Une nette hausse des intentions d’embauche en 2018 (+18,7%), mais 44% estiment que ce sera difficile de recruter.


"Enquête sur les besoins de main d'oeuvre 2018", Pôle Emploi, Credoc, lu avril 2018

Méthodologie : le champ est le même que celui de l’enquête 2017, soit d’une part les établissements employeurs relevant du secteur privé et, d’autre part : les établissements de 0 salarié ayant émis au moins une déclaration d’embauche au cours des 12 derniers mois, les établissements du secteur agricole, les établissements du secteur public relevant des collectivités territoriales (communes, régions…) et les établissements publics administratifs (syndicats intercommunaux, hôpitaux, écoles…).
L’enquête porte donc sur l’ensemble des employeurs hors administrations de l’État (Ministères, Police, Justice…) et entreprises publiques (Banque de France…), soit 2 313 354 établissements pour la France (extraits du répertoire SIRENE), dont 1 743 813 ont été interrogés cette année (1 543 827 par courrier 111 472 par internet, 88 514 par téléphone). Au total 436 600 établissements ont répondu au questionnaire (taux de retour de 26% par la net, 25% par courrier et 23% par téléphone). .

Une enquête complémentaire a porté sur un échantillon téléphonique de près de 20 000 établissements pour comprendre la nature des difficultés de recrutement, les raisons de ne pas embaucher, l’image de Pôle emploi auprès de ses “clients potentiels.

 

Les projets d’embauche ont augmenté de 18,7% en 2018 (comparés à ceux de 2017), 44% sont le fait de TPE. Par ailleurs,  ils concernent pour 35% des embauches saisonnières.

 

25,9% des établissements envisagent au moins un recrutement (entre 22,4% en 2017 et 18% en 2013), quelque soit le statut et la durée de l’embauche proposée soit 599 278 recruteurs potentiels le niveau le plus élevé depuis 2010.

Le nombre de projets de recrutement progresse de 18,7% par rapport à 2017 pour atteindre 2 345 877 intentions d’embauche, soit près de 369 409 projets supplémentaires par rapport à l’an dernier ; ils étaient 1 613 103 en 2013.

Mais 44,4% des projets de recrutement sont jugés difficiles (37,5 en 2017, 32,4 en 2015).

60% envisagent de recruter au cours du 1er trimestre, 27% au 2ème trimestre. La proportion d’établissements prévoyant de recruter en alternance poursuit sa progression (22,8% en 2018 contre 20,7% en 2017 et 19,0% en 2016). 

 

 

Les 15 métiers les plus sollicités sont surtout des métiers peu qualifiés, et saisonniers : 

Le rapport  fournit ces mêmes données, métier par métier. 

Si nous nous limitons aux grandes catégories de fonctions, 37% sont le fait des services, de la vente et des HCR, 11% du social et médico-social, 11% de fonctions d’encadrement, 8% d’ouvriers de l’industrie, 6% de fonctions administratives, 5% d’ouvriers du BTP; 19% regroupent des métiers divers (dont 27% les transports et entreposage, 26% agriculture, jardiniers et paysagistes) 

 

⇒ En ce qui concerne les tailles d’établissement : 

 

Les établissements sans salarié sont 30,1% à envisager de recruter, ceux de 1-4 salariés 16,5%, les 5-9 salariés 28,5%, les 10-19 salariés 38,8%, puis les autres tailles entre 53 et 77% pour les 200 salariés et plus. La plus forte hausse concerne les structures de 10 à 19 salariés (31,2% à 38,8% soit +7,6 points) et celles de 20 à 49 salariés (46,1% à 53,1% soit +7 points). 

 

Les établissements de moins de 10 salariés représentent 44% (46% en 2017) des embauches potentielles avec 1 037 572 intentions d’embauche pour 2018. Le nombre de projets augmente dans toutes les tranches de taille et plus fortement dans les entreprises de plus de 200 salariés (+26,2%).

