : 6,6% pour le manque de soutien technique (plan financier, étude de marché), l’absence d’accompagnement d’un entrepreneur expérimenté (5,7%) ;

Les appuis reçus : 46,3% ont sollicité ces types d’aide (le plus souvent la formation/information) qu’une très large majorité des répondants (79,2%) affirme satisfaisante (56,9%) ou excellente (22,3).

L’aide financière est jugée importante, sous forme de prêts des instances publiques et de financement privé (chacune des deux formes étant mentionnée par 16,4% des répondants).

L’accès à des réseaux d’entrepreneurs est aussi mentionné par 17,3%.

En dépit du taux élevé de satisfaction par rapport à l’aide publique reçue, les démarcheurs ressentent le besoin de soutien supplémentaire.

 

Le type d’entreprise envisagée (pour ceux qui ont entrepris des démarches) :

– Activités : au niveau des intentions, les services professionnels, scientifiques et techniques sont les plus convoités (22,2%), suivis par le commerce de détail (13%) et les services d’hébergement et de restauration (11,8%), 9,8% les services aux personnes, 7,7% le domaine artistique, l’industrie (4,1%) et la construction (3,5%); par contre, ceux qui ont engagé des démarches, envisagent surtout le commerce de détail (17,2 %) et le secteur des services professionnels, scientifiques et techniques (13,5 %).

– Emploi : 58,7% envisagent  de créer au moins un emploi (sans compter le leur) et 21,1% envisagent d’en créer au moins quatre durant la 1re année d’activité de leur entreprise ; ils sont bien plus optimistes que les dirigeants en activité (55% n’ont pas de salarié)

– Investissements : 26,7% disent nécessiter jusqu’à 5 000$ (un dollar canadien vaut au 1er mai 0,75€) pour commencer l’exploitation de leur entreprise et 63% moins de 100 000$ ; 20% envisagent plus de 100 000$ ; là encore, ils sont plus que les dirigeants de TPE en activité

 

<5 000$

5-19 900$

20-49 999$

50-99 999$

Sous-total <100 000$

100-249 999$

250-499 999$

>500 000$

En %

26,7

18,2

18,1

17,9

63,0

10,3

4,9

4 


– Financement du démarrage : 50% comptent sur leurs économies, 13,9% sur l’argent de la famille et
32,3% sur des prêts bancaires.

 

Un zoom sur les dirigeants de TPE en activité et sur les cessations :

Ø  Les « propriétaires » d’entreprise (les chefs d’entreprise en activité) sont 9,3% de la population active (proche de la France), plus précisément 11,1% des 35-64 ans et 5,8% des 18-34 ans ; 11% du milieu rural contre 7,2% du milieu urbain ; ou encore 9,4% des hommes et 6,6% des femmes

– 73% étaient auparavant salariés, contre 6,9% chômeur (une grande différence avec la France du fait de modalités fort différentes dans l’indemnisation du chômage, notamment des chômeurs créateurs)

71% ont créé et 29% ont repris ; 14,4% ont moins d’un an d’existence et 32,9% moins de 3 ans (à ce niveau, grand décalage avec la France)

– 44,7% ont démarré avec moins de 5 000$ et 10% avec plus de 100 000$ (noter le décalage avec ceux qui ont l’intention de créer, plus gourmands en capitaux initiaux)

51% n’ont pas de salarié, et 39,5% au plus 5 (là encore un décalage)

–  57% ont connu une croissance de leur chiffre d’affaires, 22% la stabilité, et 10% une baisse ; ceci étant, les 2/3 ont un chiffre d’affaires inférieur à 50 000$.

Pour croitre, une majorité compte à la fois sur des relations d’affaires (contacts influents, accès à des réseaux d’entrepreneurs), et sur des appuis de type conseil, mais aussi sur des subventions ! :

 

Contacts d’affaires

Appui de type conseil

Subventions

Financement privé

(investisseurs privés)

En %

Contacts influents     33,6                           

Accès à des réseaux d’entrepreneurs        16,7

Conseil technique       22,2

Organismes publics    16,8

Accompagnement entrepreneurs expérimentés              13,5

32

22,5 


39% sont en situation peu facile (3% déclarent gagner juste ce qu’il leur faut pour vivre, et 2% perdre de l’argent), par contre 38% s’en sortent bien (24,4% ont l’équivalent d’un bon salaire et 14% ont fait de l’argent ») :

 

Perte d’argent

Juste ce qu’il faut pour vivre

L’équivalent d’un bon salaire

Bon revenu

Les affaires ont permis de s’enrichir

En %

6,3

32,3

24,4

7,5

6,3


– Si pour
48%, la conjoncture a été l’obstacle principal, le financement (ou la rentabilité) est toujours un problème majeur (manque de liquidité, charges sur salaires trop lourdes, financement public et privé insuffisant, endettement, crainte de ne pas rentabiliser), bien plus que la compétence du dirigeant ou le manque de soutien. Noter que 29% affirment qu’ils n’ont pas connu d’obstacle.

