Combien de chefs d’entreprise indépendants, quels sont leurs revenus ?


"Emploi et revenus des indépendants, édition 2020 - Insee Références", Insee, septembre 2020

Source : la source principale utilisée est la base non‑salariés (BNS) produite par l’Insee, qui fournit des données sur les non‑ salariés, hors aides familiaux. Celle‑ci est issue pour les activités non agricoles de l’Agence centrale des organismes de sécurité sociale (Acoss), qui recouvre cotisations sociales et CSG‑CRDS assises sur les rémunérations des non‑salariés. Pourtant le nombre des micro-entrepreneurs fin 2017 varie : l’Insee dans ce document chiffre les micro-entrepreneurs à 923 000, alors que l’Acoss déclare 1,183 000 inscrits et 723 000 actifs.

Pour les définitions, voir l’article “Définitions autour des chefs d’entreprises et des entreprises.” et l’article “revenu d’activité, et patrimoine” des chefs d’entreprise.”

De plus, l’Insee vient de découvrir que son recensement des micro-entrepreneurs était erroné; c’est pourquoi je conseille d’être fort prudent dans l’utilisation des données présentées en ce qui concerne les micro-entrepreneurs et les entreprises individuelles autres, pour s’en tenir à des tendances. Ainsi l’Acoss chiffre fin 2017 le nombre de micro-entrepreneurs immatriculés à 1 183 000, et le nombre d’actifs (au sens ayant effectué des recettes) à 723 000, alors que l’Insee annonce 923 000, sans savoir s’il s’agit d’immatriculés ou d’inscrits actifs.

 

Les chefs d’entreprise indépendant sont principalement des non-salariés et se répartissent entre micro-entrepreneurs, chefs d’entreprises individuelles autres et gérants majoritaires de société.

Les chefs d’entreprise, selon l’Insee, sont 3,043 millions fin 2017

♦ Hors agriculture, 10% des personnes en emploi exercent une activité non salariée, à titre principal ou en complément d’une activité salariée.

Si la part du travail indépendant dans l’emploi reste globalement stable, les modes d’accès au travail indépendant, se sont élargis et diversifiés : en 2016, 46% avaient au moins un de leurs deux parents également indépendants alors qu’ils étaient les deux tiers dans ce cas en 1984 ; en 2015, la moitié des non-salariés ont eu au moins une expérience de salariat les dix années précédentes contre 1/3 en 2006.

 

♦ Les travailleurs indépendants (agriculture comprise) sont relativement moins représentés en France que dans la majorité des pays de l’Union européenne (UE28) : en se limitant aux emplois principaux exercés, leur part dans l’emploi total (11%) est proche de celle de l’Allemagne en 2018 (10%), mais nettement moins élevée que celle du Royaume‑Uni %) ou des pays du pourtour méditerranéen (jusqu’à 22% en Italie, 30% en Grèce). Sur l’ensemble de l’UE28, les indépendants forment 14% de l’emploi total.

 

♦ En France, 14% travaillent dans le secteur agricole ; les 86% autres se répartissent entre services aux entreprises (23%), services aux particuliers hors santé (21%), santé/éducation (18%), commerces (18%), construction (13%), industrie (5%), transports (3%).

Les salariés ou les chômeurs qui deviennent non-salariés ou multiactifs sont plus jeunes et plus diplômés que la moyenne.

 

♦ 91% sont des non-salariés, dont 35% des entreprises individuelles non micro-entrepreneurs, 30% des micro-entrepreneurs (voir plus haut mes réserves) et 26% des gérants majoritaires de société (EURL…).

 

♦ 9% sont des dirigeants salariés, dont prés de 6% des SA/SAS, 2,6% des SARL sous gérance minoritaire et 0,2% d’autres formes de société.

 

Noter que 82% des entrepreneurs individuels classiques sont seuls dans leur entreprise, vs 34% des gérants majoritaires et de 22% des dirigeants salariés. Noter aussi l’importance des femmes dans les entreprises individuelles (42-43%), alors qu’elles ne sont que de 20 à 30% dans les sociétés.

 

Selon L’Urssaf en 2019, 41% des chefs d’entreprise sont des autoentrepreneurs, 3% des entrepreneurs individuels au régime micro-fiscal, 26% des entrepreneurs individuels et gérants de société soumis à l’impôt sur le revenu et 30% des chefs d’entreprise relevant de l’impôt des sociétés.

 

♦ Les revenus selon les formes juridiques varient fortement, les plus élevés étant le fait de dirigeants salariés ; les dirigeants non-salariés (hors les micro-entrepreneurs) ont des revenus moyens assez proches. Le revenu médian est ce qui reflète le mieux les revenus (le revenu moyen étant fort influencé par les revenus les plus élevée et les plus faibles).

Les écarts de revenu entre les dirigeants salariés et les autres s’expliquent en grande partie par la taille de l’entreprise.

