2,72 millions d’embauches potentielles (+30 000 projets par rapport à 2019).


« BESOINS EN MAIN-D’ŒUVRE : LES EMPLOYEURS PRÊTS À EMBAUCHER EN 2021", Pôle Emploi, Credoc, STATISTIQUES, ÉTUDES ET ÉVALUATIONS, mai 2021

Sources et méthodes : l’enquête Besoins en Main-d’œuvre (BMO) de Pôle emploi est réalisée avec l’ensemble des directions régionales et le concours du CRÉDOC. L’enquête BMO 2021 a été réalisée entre octobre et décembre 2020 dans les 13 régions métropolitaines et 5 départements d’outre-mer (Guadeloupe, Martinique, Guyane, La Réunion, Mayotte). Le champ est celui des établissements relevant du secteur privé, dont ceux de 0 salarié ayant émis au moins une déclaration d’embauche au cours de la période récente ; il intègre aussi les établissements du secteur agricole, les établissements du secteur public relevant des collectivités territoriales (communes, régions…), les établissements publics administratifs (syndicats intercommunaux, hôpitaux, écoles…) et les officiers publics ou ministériels (notaires…).

Sur les 2 390 909 établissements entrant dans le champ de l’enquête, 1 871 195 ont ainsi été interrogés, par voie postale, web ou téléphonique. 450 185 réponses exploitées (taux de retour de 25% dont 44 pour le web) ; les résultats ont ensuite été redressés pour être représentatifs de l’ensemble des établissements.

Les 450 185 retours se répartissent ainsi 19% pour les 0 salariés, 14% pour les 1 à 4 salariés, 26% pour les 5 à 9, 29% pour les 10-19 salariés, 34% pour les 20-49 salariés, 40% pour les 50-99, 49% pour les 100 salariés et plus. Plus la taille de l’établissement est importante, plus le taux de réponse est important.

 

Une enquête très riche pour situer l’impact de la crise sanitaire dans les embauches, les difficultés rencontrées et les prévisions pour 2021.

 

⇒ En 2020, les RH dans les entreprises

En termes d’activité, pour 44% la crise sanitaire n’a pas eu d’impact négatif : pour 20% cela n’a rien changé, pour 19% l’entreprise a maintenu son activité en réorganisant le travail et pour 5% il y a eu accroissement de l’activité, alors que 22% ont réduit partiellement leur activité sans arrêter plus d’un mois et 35% ont du arrêter plus d’un mois. 14% ont du réorienter leur activité.

 

14% ont licencié, annulé le renouvellement de CDD ou diminué le recours à l’Intérim et 59% des entreprises ont pratiqué le temps partiel. 35% ont proposé du télétravail.

31% ont cherché à recruter (71% tous les postes souhaités, 18% partiellement et 11% ont du abandonner), alors que 17% y ont renoncé. Au final, 63% ont recruté autant que prévu et même 9,5% plus que prévu. 38% ont recruté via l’apprentissage ou le contrat de professionnalisation.

Les critères de recrutement ont quelque peu changé : pour 49% respect des règles sanitaires et procédures, pour 47% exigence d’autonomie dans son travail, pour 13% maitrise des outils numériques et savoir travailler à distance.

 

11% ont connu des difficultés pour garder leur personnel, du fait de leur non motivation (61%), de leur difficulté à se fixer (54%), d’opportunités plus attractives chez d’autres employeurs (45%), de conditions de travail difficiles (39%), ou encore de compétences inadéquates (33%).

⇒ Intentions d’embauche : motivations et types de contrat

♦ La proportion d’établissements prévoyant d’embaucher est stable (26,5% en 2021 contre 26,4% en 2019), mais avec 4,29 embauches prévues en 2021 vs 4,26 en 2019.

