Les entreprises de 250 salariés en perte de souveraineté du fait de leurs achats à l’étranger.


"Le Baromètre de la souveraineté, édition 2024", By.O group, opinion Way, lu janvier 2024

aMéthodologie : 506 entreprises interrogées via un questionnaire par téléphone sur système CATI  entre le 9 octobre et le 3 novembre dont :

-En raisonné, 386 de 0 à 49 salariés (76% des entreprises interrogées), 41 de 50 à 249 salariés (8% des entreprises) et 79 de 250 salariés et plus (16% des entreprises) ; en redressé, 0 à 49 salariés 98% et les 2 autres 1%,

-En termes de chiffre d’affaires : moins de 10 M€ (69% des interrogées, 86% de l’échantillon redressé), de 10 à 250 M€ (20% et redressé 6%), plus de 250M€ (5%, redressé 2%) ; 92% du CA est réalisé en France,

-219 sont du secteur services, 119 du commerce, 101 de l’ industrie et 60 du BTP,

-Les fonctions des personnes interrogées sont 78% direction générale (redressé 93%) et 12% de la fonction finances, gestion, comptabilité.

-Les approvisionnements concernés sont pour 143  entreprises des matières premières, 135 des biens d’équipement et de production, 131 des produits semi-finis, 117 l’hébergement de données, 86 l’accès à des ressources R&D.

 

L’objectif est de mesurer le niveau de criticité des ressources et de dépendance vis-à-vis de l’étranger, ainsi que d’identifier la tendance à la relocalisation et ses freins.

« Sondage OpinionWay pour By.O Group »

 

3 indicateurs construits :

-Indice de criticité : % de « Très critique vis à vis des ressources » + % de « Plutôt critique »,

-Indice de dépendance : % de « Très dépendantes vis à vis de l’étranger » + « Plutôt dépendantes »,

-Indice de souveraineté : 100 – (Indice de criticité x Indice de dépendance /100) = la moyenne arithmétique de l’indice de criticité et de l’indice de dépendance.

 

Réserves :

-L’échantillon est de très petite taille, notamment pour les 50-249 salariés et les 250 salariés et plus, alors que les redressements accentuent le risque de qualité médiocre des résultats. Certes l’interrogation croisée par activité et type d’achat permet de cerner quelque peu la réalité de champs beaucoup trop vastes. Mais cela suffit il ?

-Les comparaisons avec les années précédentes interrogent fréquemment du fait d’écarts peu compréhensibles et analysables. Par ailleurs, si ces écarts sont vérifiés crédibles, quelles explications peut-on leur donner, puisqu’au-delà de l’observation, ce qui importe est avant tout est d’expliquer une situation, pour y apporter des remèdes.

 

Sans surprise, les 250 salariés et plus, sont largement dépendantes d’approvisionnements à l’étranger qui augmentent, mais soucieuses aussi d’en rapatrier une partie vers l’Europe.

⇒ Résultats pour les 3 indices.

Les grandes entreprises voient leur niveau de souveraineté baisser contrairement aux plus petites : les 0-49 salariés ont un indice de souveraineté de 83% (vs 75 en 2022) et les + de 250 salariés de 55% (vs 60 en 2022). 

 

La souveraineté des grandes entreprises baisse fortement au fil du temps (55% en 2023 vs 64 en 2021), alors que les petites entreprises retrouvent leur niveau de souveraineté de 2021 (avant Covid). Les 50-249 salariés sont plus proches des petites entreprises que des plus grandes.

 

De fait 57% des 250 salariés et plus disent être dépendantes de l’étranger vs 34 et 35% pour les 2 autres tailles.

La dépendance des grandes entreprises vis à vis de l’étranger est bien plus grande (57% vs 34 et 35 pour les 2 autres tailles) et progresse (elle était de 45% en 2021).

 

L’indice de criticité est le plus faible pour les moins de 50 salariés (50%) vs 69% pour les 50-249 salariés et 79% pour les 250 salariés et plus. Il diminue pour les moins de 250 salariés et reste stable pour les plus de 250 salariés.