 

Les actifs s’installant à leur compte subissent en moyenne une perte transitoire de revenus les trois premières années. Les titulaires d’un diplôme technique ou professionnel et les ouvriers subissent une perte marquée de revenu après leur installation comme non‑salariés, même trois ans après (environ 7% du revenu). À l’inverse, les diplômés du supérieur et les anciens cadres ne connaissent pas de perte significative de leur revenu professionnel au bout de trois ans.

⇒ Un zoom sur les micro-entrepreneurs

♦ Un zoom sur la répartition du nombre de micro-entrepreneurs par activité (avec les réserves que j’ai déjà formulé) : les mouvements d’entrée et de sortie sont importants.

Noter aussi le niveau de rémunération mensuel médian (entre 140 et 500€), un revenu qui ne peut qu’être complémentaire à d’autres sources de revenus (salariat, pension de retraite, aides sociales).

Ceux qui s’installent comme auto‑entrepreneurs subissent la plus forte perte l’année suivante, sans que celle‑ci ne se résorbe au cours des deux ans suivants (autour de – 4 000€). Au contraire, trois ans après leur installation, les gérants bénéficient d’un gain de 3 000€ en moyenne: les entrepreneurs individuels dégagent plus de 4 800€ de plus que s’ils étaient restés salariés dès l’année suivante,

♦ Les micro‑entrepreneurs sont plus souvent pluriactifs que les non‑salariés classiques (43% contre 15% des non‑salariés classiques); en fin d’année, 14% des micro-entrepreneurs et 6% des non‑salariés classiques ont occupé un emploi salarié en cours d’année mais n’exercent plus que leur activité non salariée en fin d’année : il s’agit souvent de personnes cumulant ou alternant leur activité non salariée avec une activité salariée saisonnière, ou simplement d’actifs ayant quitté le salariat pour le non‑salariat en cours d’année.

 

♦ Seul un auto‑entrepreneur sur dix ayant démarré une activité en 2010 est ensuite devenu non‑salarié classique dans les cinq ans qui ont suivi.

Les auto‑entrepreneurs devenus non‑salariés classiques sont plus souvent des hommes jeunes.

Entre 2010 et 2015, le revenu des auto‑entrepreneurs passant au non‑salariat classique a plus que doublé (de 12 180 à 25 160€ pour ceux devenus entreprise classique en 2011) ; la pluriactivité a alors beaucoup diminué.

Un zoom sur les professions libérales

Fin 2017, 1 030 000 non‑salariés exercent une profession libérale (37% des non‑salariés hors agriculture).

La moitié d’entre eux exercent dans la santé (médecins, infirmiers, pharmaciens, etc.), 43% dans le domaine technique, qui englobe les métiers de la conception et de la maîtrise d’œuvre, les activités d’expertise et de conseil, de comptabilité, d’assurance ou d’enseignement, ainsi que les intermédiaires du commerce de gros (courtiers), et 7% dans le domaine juridique (avocats, notaires, etc.).

 

Les micro‑entrepreneurs représentent 28% des professionnels libéraux, contre 33% de l’ensemble des non‑salariés. Peu présents dans les activités juridiques ou de santé (professions réglementées), ils forment en revanche plus de la moitié des effectifs dans le domaine technique et sont nombreux dans la para-médical.

Ils sont plus âgés que les autres non‑salariés : 17% d’entre eux ont 60 ans ou plus (32% les médecins), contre 14% de l’ensemble des non‑salariés.

Les femmes représentent la moitié des professionnels libéraux (61% dans la santé), contre 37% de l’ensemble des non‑salariés (en hausse de 6 points depuis 2011).

 

En 2017, le revenu d’activité moyen est de 5 410€ par mois (3 830€ en médian). De fortes disparités : les non‑salariés classiques exerçant une activité juridique retirent en moyenne 8 580€ mensuels contre 5 700€ pour ceux travaillant dans la santé et 3 610€ pour ceux exerçant dans le domaine technique.

Parmi les professionnels d’expertise et de conseil, 10% ont gagné moins de 470€ par mois alors que les 10% les mieux rémunérés ont perçu plus de 8 500€.

les femmes gagnent en moyenne 38% de moins que leurs homologues masculins (46% dans la santé et 50% dans le droit), du fait notamment qu’elles sont plus jeunes que les hommes.

 

En euros constants, leur revenu d’activité a reculé de 4,2% entre 2012 et 2013, puis Il augmente régulièrement et retrouve pour la première fois son niveau de 2012 en 2017. Il augmente dans le domaine technique (+ 2,6% en € constants entre 2012 et 2017), alors que la baisse reste limitée dans le domaine de la santé (– 2,4%) ; elle est en revanche plus marquée dans les activités juridiques (– 7,2%)

Pour en savoir davantage : https://www.insee.fr/fr/statistiques/4470741

Page 103, fiche dirigeants d’entreprise, page 109 sur les micro-entrepreneurs, page 144 sur les professions libérales.