 

Conjoncture

Manque de

liquidité

Charges  sur

salaires

Financement public

insatisfaisant

Crainte de ne pas

rentabiliser

Endettement

Financement

privé insuffisant

Manque  savoir-faire

Manque

Soutien

technique

En %

48,3

26,9

15,1

14,6

14,4

13,7

12,6

7,2

5,1


Ø 
Les fermetures d’entreprise (pour ceux qui ont connu au moins une fermeture au cours de leur vie), ils sont 12,4%

Les taux de pérennité au Québec sont plutôt faibles (bien plus que les taux français) :

 

<1an

1-3 ans

4-5 ans

6-10 ans

>10 ans

35-64 ans

16,1

37,8

13,1

20,5

12,5

18-34 ans

46,0

21,6

5,5

15,0

11,9


Les jeunes ont fermé leurs entreprises près de trois fois plus souvent que le groupe des 35-64 ans avant d’en arriver à une année d’existence

– peu de différence entre l’appartenance au milieu rural ou urbain (12 et 12,4%)

– 30,9% des 35-64 ans (des hommes comme des femmes) ont « repris le cycle entrepreneurial » (intentions, démarches, création/reprise) et 53,6% des hommes et 35% des femmes envisagent d’y revenir (pour ceux qui n’ont pas encore repris ce cycle) ; les jeunes sont plus nombreux à avoir repris le cycle (davantage les hommes que les femmes)

– Les fermetures sont dues d’abord au manque de clients (33,3% pour les jeunes hommes et 26,9%  chez les jeunes femmes), aux difficultés financières (22,4% des femmes de 35-64 ans, 17,8% des jeunes hommes), , mais aussi aux départs en retraite (10,8% des fermetures, 45% des hommes les plus âgés), et encore le fait de manque de relève (8,2% des hommes et 5,2% des femmes) ; Les motifs personnels (divorce, maladie, enfants en bas d’âge) ont été indiqués par 14% des répondants, surtout par les femmes de 35 à 64 ans (34%).

 

Ø  La question transversale des territoires urbains et ruraux dans l’acte d’entreprendre

La population du Québec est répartie dans 1 287 municipalités ; les municipalités de plus de 100 000 habitants sont au nombre de 10, mais elles regroupent 48% de la population.

Les auteurs ont choisi de qualifier de métropoles, les quatre plus grandes villes du Québec (Montréal, Laval, Québec et Gatineau). Montréal est de loin la municipalité la plus peuplée (21% de la population) avec 1 744 323 habitants, soit plus du triple de la ville de Québec (537 859), puis de Laval (420 870, une ville fortement intégrée, du point de vue économique et social avec Montréal, 50% de la population active ne travaillant pas dans cette ville) et Gatineau (276 338, formant agglomération avec Ottawa). Les localités de moins de 2 500 habitants ont été considérées comme des villages.

 

Catégories

Villes

intentions

Démarches

Propriétaires

Fermetures

Urbain

Métropoles

>de 250 000 hab

Montréal, Laval

Québec, Gatineau

24,2

11,6

7,5

13,6

Grandes villes

Entre 100 000 et 250 000 hab

Longueuil, Sherbrooke,

Saguenay, Lévis,

Trois-Rivières, Terrebonne

17,5

7,1

6,5

11,1

Villes moyennes

Entre 10 000 et  100 000 hab

 

17,2

8,3

7,1

11,1

Rural

Petites villes

Entre 2500 et 10 000 hab

 

18,2

11,7

11,6

11,1

Villages <de 2 200 hab

 

13,8

11,1

10,2

13,2

Total

 

 

20,1

10,2

7,9

12,


Les métropoles détiennent la palme du taux d’intentions entrepreneuriales le plus élevé avec 24%, alors qu’à l’autre pôle se situent les villages, avec un taux de 14%
 ; cependant, le taux de « démarcheurs » dans les métropoles (11,6%) est quant à lui presque à égalité avec celui des villages (11,1%) ; quant au taux de propriétaires, le rapport de forces s’inverse, les métropoles affichant un taux de propriétaires de 7,5% alors que les villages se situent à 10,2%. La raison pourrait être que les occasions d’affaires en milieu rural, bien que plus rares et moins diversifiées, soient plus faciles à identifier et à saisir ; de plus,  la concentration de grandes entreprises dans les métropoles, tend également à influer plus lourdement sur les choix individuels de carrière.