 

♦ Sur les 2,72  millions d’embauches potentielles,

-43% seraient en CDI : tendance à la hausse au regard de 2016-2018 ; à égalité remplacement et développement de l’activité,

-21,5% en CDD d’au moins 6 mois : tendance à la hausse au regard de 2016-2018 ; pour 43% en réponse à un surcroit d’activité et 26% pour remplacer des départs,

36% en CDD de moins de 6 mois : tendance à la baisse au regard de 206-2018 ; 50% pour un surcroit d’activité, 20% pour une activité nouvelle et 30% pour des remplacements.

♦ Sur les 2,72 millions d’embauches potentielles, 39% visent à faire face à un surcroît d’activité ponctuel (baisse de 5,1 points par rapport à 2019) et 21% des projets de recrutements liés à une nouvelle activité (+3,2 points), alors que 30% vise le remplacement de salariés partis définitivement (hausse de 3,1 points) et 10% des remplacements suite à des absences ponctuelles de salariés (-1,2 point).

♦ Selon les secteurs d’activité

 

En hausse

-Avec 1 028 200 projets, en hausse de 3,1% entre 2019 et 2021, le secteur des services aux particuliers demeure le premier recruteur (37,8% des intentions d’embauche) ; l’impact de la situation sanitaire conduit à une baisse des projets d’embauche dans l’hôtellerie-restauration (-7%), mais à une hausse de 14,8% pour la santé.

-Le secteur de la construction affiche une forte progression des intentions d’embauche, avec 217 600 projets, soit une hausse de 21,7% en deux ans.

 

En baisse

-Par contre, les intentions d’embauche diminuent le plus dans le secteur des services aux entreprises (-7,1%), qui représente 23,7% de l’ensemble des projets de recrutement (soit 646 800 projets).

-Le nombre de projets de recrutement diminue aussi dans l’industrie, avec 225 600 projets de recrutement, en diminution de 7%.

 

Les intentions d’embauche sont stables dans le commerce (0,9%).

 

♦ Les intentions d’embauche par tranche de taille  sont stables au regard de 2019

22,6% des établissements de 0-9 salariés voudraient embaucher (en hausse de 0,8 point au regard de 2019), 42,5% ceux de 10 à 49 salariés (en baisse de 3,6 points), 72,7% ceux de 50-199 salariés (en baisse de 0,6 point) et 84% ceux de plus de 200 salariés (en hausse de 1,9 point). 

Les TPE totalisent 46% des intentions d’embauche, les petites entreprises (10-49 salariés) 21%, les PME autres (50-199 salariés) 17,5% et les 200 salariés et plus 14%. Les établissements de 0 salarié, avec 520 556 projets (19% du total) voient leur intention d’embauche progresser très fortement (+24,8%).

Les projets saisonniers sont nettement plus présents au sein des petites tailles (44% des 0 à 4 salariés, 239 à 34% des 5 à 19 salariés, 20-24% pour les 50 salariés et plus).

⇒ 40% ont renoncé à embaucher ou ont réduit les embauches envisagées

En 2020, 12% des établissements ont renoncé à recruter et 28% des établissements recruteurs ont recruté moins que prévu à la suite de la crise sanitaire.

♦ 12% ont renoncé à recruter

Les secteurs les plus affectés sont l’hébergement et la restauration (22% des établissements ont renoncé à recruter), l’audiovisuel et la communication (19%), les activités récréatives, d’art et de  spectacles (16%), et le transport et entreposage (16%).

Les établissements d’Ile-de-France sont davantage touchés, 17% ont renoncé à recruter (cette situation s’observe également quels que soient la taille d’établissement et le secteur d’activité).

 

♦ 28% déclarent avoir embauché moins que prévu

40% parmi les établissements confrontés à une diminution de leur activité sont dans ce cas : l’hébergement-restauration (47%), les activités récréatives, d’art et spectacles (42%), les activités informatiques (38%) et les services administratifs et de soutien aux entreprises (34%). L’Ile-de-France se démarque également par une plus forte part d’établissements ayant recruté moins que prévu et ceci reste confirmé quels que soient la taille d’établissement et le secteur d’activité.