 

L’ensemble des établissements voient leurs difficultés à recruter, augmenter. Cette proportion est plus nette pour les établissements de 1 à 4 salariés (+11 points) et ceux de 10 à 19 salariés (+9,5 points). L’évolution la plus faible concerne les établissements de plus de 200 salariés (+4,3 points)

La part des projets de recrutement liés à une activité saisonnière continue à diminuer en 2018 (-4,6 points et -1,4 point en 2017), elle s’établit à 34,6%, soit 811 716 embauches potentielles. La part de recrutements liés à l’effet de saison est en diminution pour les établissements de toutes tailles; les établissements de 0 salarié affichent une diminution plus marquée de la part de saisonniers avec -7,7 points, ainsi que les 50 à 99 salariés avec -7,5 points.

⇒ En termes de secteur d’activité

 

La proportion des établissements déclarant des projets de recrutement a augmenté dans l’ensemble des secteurs, plus particulièrement dans la construction (25,6% soit +6,3 points) et l’industrie manufacturière (26,1% soit +5,6 points).

Les services restent les principaux contributeurs (62,8%) en nombre de projets de recrutement; ils continuent de progresser (+16,3%) ; mais les plus fortes augmentations d’intentions d’embauche se situent dans la construction (+37%) et l’industrie (+27,4%); noter que le secteur des services aux particuliers concentre 38% des projets de recrutement en France et progressent de 12,7%.

 

La part des projets de recrutement jugés difficiles par les employeurs augmente dans l’ensemble des secteurs agrégés, notamment dans la construction (+10,4 points) et l’industrie manufacturière (+7,7 points).

En 2018, la saisonnalité diminue pour l’ensemble des secteurs; elle est quasiment six fois plus faible dans l’industrie manufacturière (11,7%) et la construction (9,3%) que dans l’ensemble IAA-agriculture (78,7%); elle diminue le plus fortement dans les secteurs de la construction (-5,1 points) le commerce et les services (-4,4 points).

⇒ Les difficultés de recrutement

Les difficultés de recrutement perçues par les employeurs sont nettement en hausse, après plusieurs années de baisse suivies d’une stabilisation en 2016 et d’un rebond en 2017 : 44,4% des projets de recrutement sont jugés difficiles (vs 37,5% l’an dernier). Ce ratio progresse dans l’ensemble des secteurs agrégés, et s’accentue le plus fortement dans la construction (+10 points) et l’industrie manufacturière (+8 points). 

83% font état de la pénurie de candidats, 78% de candidats au profil inadéquat (manque d’expérience, de diplôme, de motivation), 51% des difficultés liées à la nature du poste proposé (distance, horaires, pénibilité, salaire…) et 16% des difficultés d’accès au lieu de travail (problèmes de transport) . 

Les difficultés liées à l’entreprise sont moins fréquentes : 25% des difficultés liées à un manque de moyens financiers (budget, charges lourdes…), 20% des difficultés liées à un déficit d’image (de l’entreprise, du secteur, du métier proposé), 12% des Difficultés liées aux procédures internes de recrutement (disponibilité, trop de démarches…).

 

Pour les contourner ces difficultés, les entreprises :

 

-Ont recours à des intermédiaires (74% Pôle Emploi, 72% des intermédiaires spécialisés tels des cabinets de recrutement, les missions locales, les centre de formation, et écoles.

En ce qui concerne Pôle Emploi, 23% comptent exclusivement sur Pôle emploi pour recruter, 30%  en association avec d’autres modes de recrutement, 7% dans un second temps après avoir fait appel à d’autres intermédiaires ou utilisé d’autres moyens et 6% en dernier recours; 34% n’envisagent pas de faire appel.

Les établissements prêts à recruter par l’intermédiaire de Pôle emploi y voient plusieurs avantages essentiels : la simplicité d’usage (80,8%), la gratuité du service (75,7%), le grand nombre de candidats accessibles (75,6%), la bonne compréhension de leurs besoins (67,5%), la rapidité de la démarche (58,6%).

Les établissements qui ne prévoient pas de faire appel à Pôle emploi mettent d’abord en avant le recours à d’autres canaux de recrutement (67,2%) ou l’absence de nécessité (59,5% déclarant  avoir déjà un candidat en vue). 48% évoquent des candidats ne correspondant pas au profil/mal adaptés (48,3%), et 39% le manque d’efficacité ou de rapidité de Pôle emploi.

