35% des jeunes de la Génération 2017 ont déclaré que la crise sanitaire les avait conduits à repenser leur projet professionnel.


"La crise sanitaire suffit-elle à expliquer les souhaits de réorientation des jeunes ?", Cereq, bref N°424, lu juillet 2022

Méthodologie : L’enquête Génération 2017 est représentative au niveau national des 746 000 primo-sortants de formation initiale au cours ou à l’issue de l’année scolaire 2016-2017, quel que soit le niveau de diplôme obtenu. 

Profitant du décalage de la collecte imposé par le premier confinement intervenu entre mars et mai 2020, le Cereq a intégré un module « Covid » au questionnaire afin d’étudier l’impact de la crise sanitaire.

 

Les jeunes insérés de façon durable dans l’emploi ont peu remis en cause leur orientation professionnelle.

 

Au moment où la crise sanitaire survient en France, 72% des jeunes de la Génération 2017 sont en emploi, 16% en recherchent un, 4% sont en formation ou reprise d’études et 8% sont dans une autre situation. Le premier confinement a provoqué un recul de 2,8 points du taux d’emploi de la Génération 2017.

⇒ Les jeunes en emploi l’ont-ils quitté lors du covid ?

♦ Les jeunes ayant le moins bénéficié de ce filet de sécurité sont ceux qui étaient en CDD, intérim ou en contrat aidé au moment où a débuté le confinement (notamment non-renouvellement des contrats courts). Toutefois, l’essentiel du choc a été amorti grâce au rebond estival : 92% en emploi en mars 2020 le sont toujours en septembre.

 

16 à 17% des intérimaires ou titulaires de contrats aidés ne sont plus en emploi 6 mois plus tard, quand 94 à 97% des titulaires d’emplois à durée indéterminée (indépendants, CDI, fonctionnaires) le sont toujours. Ces écarts n’ont rien de propre à la crise puisqu’on les observait déjà avant le confinement.

 

♦ Quelle que soit l’évolution de l’activité, les cadres ont rarement cessé le travail (10% contre 25% des professions intermédiaires, 34% des ouvriers et 36% des employés). 1/3 des intérimaires ont arrêté de travailler tout en conservant leur contrat, 40% des jeunes en contrat aidé et 42% des jeunes autoentrepreneurs.

 

♦ Les jeunes en recherche d’emploi et les auto-entrepreneurs déclarent bien davantage avoir réfléchi à une réorientation (47 et 44%), contre 32% des jeunes en emploi et seulement 14% des fonctionnaires.

⇒ Mais la nature de l’emploi a pu connaitre des changements

♦ Parmi les individus restés en emploi entre mars et septembre 2020, 7% n’occupent plus le même emploi : parmi ces derniers, 45% ont démissionné, 39% ont connu un fin à leur CDD.

 

♦ Mais les personnes restées en emploi ont souvent vu l’exercice de leur travail perturbé : 27% ont dû cesser de travailler tout en conservant leur emploi (notamment dans les secteurs liés aux activités de loisirs, au tourisme et les commerces non essentiels) : ainsi 61% des jeunes qui travaillaient dans les HCR ont arrêté de travailler, 49% pour ceux travaillant dans le secteur des arts, du spectacle et des activités récréatives, 44-47% dans le secteur du commerce. À l’opposé, dans les commerces essentiels, seuls 17% ont cessé de travailler et seulement 5% pour les professions essentielles de la santé. 

 

♦ 48% ont télétravaillé (58% pour la 1ére fois et 31% davantage qu’auparavant). 88% des jeunes cadres ayant travaillé pendant le premier confinement ont télétravaillé vs 57% parmi les professions intermédiaires et 26% chez les employés, et très peu chez les ouvriers.

⇒ Le chômage partiel

1/3 des jeunes cadres ont été en chômage partiel et presque la moitié des professions intermédiaires, employés et ouvriers.

80% de ceux en emploi dans le secteur des HCR ont été placés en chômage partiel, vs 8% dans le secteur de la santé et 18% dans les métiers essentiels du commerce.

 

♦ Le chômage partiel a conduit à un tassement du revenu : 47% de ceux ayant connu le chômage partiel déclarent un revenu en baisse pendant le 1er confinement, contre 12% les autres.

Les auto-entrepreneurs et les autres non salariés sont les plus nombreux à subir une baisse de revenu (respectivement 66% et 43% d’entre eux). Les ouvriers et les employés sont davantage concernés que les cadres. Parmi ceux qui déclarent avoir travaillé plus pendant le confinement, seuls 14% déclarent avoir gagné plus.

⇒ Les jeunes qui n’étaient pas en emploi

♦ 12% déclarent qu’ils venaient de trouver un emploi, 8% qu’ils devaient passer un entretien et 7% qu’ils avaient une bonne piste. Ils ont du interrompre ces recherches.

Il en est de même pour les jeunes en reprise d’études ou en formation en mars 2020 : ils ont dû les interrompre temporairement (12%) ou définitivement (14%).

 

♦ Parmi les jeunes en emploi n’ayant pas pu travailler pendant la période, 39% déclarent avoir envisagé une réorientation professionnelle, contre 23% de ceux qui ont travaillé. Les jeunes en formation en mars 2020 expriment plus souvent un souhait de réorientation lorsque la formation a été interrompue définitivement par le confinement (55% contre 31% en cas de suspension temporaire et 28% en cas d’absence d’interruption).

Parmi les personnes en recherche d’emploi en mars 2020, ceux qui déclarent qu’ils étaient sur le point de trouver un emploi avant le confinement sont aussi plus nombreux que les autres à déclarer avoir repensé leur projet professionnel, respectivement 56 et 4%.

Le confinement aurait donc d’autant plus conduit à revoir son projet professionnel qu’il aurait perturbé la situation d’activité initiale.

 

 

Au final, un peu plus d’1/3 ont déclaré que la crise sanitaire les avait conduits à repenser leur projet professionnel : 37% parmi les non-diplômés, 30 % parmi les détenteurs d’une licence professionnelle, 38% chez les diplômés d’une école de commerce ou d’ingénieur.

Noter que les jeunes en poste sur des métiers essentiels, sont un peu moins désireux d’une réorientation.

 

Pour en savoir davantage : Enquête 2020 auprès de la Génération 2017. La crise sanitaire suffit-elle à expliquer les souhaits de réorientation des jeunes ? | Cereq