 

♦ Mais 63% ont recruté autant que prévu, et 9% ont recruté davantage, notamment dans l’enseignement et la santé.

⇒ Quelles difficultés à l’embauche ?

Les difficultés de recrutement ressenties en 2020 diminuent mais persistent : 36% déclarent avoir rencontré des difficultés de recrutement (44% en 2019, 38% en 2019, 29-34% en 2017-2018 et 4 ou 5% en 2015 et 2016).

Les difficultés sont plus importantes dans la construction (47%), la santé et l’action sociale, les activités informatiques, le commerce et la réparation automobile et les services aux personnes (de 44% à 45% chacun).

 

♦ Les difficultés ont concerné les recrutements d’employés (52%), d’ouvriers qualifiés (49%), d’ouvriers peu qualifiés (32%), d’agents de maitrise/techniciens (31%) ou de cadres (18%), sans grand changement avec 2020.

 

♦ Les insuffisances des postulants selon les chefs d’entreprise

Les trois quarts des établissements mentionnent des candidatures insuffisantes ; 77% des recruteurs anticipant des difficultés de recrutement mentionnent une « pénurie de candidat », et 70% s’attendent à des profils de candidats inadéquats.

-Le manque expérience professionnelle (62%), l’insuffisance de formation (51%), le manque de compétences techniques (48%) et le manque de compétences informatiques (12%),

-Le manque de motivation (58%),

-La présentation, le relationnel (35%), la difficulté à s’exprimer à l’écrit, à l’oral (19%),

-L’éloignement géographique (29%),

-Des périodes de chômage importantes (15%).

 

♦ Les raisons de refus ou hésitations des postulants (sans grand changement avec 2020 ou 2019)

-La technicité des postes proposés (35%), notamment dans les services aux entreprises, le transport et entreposage et la santé), 

-L’image de l’entreprise, du secteur ou du métier (34% vs 25 en 2020),

-Les conditions de l’emploi : horaires décalés ou trop importants (32% vs 26 en 2020), la nature ou la durée du contrat (28%), la pénibilité du travail, le risque du métier (22%), une rémunération trop faible, pas assez attractive (16% vs 33 en 2020),

-Le changement de comportement des candidats suite à la crise sanitaire (27%), l’accès au lieu de travail (20%), l’urgence du recrutement à effectuer (14%).

 

♦ Quelques autres difficultés propres à l’établissement : le manque de temps pour recruter (37%), le nombre de recrutements en simultané à effectuer (26% vs 16 en 2020), la concurrence d’autres établissements (18% vs 39 en 2020) et le manque de moyens financiers (19%), sans grand changement au regard des années antérieures.

 

♦ Malgré la légère augmentation des intentions d’embauche, les employeurs anticipent une baisse sensible des difficultés de recrutement par rapport à 2019 : ces difficultés concernent 44,9% des projets en 2021, contre 50,1% en 2019. Cette baisse concerne tous les secteurs d’activité.

Comme en 2019, les difficultés anticipées apparaissent les plus élevées dans la construction (62,9%), alors qu’elles sont moins fortes dans le commerce (34,9%) et l’agriculture (36,1%).

 

Les petites structures anticipent des difficultés plus importantes que les établissements de plus grande taille : la part des projets difficiles varie de 51,4% à 48,1% pour les établissements de 1 à 49 salariés, 46,8% pour les établissements de 50 à 99 salariés, 41,2% pour les établissements de 100 à 199 salariés, et 39,3% pour ceux de plus de 200 salariés.

⇒ A qui font-ils appel dans le recrutement ?

♦ Parmi les établissements ayant cherché à recruter, ceux qui ont rencontré des difficultés à recruter ont fait davantage appel aux intermédiaires du marché du travail, qu’il s’agisse de Pôle emploi (60% contre 36 pour ceux n’ayant pas rencontré de difficulté) ou du recours à une agence d’intérim ou un autre organisme de placement (56%).