 

-Forment des candidats venant de l’extérieur (65%) ou former des salariés déjà présents dans l’entreprise voire  leur proposer de travailler plus (49%)

 

-Ont recours à d’autres types de contrat ( (intérim, apprentissage, alternance, stagiaires, contrats de qualification), 52% ou encore font appel à des profils différents de candidats (personnes de l’étranger, personnes retraitées, personnel non diplômé) 51% ou rendent l’offre d’emploi plus attractive, en améliorant les conditions de travail (horaires, salaires, avantages) 38%

 

-D’autres différent l’embauche (29%) ou sous-traitent (17%)

 

Le recours aux CDI augmente en 2018 (+3,3 points), et sont plus souvent utilisés pour des remplacements à la suite de départs définitifs (40,8%) et pour faire face à un surcroît d’activité ponctuel (33,3%).

L’utilisation des CDD courts diminue nettement (36,1%) par rapport à 2017 (42,5%); le motif principal est lié à des absences ponctuelles (56,3%) ou à un surcroît d’activité ponctuel (49,2%). La part de CDD longs hors CDI progresse (22,2% contre 19,1% en 2017); ce type de contrat est le plus souvent proposé pour faire face à un surcroît d’activité ponctuel (48,5%).

 

⇒ Et ceux qui ne souhaitent pas embaucher en 2018 ?

-La 1ere raison évoquée est le fait de ne pas en avoir besoin (78%) ou d’avoir anticipé en embauchant les années passées (46%).

-Seconde groupe de raison, la conjoncture, la marché (35%) ou une situation financière pas assez solide pour embaucher (35%)

-3éme groupe de raison la rigidité du droit du travail, du manque de flexibilité, des démarches administratives (27%), trop de difficultés à trouver le candidat adéquat (23%)

-La structuration de l’entreprise : départ en retraite (11%), restructuration (7%) ou  externalisation d’une partie de l’activité (6%).

 

 

⇒ Les recrutements en 2017

 

Parmi les 45,8% d’établissements ayant eu besoin de recruter en 2017, 92,5% d’entre eux a réussi à recruter tout ou une partie des postes à pourvoir (78% la totalité des postes à pourvoir). 22% ont toutefois revu leurs exigences à la baisse au moment du recrutement. 

Le réseau personnel ou professionnel est cité comme pourvoyeur de candidatures pertinentes par 46,6% des établissements recruteurs, 20% Pôle Emploi, 20% la publication d’offres d”emploi, 13% les agences de recrutement et d’intérim et 9% la consultation de profils sur les réseaux sociaux et cvtéques .

Mais le recrutement s’est aussi fait pour 21% par des personnes ayant déjà travaillées dans l’entreprise, et 19% de candidatures spontanées.

Le recours aux salariés déjà présents dans l’entreprise a été pratiqué par 53% des employeurs ayant eu des difficultés ou la formation de candidats venus de l’extérieur  (51%). ).

 

 

les 2/3 ont réussi à recruter sans difficulté. 163 148 recrutements ont été abandonnés (dont 111 503 définitivement). Ceux qui n’ont pu recruter sont 60% à avoir abandonné parce qu’ils n’ont pas trouvé le bon candidat (manque d’expérience, de diplôme, de motivation, de compétences); pour 16%, aucun candidat ne s’est présenté.  

Noter que 17% des établissements cherchant à recruter connaissent un turn over important de leur personnel.

 

Ceux qui ont connu des difficultés en 2017 pour recruter se sont heurtés :

-d’abord au manque de candidats (81%) ou à une inadéquation des profils (75%); le manque de compétences techniques vient en premier lieu (67%) ou le manque d’expérience professionnelle (63%), le manque de formation (41%), le manque de compétences informatiques (13%)

mais aussi à égalité avec le manque de motivation (65%), puis des problèmes de compétences relationnelles ou de présentation (44%), la difficulté à s’exprimer (23%)

-Mais aussi à des difficultés davantage inhérentes à l’entreprise, liées à la nature du poste (conditions de travail, image, salaire) 47%, l’accès au lieu de travail (problèmes de transport) 13%, à un manque de moyens financiers 13%, au déficit d’image de l’entreprise 12%, aux procédures internes de recrutement 10%

-Voire au caractère urgent du recrutement, au manque de temps 38%, ou au nombre important des recrutements à effectuer 14%.