La moitié des 7,3 millions d’emplois productifs sont sous contrôle extérieur à leur région d’implantation.


"Contrôle des établissements par les centres de décision : l’Île-de-France, au centre du réseau de relations ", Insee Analyses N°42, décembre 2018

Méthodologie : les résultats proviennent de  sources :

– le dispositif Esane produit des statistiques structurelles d’entreprise sur le champ des secteurs marchands ;

– Le fichier Connaissance locale de l’appareil productif (Clap) permet de dénombrer et de localiser les établissements et les emplois salariés hors intérimaires, ainsi que les sièges sociaux ;

– Le système d’information sur les liaisons financières (Lifi) permet de connaître le contrôle éventuel d’une entreprise par un groupe, ainsi que la localisation de la société définie comme tête de groupe.

Les relations entreprises-centres de décision sont étudiées au niveau de la zone d’emploi,ce qui permet d’appréhender l’ensemble du territoire. L’agglomération parisienne comporte 20 zones d’emploi regroupées; les zones d’emploi non franciliennes sont réparties en zones métropolitaines (21 zones d’emploi), grandes zones et petites zones en fonction de la taille de la ville qui est au centre de la zone d’emploi.

 

Définition : par emploi productif, on entend ceux dont les activités produisent des biens majoritairement consommés hors de la zone et des activités de services tournées principalement vers les entreprises correspondantes. Elles sont déterminées par différence avec les activités présentielles.

 

En 2015 en France, 3 351 3000 emplois (48% des emplois productifs), dépendent d’un centre de décision situé dans une autre zone d’emploi: ils sont contrôlés par des centres de décision situés en Île-de-France (34% des cas), ou dans un pays étranger(41%) ou dans une région non francilienne (25%).

 

Les territoires qui se trouvent au sommet de la hiérarchie urbaine sont les plus insérés dans les échanges internationaux; le contrôle des emplois par des groupes étrangers y est donc particulièrement important. Le taux de contrôle par les entreprises étrangères est plus élevé en Île-de-France (22% des emplois totaux vs pour les métropoles de province 18%, et dans les grandes et petites zones cumulées 19%). Il est important aussi dans le Grand Est et les Hauts-de-France.

 

Le contrôle étranger est particulièrement important sur les ETI : ils contrôlent 35% des emplois des ETI contre 19% de l’emploi des grandes entreprises du secteur productif, où le contrôle francilien est plus important.

⇒  Le type d’activités sous contrôle étranger

 

En Île-de-France, les emplois du commerce de gros, de l’information et de la communication, des activités scientifiques et techniques sont fortement sous contrôle étranger. Ces activités sont également très présentes parmi celles contrôlées en interne par l’Île-de-France.

Pour les activités industrielles, le contrôle étranger est particulièrement important, hors Ile-de-France, notamment dans les petites zones d’emploi.

Les zones métropolitaines sont dans une situation intermédiaire, avec une part assez importante d’emplois contrôlés par l’étranger dans les secteurs les plus innovants (ceux que l’on retrouve majoritairement à Paris) et une part considérable dans les activités industrielles plus classiques.

 

⇒ Le contrôle par types de zones d’emploi

 

Rappelons qu’en 2015, le PIB de l’Île-de-France représente 30% du PIB national, pour 18% de la population et 21% de la population active. Les hauts salaires et les niveaux de vie élevés y sont surreprésentés, ainsi que les activités de recherche ; l’Île-de-France rassemble 43% des emplois de cadres des fonctions métropolitaines.

 

L’Île-de-France est au centre des relations de décision : chaque ensemble retenu (Île-de-France, métropoles, grandes et petites zones d’emploi) emploie entre 1,4 et 2 millions de personnes; par contre, les contrôles sont très asymétriques entre les zones.

L’Île-de-France contrôle 519 000 emplois dans les zones métropolitaines, alors que ces dernières n’en contrôlent que 74 000 en Île-de-France,  315 000 dans les grandes zones contre 39 000 contrôlées par les grandes zones en Île-de-France et 376 000 dans les petites zones contre 25 000.

Les entreprises situées en Île-de-France contrôlent plus d’emplois que les entreprises étrangères. Le contrôle francilien est le plus important sur la zone d’emploi de Lyon (81 000 emplois), puis sur celle de Toulouse (54 000 emplois), alors que ces 2 zones contrôlent environ 11 000 emplois en Île-de-France.

 

Les contrôles croisés (somme des contrôles de la zone A sur la zone B, et de la zone B sur la zone A) rayonnant à partir de l’Île-de-France et concernant plus de 1 000 emplois sont observés vers 194 des 285 zones d’emploi non-franciliennes. Entre zones d’emploi non franciliennes, ces liens sont nettement moins nombreux et font apparaître quelques polarités secondaires.

L’Île-de-France exerce un contrôle marqué sur les grandes entreprises : 1 174 000 des 1 847 000 emplois localisés dans les grandes entreprises (64%) sont contrôlés par l’Île-de-France. 441 000 sont situés en Île-de-France même et 322 000 dans les métropoles.

Dans les 9 grandes métropoles, 364 300 emplois sont contrôlés par l’Ile-de-France, alors que ces métropoles en contrôlent 61 800 en Ile-de-France, soit un rapport de 5,9 au profit de l’Ile-de-France.

 

Il existe également des relations de dépendance fondées davantage sur la proximité qui sont plus difficiles à mettre en évidence. Ainsi 4 des zones d’emploi métropolitaines (Lyon,Marseille-Aubagne,Toulouse, Rennes) contrôlent plus de 50 000 emplois en France métropolitaine (Île-de-France comprise); ces 4 territoires exercent à la fois un contrôle à longue distance (surtout Lyon et Marseille- Aubagne) et un contrôle de proximité (Lyon, Toulouse, Rennes) de nature régionale. Dans certaines métropoles, le contrôle de proximité reste limité (Rouen ou Tours par exemple). Le contrôle local est particulièrement important dans les départements d’outre-mer.