« Nous constatons depuis quelques années les efforts accrus des chefs de file de petits territoires québécois afin de prendre en charge leur développement, mettant ainsi de plus en plus l’entrepreneuriat à l’ordre du jour ».

Noter par ailleurs l’importance de la contribution des immigrants au taux d’intentions entrepreneuriales dans les métropoles :

 Pour 32,4% des répondants provenant des métropoles, le facteur déclencheur principal pour passer des intentions au démarrage d’entreprises réside dans l’identification d’une occasion d’affaires intéressante, 26,2% pour l’ensemble du Québec ; les appuis viennent en seconde position, (mentor et aides publiques), peu le financement privé :

 

Type de création

aides

 

création

Rachat

d’entreprise

Relève

d’entreprise

Occasion

d’affaires

Présence d’un

mentor

Aide publique

Aides aux entreprises

Financent privé

Métropoles

73,5

10,6

15,9

32,4

18,0

14,0

5,5

Grandes villes

62,4

8,2

29,5

22,3

24,4

18,8

7,4

Villes moyennes

87,2

6,7

6,1

18,9

14,0

16,0

3,9

Petites villes

50,4

17,1

32,5

26,4

21,3

31,9

11,5

Villages

53,5

10,0

36,5

13,9

27,5

15,2

13,9

Total

71,1

10,2

18,7

26,2

18,3

16,7

6,3

 En termes de culture entrepreneuriale, les répondants des villages et des petites villes ont de bien meilleures appréciations :

– pour la perception du rôle et de l’implication des entrepreneurs dans la communauté,

– le choix de carrière (préférant de loin travailler dans les petites entreprises),

– le rôle des intervenants scolaires dans la sensibilisation à l’entrepreneuriat

– l’influence positive exercée par les amis ou les collègues (73/76% contre 65,6% pour l’ensemble),

– un plus haut niveau de confiance dans leurs compétences, connaissances et qualités personnelles requises pour se lancer en affaires

Toutefois la propension à prendre des risques est plus élevée dans les métropoles, puis dans les grandes et moyennes villes, nettement moins les petites villes et dans les villages.

 

Ø  La question transversale de la culture entrepreneuriale : une comparaison entre ceux qui ont l’intention d’entreprendre, ceux qui ne l’ont pas et les indécis

Les auteurs définissent la culture entrepreneuriale comme étant un ensemble de valeurs et de convictions communes qui orientent plus ou moins consciemment les perceptions et les comportements des individus appartenant à un groupe à l’égard de l’entrepreneuriat.

 

1 Des raisons propres à l’intention entreprendre

L’insatisfaction avec l’emploi actuel constitue une motivation forte pour se lancer en affaires ; il y a en effet trois fois plus de répondants sans intentions entrepreneuriales (48%) qui se déclarent « très satisfaits » de leur emploi actuel que de répondants affichant des intentions entrepreneuriales (15%).

Ceux qui ont l’intention d’entreprendre mettent en avant :

– Les perspectives d’emploi de leur région, dont ils sont plus satisfaits que ceux qui n’en ont pas l’intention (59% contre 51, dont totalement en accord 18 contre 13%).

– Le choix de carrière : 72% de ceux qui ont l’intention d’entreprendre privilégient ce choix, alors que ceux qui n’en ont pas l’intention priorisent le salariat à 78% (plutôt tournés vers l’administration et les grandes entreprises) :

 

Travailler à son compte ou

avoir sa propre entreprise

Occuper un emploi dans

l’administration

Occuper un emploi

dans une grande entreprise

Occuper un emploi

Dans une PME

intentions

72,0

7,5

10,3

9,5

Sans intentions

21,7

30,1

23,9

16,5

Indécis

44,9

15,2

21,1

16,7

 2 Un rapport à l’enrichissement plus marqué, tout comme l’implication dans la communauté :

 