⇒ Les enjeux jugés importants :

♦ En termes d’approvisionnement en matières premières : 100% pour les 250 salariés et plus en 2023 vs 44 pour les 50-249 salariés et 33 pour les 0-49 salariés. Les enjeux ont progressé pour les 250 salariés et plus au regard des 2 années antérieures, alors qu’ils ont peu bougé pour les 2 autres tailles.

 

Il en est de même pour l’approvisionnement en produits semi-finis (86% vs 33 et 34), l’appro en biens d’équipement et de production (85% vs 37 et 29), pour l’hébergement des données (71% vs 47 et 36) et pour l’accès à de ressources R&D (57% vs 26 et 21).

Pour chacun de ces items, la hausse est manifeste en 2023, quoique plus modérée pour l’hébergement des données (64% en 2021 et 59% en 2021).

 

♦ 75% des grandes entreprises se déclarent dépendantes vis-à-vis des pays hors Europe, nettement plus qu’en direction des entreprises Européennes (25%), ce qui peut paraitre compréhensible. Toutefois, si l’on observe les 2 années précédentes les chiffres s’inversent comme s’il y avait eu un report erroné des données (hors UE 75% en 2023, 36% en 2022 et 44 en 2021 ; en UE 25% en 2023, 64% en 2022 et  56% en 2021) ! Ces écarts importants paraissent peu compréhensibles. Sont-ils vérifiés ?

♦ En ce qui concerne une croissance qui risque fort d’être affectée, 100% des plus de 250 salariés acquiescent mais en même temps 71% disent que l’attractivité de leur entreprise en est bénéficiaire. Mais là encore les données des 2 années précédentes, convergentes entre elles, divergent d’avec 2023.

Pour les autres tailles il y aurait cohérence entre les 3 années et par ailleurs une croissance affectée modestement (31 et 24%), comme une attractivité faiblement valorisée (25 et 22%), puisqu’il est fait assez peu appel à l’étranger.

⇒ La relocalisation des activités.

Pour 91% des entreprises interrogées, la relocalisation des activités n’est pas à l’ordre du jour. De fait ce n’est pas  envisageable pour les moins de 250 salariés (89 et 90%), par ailleurs peu délocalisées. Par contre, au sein des 250 salariés, 43% y réfléchissent (vs12 à 15% les 2 années antérieures ?), 28% ayant déjà engagé des actions pour ce faire en Europe (vs 3 à 11% les 2 années précédentes). Mais les freins à un mouvement massif de relocalisation restent liés encore à un enjeu de compétitivité prix, en raison notamment du coût de la main d’œuvre.

⇒ Les impacts de la crise de l’énergie.

Ils sont davantage perçus par les grandes entreprises (100%, 86% sur les coûts de fonctionnement et 57% sur la capacité de production), vs 67% (dont 61% pour le fonctionnement et 34 pour la capacité de production) pour les 50-249 salariés et 62% (dont 60% pour le fonctionnement et 34% pour la capacite de production) pour les moins de 50 salariés.

 

La crise de l’énergie a eu le plus d’impact sur l’industrie (74% des entreprises concernées) vs 53% pour le BTP, 60% pour les services et 64 pour le commerce.

⇒ Une approche par secteur d’activité.

Les écarts sont beaucoup plus modestes par secteur d’activité que par tranche de taille d’entreprise (puisque les moins de 50 salariés dominent très largement les données) : les services et le BTP ont les indices de souveraineté les plus importants (86 et 84%) devant le commerce (77%) et l’industrie (75%).

Le commerce et l’industrie manifestent l’indice de dépendance vis à vis de l’étranger le plus conséquent (48 et 47%), loin devant les services et le BTP (28%).

 

Pour en savoir davantage :  https://byo-group.com/barometre-souverainete-2024/

 

Noter par ailleurs que les récents sondages montrent que les difficultés d’approvisionnement se réduisent et que selon le bilan des douanes pour 2023 “les importations diminuent à 731 Md€, principalement en raison d’une baisse des approvisionnements énergétiques. Les importations de produits manufacturés diminuent aussi légèrement”.