Les entreprises créées par les étrangers hors Union Européenne ont une situation moins favorable que les français, 3 ans après le démarrage de l’activité


« Les entreprises créées par des migrants trois ans après la création », APCE, avril 2013

 

 

7% des créateurs d’entreprise de France se déclarent de nationalité étrangère hors Union Européenne (environ 20 000 créations en 2006). Trois ans plus tard, 47 % de ces entreprises sont toujours en activité (68% pour les français).

Les facteurs favorables à la pérennité restent globalement les mêmes pour les Français et les migrants ; toutefois, quelles que soient les caractéristiques observées, la pérennité de ces entreprises est inférieure à celles des entreprises françaises.

 

Durant les deux années qui ont précédé l’enquête, un tiers de ces dirigeants ont tenté de sauvegarder l’activité, plus que les français (23%). Au démarrage, l’objectif de « fort développement » est moins fréquent (12% contre 20% pour les dirigeants de nationalité française).

 

Qu’en est-il du développement au cours des 3 premières années ?

 

Le dernier chiffre d’affaires connu est en moyenne inférieur à celui des français (39% plus de 80 000€ contre 47% pour les français) ; 23% ont réalisé moins de 15 000€, 17% de 15 à 32 000€ (32 000€ étant le chiffre plafond pour les prestataires au régime fiscal de la micro-entreprise), 21% de 32 à 80 000€ (chiffre limite pour les ventes en l’état au régime fiscal de la micro-entreprise), 27% de 80 à 300 000€ et 12%, 300 000€ et plus.

 

Il en est de même pour le développement du chiffre d’affaires : 45% (contre 54% des français) ont enregistré une augmentation de leur chiffre d’affaires en 2 ans (dont 9% une forte croissance, contre 14% pour les français) ; les autres ont vu ce chiffre d’affaires se stabiliser ou diminuer sensiblement (38 %) et diminuer de manière importante (17 %).

 

63% (69% des français) ont réalisé des investissements entre le démarrage et leur troisième année. Ils ont, un peu moins que les français, investi dans l’achat de matériel nécessaire à la production de biens ou de services (34 % contre 37%), l’achat de matériel bureautique (22 % contre 28%), mais davantage dans les véhicules (25% contre 22%).

45% ont investi moins de 7 500€, 21% de 7 500 à 15 000€, 22% de 15 à 45 000 et 12% plus de 45 000€ ; les montants sont proches que l’on soit étranger ou français.

 

40% (39% pour les français), au moment de l’enquête, emploient des salariés (en moyenne 3,4 salariés pour celles qui sont employeurs, contre 3,8 pour les français) ; 60% n’ont pas augmenté leur effectif depuis la création, 1/3 (28% pour les français) l’ont augmenté et 7% diminué ; le nombre d’emplois supplémentaires moyens est de 2,9, moins que pour les français (3,5).

1/3 ont recours à des emplois occasionnels, 5% à l’intérim et 7% à d’autres types de contrat.

18% (13% pour les français) envisagent à nouveau d’embaucher, surtout pour accroitre leur effectif (63%, 82% pour les français).

 

Noter que comme pour les français, 20% des conjoints participent à la vie de l’entreprise (8% comme salarié), principalement pour des activités administratives (63%, 73% pour les français), 30% (25% pour les français) pour la production et 27% dans le cadre de la commercialisation. 61% y consacrent plus de 2 jours par semaine (44% pour les français).

 

Le financement, la rentabilité

 

Le financement des investissements a d’abord recours à l’autofinancement, soit aux réserves de l’entreprise (45% contre 53 pour les français), soit aux ressources personnelles du dirigeant et des associés (39 contre 24%) ; le recours à leurs ressources propres est ainsi bien plus fréquent (35 contre 20% pour les français). Par contre le recours au système financier est moins fréquent (33% en emprunt bancaire et 9% en crédit bail contre respectivement 38 et 13% pour les français).

 

Le financement de la trésorerie : le recours à l’autofinancement est aussi fréquent que celui à la banque. 27% ont recours aux ressources personnelles et celles d’associés (28% pour les français) et 16% aux réserves de l’entreprise (moins que les français avec 22%) ; 43% (44% des français) ont recours à la banque (29% au découvert et 14% à l’emprunt) ; 17% (13 pour les français) utilisent les délais de paiement.

40% (33% des français) ont connu des problèmes de trésorerie ; les causes évoquées sont assez proches entre migrants et français, les migrants mettant toutefois plus en avant la difficulté d’accès au crédit :

 

Difficulté d’accès

au crédit

Délais ou retards

De paiement

Défaut de

paiement

Baisse importante

Du chiffre d’affaires

Endettement

Trop élevé

Autres problèmes

financiers

Exigences

fournisseurs

Etrangers

36

35

35

32

19

16

15

Français

26

46

32

28

16

12

15

43% (53% des français) sont satisfaits de leur dernier exercice financier ; ce qui n’empêche que les ¾ sont satisfaits d’avoir créé (dont 16% très satisfaits moins que les français avec 24%).

 

Depuis la création de l’entreprise, la majorité des dirigeants déclarent avoir rencontré des problèmes (63%). Ce sont essentiellement des problèmes commerciaux (débouché et concurrence) pour 30 % et des problèmes financiers pour 24 %.

Pour y remédier, 50% (56% des français) ont mis en place des actions spécifiques en vue de développer la clientèle : développement de produits et services (35%), coopération avec d’autres entreprises et la prospection (moins fréquemment citées par les étrangers, 23 %), nouvelles méthodes de commercialisation (15 %).

Pour la majorité des migrants, la concurrence directe à laquelle ils étaient confrontés a augmenté (59 % dont 35 % une forte hausse, plus modeste pour les français avec 28%). La moitié des migrants envisagent de mettre des actions en place pour développer leur clientèle.