Possible de s’enrichir de façon juste

et équitable

Créateurs

de richesse

et d’emplois

Un choix de

carrière

Conservent

le respect

malgré un revers

Enrichissement

Personnel

Jugé sain

Modèles

Pour la

communauté

S’impliquent

dans  la

communauté

honnêtes

Intentions  1

88,8

84,1

79,4

76,9

73,6

72,3

60,7

47,3

Sans intentions  2

80,3

79,7

65,7

75,2

70,3

73,6

52,5

49,4

Ecarts 1-2

8,5

4,4

13,7

1,7

3,3

-1,3

8,2

-2,1

Indécis        3

70,9

74,0

64,0

67,8

62,5

71,2

51,3

36,0

Ecarts 1-2

9,4

5,7

1,7

7,4

7,8

2,4

1,2

13,


Noter que les indécis ont toujours la perception la plus défavorable
, y compris au regard de ceux qui n’ont pas l’intention de s’impliquer dans l’entrepreneuriat ; leur perception de l’entrepreneur est la moins valorisante (s’il est opportun pour la communauté, l’entrepreneur apparait comme plutôt « malhonnête ») ; serait-ce qu’ils pourraient être « contraints » à ce statut du fait de leur situation personnelle, sans vraiment le souhaiter ?

 

3 La plus forte influence pour conduire à l’intention d’entreprendre, est celle exercée par les amis ou les collègues de travail (35%), celle exercée par d’autres gens d’affaires (33%), et celle de membres de la famille (31%) ; une moindre influence est exercée par les intervenants scolaires (16%), socio-économiques (11%) et politiques (8%).

– Sans surprise, la famille joue un rôle important, en influençant de façon positive la formation des intentions entrepreneuriales (57%) ; 82% des répondants provenant de « familles en affaires » sont influencés (32% aussi pour ceux qui n’ont pas de famille entrepreneuriale) ; la famille influencerait aussi 44% des indécis. Toutefois pour 13,5% la famille a eu un rôle négatif.

– l’influence exercée par les amis ou les collègues de travail est légèrement plus élevée par rapport à celle de la famille chez les répondants ayant des intentions entrepreneuriales (66% vs 57%), contre 26% chez ceux sans intention, mais 47% chez les indécis.

L’influence des gens d’affaires est un peu plus modeste (52%, et 41 pour les indécis, contre 27% pour ceux sans intention).

– L’influence des intervenants scolaires comme agents de sensibilisation à l’entrepreneuriat  est de 28% pour ceux ayant des intentions entrepreneuriales (19 pour les indécis et 12 pour ceux sans intention)

– l’influence ses socio-économiques est encore plus modeste (19% contre 6 pour les indécis et 10 pour ceux sans intention) ; idem pour les intervenants politiques (respectivement 19, et 6%)

 

4 Les actions souhaitables pour améliorer la culture entrepreneuriale sont à caler sur la démystification des ressources et des qualités nécessaires pour se lancer  et la promotion de l’entrepreneuriat comme carrière :

 

Démystifier les

 ressources

Nécessaires

au démarrage

Promouvoir

l’entrepreneuriat

comme carrière

Démystifier les

 Qualités

 requises

Travailler la perception du public

Dire l’importance

Pour l’économie

Communiquer

Sur les réussites

intentions

39,1

19,7

11,9

10,6

9

8,1

Sans intentions

27,7

26,4

12,4

8,6

15,2

7,1

Indécis

31,5

29,1

7,4

7,9

12,3

8,5

 Les habitants des petites villes et des villages accordent plus d’importance au fait de travailler davantage sur la perception du public par rapport à l’entrepreneuriat ; « accentuer la communication au sujet de la réussite d’entrepreneurs nationaux ou locaux » est moins nécessaire dans les grandes villes (2,8%) que dans les petites municipalités (4,7%).

 

En définitive, quelles différences essentielles avec la France ?

Un écosystème différent en ce qui concerne l’indemnisation des chômeurs créateurs (très peu nombreux au Québec), un appui plus marqué aux candidats à l’entrepreneuriat (mentorat notamment), une immigration plus sélective qui conduit à plus d’intention entrepreneuriale pour s’intégrer

– Des taux de pérennité beaucoup plus faibles au Québec, mais un rebond fréquent (une connotation moins marquée de l’échec), 

– La conscience que les autres chefs d’entreprise (partenaires d’affaires et mentors) et leurs réseaux sont essentiels, et leur recours bien plus sollicité

– Une attention plus marquée aux opportunités d’affaires au Québec