Le recours à Pôle Emploi est apprécié pour l’importance de son fichier (43%), sa simplicité (38%), et sa gratuité (35%) ; beaucoup moins pour sa rapidité (16%), la bonne sélection des candidats (14%) ou la compréhension des besoins (13%). Les candidats proposés par Pôle Emploi manquent de qualification (61%), ne sont pas motivés (48%) et manquent de savoir être (41%).

 

♦ Ces employeurs ont modifié le profil initial, mais plutôt un peu moins qu’en 2019 (39% contre 19% pour les autres établissements), acceptant des candidats moins expérimentés que prévus (77% des établissements), ou moins diplômés (70%) ou ayant des formations différentes de celles envisagées (67%) ; recourir à d’autres types de contrat (56%) ; 28% ont augmenté la rémunération (contre 12% pour ceux n’ayant pas eu de difficultés à recruter). Mais aussi former des candidats venant de l’extérieur (75%).

 

Former des salariés déjà présents dans l’entreprise (54%, +4 points), proposer aux salariés déjà présents dans l’entreprise de travailler plus (45%, +4 points), embaucher moins en envisageant de différer une partie des embauches (38%, +8 points),  et sous-traiter une partie de l’activité (26%, +3 points) sont d’autres solutions utilisées.

⇒ Les métiers les plus recherchés, 3 grands groupes :

♦ Le premier groupe concerne des projets d’embauche peu liés à la saisonnalité : des métiers de soins et d’accompagnement, avec les aides à domicile et aides ménagères (83 100 projets, en hausse de 8,8% par rapport à 2019) et les aides-soignants (85 700 projets, +19,6%) ; les difficultés de recrutement sont particulièrement élevées pour les aides à domicile et aides ménagères (77,3%). Les embauches d’aides-soignants comprennent une part notable de jeunes actifs (43%), alors que pour les aides à domicile (18%) les recrutements concernent davantage des personnes âgées d’au moins 50 ans (34%).

Ce premier groupe comprend également les ingénieurs et cadres d’études, recherche et développement en projet informatique et chefs de projets informatiques (44 400 projets, en baisse de 6,1% par rapport à 2019). Les recrutements portent prioritairement sur les jeunes (53% de jeunes actifs parmi les personnes récemment recrutées).

 

♦ Le deuxième groupe concerne des métiers peu saisonniers et pour lesquels les recruteurs anticipent peu de difficultés de recrutement. Il s’agit notamment de métiers de services aux entreprises, comme les agents d’entretiens de locaux (113 9000 projets, +1%) et les agents de sécurité et de surveillance (45 100 projets, +17%). Plus d’un quart des salariés récemment recrutés en tant qu’agent d’entretien sont âgés d’au moins 50 ans.

 

Le troisième groupe concerne des métiers pour lesquels les employeurs anticipent de faibles difficultés et un fort recours au personnel saisonnier (32% en baisse) : métiers agricoles, employés de libre-service, ouvriers non qualifiés de l’emballage et de la manutention, professionnels de l’animation socioculturelle, artistes. Les métiers agricoles font partie des métiers les plus recherchés (149 100 projets de recrutement pour les viticulteurs / arboriculteurs / cueilleurs, en hausse de 5,4% par rapport à 2019, et 88 200 projets pour les agriculteurs / ouvriers agricoles, +17,6%).

⇒ Les besoins en main d’œuvre par région

Si l’Ile-de-France et Auvergne-Rhône-Alpes, les deux régions ayant le plus de projets de recrutement, anticipent une baisse du volume de recrutements entre 2019 et 2021 (respectivement -3,1% et -3,7%) accompagnée d’une baisse des difficultés de recrutement (respectivement -10,7 points et -7,8 points), la Nouvelle-Aquitaine, les Pays de la Loire, ou encore la Bretagne, sont dans une dynamique inverse, avec une hausse des projets de recrutement (respectivement + 15,2%, +10,7%, et +5,6%).

 

Pour en savoir davantage : Pole emploi BMO 2021 (pole-emploi.org) synthèse et rapport complet