9 grandes thématiques concernent les dirigeants de PME.


"les ressorts de l'action : 4 profils de dirigeants de PME", Bpifrance le Lab, lu mars 2021

Méthodologie : “L’enquête en ligne a été réalisée entre les 12 et 23 novembre 2020  auprès de 61 000 dirigeants de PME en utilisant la méthode des quotas (taille d’entreprise et secteur d’activité) à partir des données INSEE.1 335 ont répondu. Les résultats ont été redressés pour être représentatifs en termes de tailles et de secteurs d’activité.

Le travail de profilage a été effectué à partir de méthodes statistiques incluant toutes les variables explicatives du questionnaire. Cela permet une parfaite robustesse statistique.” Les méthodes utilisées ont été l’Analyse Factorielle Multiple (AFM) en amont d’une Classification Ascendante Hiérarchique (CAH).

Profil des répondants : les 10-49 salariés sont 86% et les 50-249 salariés 14% . Les services sont 34% , le commerce 20%, l’industrie 16%, le BTP 13, le tourisme 8 et les transports 6.

Au regard de la longueur de l’étude, celle-ci sera traitée en 2 articles, le second portant sur les 4 principaux profils de dirigeants observés.

 

Pour les différencier, l’activité, le statut du dirigeant, la taille de l’entreprise et leur marché sont des caractéristiques importantes.

 

Quelles sont les thématiques traitées ?

⇒ Quelles priorités au moment de prendre des décisions stratégiques ? La pérennité, la première priorité des dirigeants de PME

Michel Marchesnay, en s’appuyant sur une approche empirique avait établi deux grandes hiérarchisations des priorités pour les chefs d’entreprise : PIC (Pérennité, Indépendance  et Croissance) pour les uns et CAP (Croissance, Autonomie et Pérennité) pour les autres. Au global, les dirigeants interrogés ne sont ni PIC, ni CAP, mais majoritairement PCI (pour 56% d’entre eux). Tout d’abord garantir la pérennité de l’entreprise (P), puis accélérer la croissance (C), et ensuite garantir l’indépendance.

 

Dans le tourisme et le BTP, les dirigeants recherchent plus que les autres l’indépendance comme premier objectif. À l’inverse, les services sont surreprésentés parmi ceux qui recherchent en premier lieu la croissance.
Mais c’est l’expérience accumulée qui joue le plus : un dirigeant ayant passé au moins dix ans dans une autre entreprise avant d’être dirigeant de l’entreprise actuelle, sera plus souvent à la recherche de la croissance en premier. À l’inverse, les dirigeants sans expérience antérieure significative rechercheront plus souvent la pérennité ou l’indépendance.

⇒ Quelles motivations pour la conduite de son entreprise ?

Offrir les meilleures conditions de travail est l’aspiration de loin la plus citée (35%), notamment dans le BTP et les transports, devant l’innovation (notamment dans l’industrie et les services) et la croissance (notamment dans le commerce), puis la digitalisation, et au même niveau le développement de l’emploi sur le territoire et loin derrière, l’impact sur le climat (plus le fait des jeunes) et la volonté d’être leader sur le marché international.

⇒ Quelle attitude face au marché ?

52% ont la volonté de “faire mieux que le marché” (27%) ou de viser le plus haut possible (25%). 37% disent ne pas se soucier du marché, dès lors qu’ils peuvent assurer la rentabilité de leur entreprise.

 

Le secteur d’activité joue un rôle important : la volonté de faire mieux que le marché est davantage marquée dans l’industrie et dans le commerce, tandis que la volonté de viser le plus haut possible ressort particulièrement dans les services. En revanche, les dirigeants du BTP cherchent beaucoup plus la rentabilité que la croissance.

 

Autre facteur important, le statut du dirigeant : les successeurs familiaux, mais également des dirigeants salariés recherchent moins la croissance.

 

L’effet taille : plus l’entreprise est grosse, plus l’appétit de croissance est fort (63% pour les entreprises de plus de 50 salariés contre 50 pour les autres). Mais il n’est pas possible de savoir si l’appétit de croissance amène à faire grandir l’entreprise ou si c’est en grandissant que l’appétit de croissance s’intensifie.

⇒ Quels leviers pour financer sa croissance ?

56% estiment devoir s’appuyer d’abord sur les résultats de l’entreprise et l’endettement (15% seulement sur les résultats) vs 29% sur tous les leviers y compris l’ouverture du capital.

 

En ce qui concerne l’actionnariat, les actionnaires majoritaires et minoritaires sont plus enclins que les autres à recourir à tous les leviers, à l’inverse des actionnaires uniques ou à parts égales. Les fondateurs et les dirigeants mandataires sont les plus enclins à envisager toutes les solutions de croissance. 

 

En ce qui concerne les tailles d’entreprise, les plus petites entreprises (moins de 50 salariés) privilégient davantage les résultats de l’entreprise, tandis que les plus grandes PME sont plus  souvent prêtes à s’appuyer sur tous les leviers de financement.

 

En ce qui concerne le secteur d’activité, les dirigeants d’entreprises des secteurs de l’industrie et des services sont plus enclins à s’appuyer sur tous les leviers, alors que dans le BTP et le commerce, les dirigeants ont davantage tendance à s’appuyer sur les résultats et l’endettement.

⇒ Y a-t-il une période propice pour investir ?

58% sont dans une logique d’investissement, peu importe le contexte, indiquant par là qu’ils se placent dans un horizon de temps long, hors effets conjoncturels. Les PME industrielles y sont surreprésentées avec 65%.

 

On ne constate pas d’effet de l’âge, ni de genre, ni du statut du dirigeant. En revanche, il y a un effet taille : plus la PME est grande, plus elle est dans une logique d’investissement, peu importe le contexte. Mais il est difficile de savoir si l’entreprise a grandi, car elle investit ou si elle investit parce qu’elle est déjà plus grande.

⇒ L’international n’est globalement pas un moteur

L’activité est par nature locale, régionale ou nationale pour 44%. 32% sont déjà à l’international (22% souhaitent y intensifier leur présence alors que 10% ne le souhaitent pas) et 14% souhaitent y accéder.

 

Les industriels se démarquent, en effet, comme ceux qui sont les plus présents à l’international et qui souhaitent intensifier leur développement, tout comme les plus grandes entreprises.

⇒ Quels liens entre l’entreprise et les enjeux environnementaux et climatiques ?

59% adapteraient leur entreprise par conviction face à ces enjeux, 27% par opportunité et 15% par contrainte.

 

Les dirigeants les plus jeunes (44 ans ou moins) sont plus nombreux à déclarer agir par conviction ; à l’inverse, les plus expérimentés agiraient plus souvent par contrainte.
Par ailleurs, les fondateurs seraient plus enclins à agir par conviction ; c’est l’inverse pour les repreneurs.

 

Du côté des secteurs, ce sont les dirigeants des services , alors que la contrainte domine dans le transport et le commerce. Il faut toutefois opérer une distinction entre niveau de conviction et passage à l’action.

⇒ Quelle place pour la RSE ?

45% y sont peu enclins : 10% n’ont pas de démarche RSE et 35% une démarche peu développée, alors que 55% l’estime importante (essentielle au fonctionnement de l’entreprise pour 17%).

 

Les dirigeants de moins de 45 ans décrivent, plus souvent que les autres, la RSE comme un élément central dans le fonctionnement de l’entreprise. Pour leurs aînés, elle est davantage vue comme importante pour l’image de l’entreprise ou comme une contrainte imposée de l’extérieur. De plus, pour les dirigeants à la tête de leur entreprise depuis 16 ans ou plus, comme les dirigeants masculins (à l’opposé des dirigeantes) ont une RSE « peu développée ».

 

Au niveau du statut et de la taille d’entreprise, les dirigeants fondateurs sont plus nombreux que les autres à considérer la RSE comme centrale, de même que les dirigeants des  entreprises de plus de 50 salariés ; c’est l’inverse pour les repreneurs et successeurs familiaux, ainsi que pour les dirigeants des plus petites entreprises.

⇒ Quel est l’état de digitalisation des PME ?

41% ont mis en place un CRM, 40% des solutions de cloud applicatif et 17% l’utilisation d’API ; mais 37%  n’utilisent aucun des 3 dispositifs.

 

Les dirigeants dans le BTP, les transports et le commerce, mais aussi les femmes dirigeantes sont surreprésentés parmi ceux n’ayant mis en place aucune des solutions évoquées, à l’inverse des services. Les dirigeants de PME de plus de 50 salariés sont plus enclins à les avoir mis en place.

 

Pour en savoir davantage : Les ressorts de l’action : quatre profils de dirigeants de PME (bpifrance.fr)